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Tour de France 2022 : quatre questions sur la menace Covid-19 qui pèse sur le peloton

Relativement épargné lors des premières étapes, le Tour de France doit faire face, ces derniers jours, à plusieurs cas positifs au Covid-19, qui inquiètent l'organisation et les équipes.

Article rédigé par Théo Gicquel - De notre envoyé spécial
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Tadej Pogacar et un membre du staff UAE Team Emirates, le 9 juillet 2022, à la fin de la huitième étape du Tour de France à Lausanne (Suisse). (MARCO BERTORELLO / AFP)

C'est l'ennemi le plus invisible, et pourtant le plus dangereux, des coureurs sur le Tour de France. Le Covid-19, dont l'ombre planait sur la Grande Boucle, a finalement frappé les coureurs. Vingt-quatre heures après Geoffrey Bouchard (AG2R Citroën) et un coéquipier de Tadej Pogacar, Vegard Stake Laengen (UAE-Emirates), le Français Guillaume Martin (Cofidis) a été déclaré positif au coronavirus, dimanche 10 juillet, l'obligeant à quitter la course avant le départ de la 9e étape.

Ces trois cas sont les premiers concernant les coureurs du peloton durant ce Tour, mais la nouvelle vague de Covid-19 avait déjà provoqué des départs dans l'encadrement de plusieurs équipes. Le peloton craint désormais que les cas ne se multiplient, compromettant la suite de cette 109e édition. Franceinfo: sport fait le point à la veille de la journée de repos de lundi.

Quelles sont les mesures en place ?

Quatre équipes et une trentaine de coureurs obligés de quitter la course au départ de la 6e étape... Après la cascade d'abandons enregistrée au Tour de Suisse à la mi-juin en raison de tests positifs au Covid-19, l'Union cycliste internationale (UCI) a actualisé le protocole anti-Covid-19 pour l'édition 2022 du Tour de France.

Les tests sont obligatoires avant le départ et lors des deux journées de repos de l'épreuve, coureurs et personnel d'équipes compris. L'ensemble du peloton est donc testé dimanche soir par l'organisation, avant la journée de repos et les étapes dans les Alpes. Les éventuels cas positifs seront communiqués mardi matin avant le départ. De leur côté, les équipes pratiquent en interne des tests, chaque jour pour certaines.

Que se passe-t-il lorsqu'un coureur est testé positif ?

En cas de positivité, le protocole prévoit que "la décision d'isolement éventuelle sera prise de manière collégiale par le médecin de l'équipe concernée, le médecin Covid-19 de l'épreuve et le directeur médical de l'UCI". Il en va ainsi pour les coureurs asymptomatiques. En revanche, en cas de symptômes, le coureur ne peut pas continuer la course.

Guillaume Martin, asymptomatique, a dû se résoudre à quitter la course en raison de sa charge virale, jugée trop risquée. "J'avais un très léger mal de gorge, comme ça peut m'arriver 25 fois par an. De manière consciencieuse, j'ai demandé au médecin de passer un test antigénique qui s'est révélé positif", explique le coureur de la formation Cofidis. "Ça devait être un test de contrôle pour me rassurer et j'espère qu'on l'a appris à temps pour ne pas contaminer le reste de l'équipe. C'est assez frustrant dans la mesure où je n'ai pas de symptômes, je me sens bien et preuve en est avec mes performances lors des deux dernières étapes", constatait-il dimanche matin.

Guillaume Martin s'est exprimé ce matin, quelques instants après avoir appris qu'il était positif au Covid et qu'il allait devoir quitter les routes du Tour de France.
Etape 9 - Guillaume Martin : "Tout allait bien jusque-là" Guillaume Martin s'est exprimé ce matin, quelques instants après avoir appris qu'il était positif au Covid et qu'il allait devoir quitter les routes du Tour de France.

Cette distinction fait grincer les dents au sein des équipes. "Il est important que quiconque de positif rentre chez lui", a insisté le directeur sportif de UAE Team Emirates, Andrej Hauptman, dont la formation a écarté un coureur pour cette raison.

En outre, l'UCI a renoncé à la règle présente en 2021, de l'exclusion automatique d'une équipe ayant deux coureurs positifs au Covid-19 dans un délai de sept jours.

Qu'en pense le peloton ?

En cas de test positif, tout peut basculer pour les coureurs, dont plus d'un a fait du Tour de France son objectif principal. "Ça fait un peu peur de se dire qu'on peut être mis hors course avec le Covid. On a tous une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Ce sont les règles du jeu. On fait très attention avec l'équipe, on a un protocole strict", explique David Gaudu, 5e et premier Français au général.

Tous marchent sur des œufs, car la contamination en chaîne peut arriver à n'importe quel moment malgré toutes les mesures pour créer une bulle. "Nous faisons tout ce qu'il faut faire, nous faisons tout à 100%. On ne peut pas faire mieux", explique Andrej Hauptman, directeur sportif de la formation UAE-Emirates.

Covid : le Tour de France en péril ?
Covid : le Tour de France en péril ? Covid : le Tour de France en péril ? (FRANCE 2)

Pourtant, Marc Madiot, le manager de la Groupama-FDJ, constate, lui, un relâchement des gestes barrières lors de cette édition par rapport aux deux précédentes. "Je trouve qu'on est dans une situation beaucoup plus délicate, parce que ces deux dernières années, le public compris était dans la zone à risque, donc tout le monde faisait attention du mieux possible. Aujourd'hui, on est dans un truc où la population n'a plus de règles, ce qui est logique et normal. Et nous, si nos coureurs sont positifs, ils rentrent à la maison", a-t-il expliqué.

Comment va se passer la suite ?

Les coureurs subissent un test obligatoire de l'organisation à l'occasion de la journée de repos, auquel devrait s'ajouter celui de leur équipe. Cela suffira-t-il à contenir le virus ? "Pour nous, c'est impossible d'élever le niveau de précaution, il est au maximum", assure le patron de Jumbo-Visma, Richard Plugge. Des purificateurs d'air à l'hôtel au nettoyage des chambres, la formation néerlandaise assure ne pas avoir desserré sa vigilance par rapport à 2020 et 2021.

La crainte de voir le cluster du Tour de Suisse se reformer sur le Tour de France est dans toutes les têtes, alors que les étapes de montagne, avec un public toujours plus proche des coureurs dans les cols, arrivent à partir de mardi. "Nous, on vit avec un truc qui peut nous péter dessus à tout moment. On a vu ce qui s'est passé au Tour de Suisse. Il ne faut pas se faire d'illusions : ça va être la même chose", estime Marc Madiot.

L'UCI de son côté, souligne qu'aucune modification du règlement Covid-19 n'aurait lieu sur la Grande Boucle. Un changement n'interviendrait qu'à partir du Tour d'Espagne, à compter du 19 août. En attendant, tout le monde devrait y voir plus clair sur la suite de la course dès lundi, après les résultats des tests effectués dimanche soir.

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