Tour de France 2021 : Tadej Pogacar, le maître du temps
Le Slovène, vainqueur de la 5e étape, est passé maître dans l'art de gagner du temps sur ses rivaux à des moments précis.
Pour Tadej Pogacar, tout est une question de timing. Pour sa première participation au Tour de France, en septembre 2020, le prodige de 21 ans - à ce moment-là - ne s'imaginait sans doute pas capable de gérer l'horloge de la sorte. Il lui a en effet fallu attendre l'avant-dernière étape, un contre-la-montre en direction de la mythique Planche des Belles Filles, pour signer un exploit improbable et être sacré au nez et à la barbe de son compatriote, grand favori, Primoz Roglic.
Pour cette 108e édition de la Grande Boucle, le leader de l'UAE-Team Emirates, n'a pas vraiment opté pour la même stratégie. Déjà, parce que le natif de Klanec, passé de la confidentialité à la lumière en quelques mois, n'est plus du tout le même coureur. La pépite est devenue un cador surveillé, et annonce haut et fort la couleur en visant un deuxième sacre consécutif.
Mais aussi, parce que le tracé de ce Tour, version 2021, lui permettait de lancer les hostilités dès le début de ces trois semaines intenses. Sur le premier contre-la-montre de cette édition, il a renvoyé tout le monde derrière lui : Primoz Roglic à 44", Richie Porte à 55", Geraint Thomas à 1'18", Richard Carapaz à 1'44" et Wilco Kelderman à 1'49".
En attendant de voir si cette victoire à Laval, mercredi 30 juin, est aussi décisive qu'elle n'y paraît, une chose est sûre : Tadej Pogacar, malgré ses 22 ans, a déjà tout compris dans la manière de gérer les trois semaines d'un Grand Tour.
Tour de France 2020 : une mission à plein temps
Il y a un peu moins de neuf mois, c'est évidemment dans les Vosges que Tadej Pogacar a littéralement explosé aux yeux du grand public. En laminant ses concurrents de la sorte (Roglic avait concédé 1'56'', Dumoulin et Porte 1'21'' entre autres), sur ce chrono qui défiait les pentes ardues de la Planche des Belles Filles, le Slovène avait à la fois renversé l'issue du Tour de France à la veille de l'arrivée à Paris, mais aussi fait chavirer les coeurs. Un tel revirement de situation sur la Grande Boucle ne s'était plus vu depuis 1989, et le célèbre coup de théâtre entre Greg LeMond et Laurent Fignon sur le contre-la-montre final des Champs-Elysées.
Pour autant, son premier sacre ne s'est pas uniquement joué sur cet effort solitaire dans les Vosges. En parfaite maîtrise de l'horloge, et en fin tacticien, malgré son manque d'expérience, Tadej Pogacar avait construit son succès sur plusieurs petits coups bien sentis. Après avoir été pris au piège dans un coup de bordure des Ineos Grenadiers lors de la 7e étape, il avait réagi dès le lendemain en attaquant dans l'ascension finale du col de Peyresourde.
Résultats à l'arrivée ? Il avait récupéré 40 secondes sur Primoz Roglic qui n'avait pas jugé bon de le suivre. Ensuite, ses victoires, avec bonificiations, sur les 9e et 15e étapes, lui avaient permis de revenir à 41 secondes de son compatriote. Après avoir résisté dans la Loze (17e étape) puis perdu "que" 16 secondes face à Roglic, il avait donc ainsi conclu sa partition par un ultime chef d'oeuvre dans les Vosges, pour verser ensuite des larmes de bonheur sur le podium des Champs-Élysées.
Laval, pour mettre les pendules à l'heure
Mercredi 30 juin, Tadej Pogacar était beaucoup plus pressé. Le vainqueur de Liège-Bastogne-Liège au printemps dernier avait fait de ce chrono vers Laval un véritable objectif : "Ce chrono va être crucial, confiait-il au micro de France Télévisions à l'issue de la 4e étape, ça monte, ça descend, c'est dynamique, avec quelques virages en ville. Mais avant, il faut avoir de la puissance pure. L'objectif c'est de gagner le Tour, je défends mon titre en quelque sorte, donc je vais essayer de gagner."
Il a plus qu'essayé : il l'a fait au terme de 27,2 km d'effort violent. Sûr de son fait, et malgré un profil qui aurait pu (dû ?) correspondre davantage à un homme comme Stefan Küng, champion d'Europe du chrono, le leader d'UAE-Team Emirates a encore sorti une sacrée masterclass. Du premier au troisième et dernier secteur, plus roulant d'ailleurs, Tadej Pogacar n'a cessé de voir son avance grimper devant les Roglic, Carapaz, Kelderman et Alaphilippe. Tous n'ont pu que constater les dégâts sur la ligne d'arrivée : Pogacar est déjà en avance sur tout le monde. Et, bien sûr, comme toujours jusqu'ici, le temps joue déjà en sa faveur.
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