Comment intégrer les techniques d'enquête en ligne aux journaux de France Télévisions ?
Jérémie Laurent-Kaysen est journaliste, membre de l'équipe des "Révélateurs" de France Télévisions, chargé notamment de l'authentification d'images amateurs publiées sur les réseaux sociaux et diffusées à l'antenne. Mais cette équipe a une autre mission d'enquête à partir de données en ligne, appelée Osint. Cet acronyme anglais pour "Open Source Intelligence" signifie que l’enquête se fait à partir de sources accessibles à tous sur Internet. "A partir d’images et de données puisées sur Internet et les réseaux sociaux, parfois des images satellites, nous arrivons à faire une à deux enquêtes par mois, diffusées au 20h de France 2", détaille le journaliste. Ces enquêtes n’impliquent aucun tournage, elles reposent entièrement sur les éléments trouvés en ligne et recoupés.
C'est le procédé qui fait la spécificité de ces enquêtes : concernant un sujet la guerre de gangs à Marseille, "nous avons réussi à infiltrer des comptes Telegram, mais aussi à localiser des points de deal pour comprendre comment ils s’organisaient sur place", détaille Jérémie Laurent-Kaysen qui cite éalement des sujets internationaux intégralement réalisés avec de l'enquête OSINT, notamment le parcours de migrants à travers le Sahara ou la destruction des structures hydrauliques à Gaza.
Pour enquêter sur les destructions hydrauliques à Gaza, on a réussi à recenser les puits et les usines alimentant les zones, puis à recouper les informations pour expliquer la situation sur place.
Jérémie Laurent-Kaysenjournaliste aux Révélateurs de France Télévisions
Les "Révélateurs" utilisent des outils faciles d’accès comme les images satellites de Google maps, mais aussi d’autres plus complexes. Avec un logiciel de reconnaissance faciale, "on a réussi à retracer le parcours d’un jeune Ukrainien enrôlé de force dans l’armée russe, à partir de ses réseaux sociaux et de vidéos de propagande dans lesquelles il apparaissait."
Quel est le profil des "Révélateurs" ? Cette équipe de cinq personnes compte aussi bien d'anciens élèves d’école de journalisme que des spécialistes en OSINT et en fact-checking. "J'ai par exemple fait une école de journalisme tout à fait classique, indique Jérémie Laurent-Kaysen. Maintenant, toutes les écoles ont un cours consacré à la vérification des images, ce qui est fondamental dans le journalisme aujourd’hui. Une de mes collègues était documentaliste avant de se former en fact-checking et de devenir révélatrice."
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