Pakistan. Pas d'espoir de libération avant vendredi pour Rimsha
L'audience prévue lundi est reportée. En attendant, l'adolescente doit rester en prison pour blasphème, bien que l'imam à l'origine de la plainte soit accusé d'avoir fabriqué de fausses preuves.
ASIE - Rimsha devra encore patienter avant de pouvoir espérer sortir de prison. L'audience prévue lundi 3 septembre sur sa demande de libération conditionnelle a été reportée en raison d'une grève des avocats. La jeune Pakistanaise chrétienne emprisonnée pour avoir profané le Coran aurait été victime d'un coup monté de la part de l'imam à l'origine de la plainte. Ce dernier, accusé d'avoir fabriqué de fausses pièces à conviction, a à son tour été incarcéré.
Cette adolescente illettrée âgée d'environ 14 ans et qui habite le quartier pauvre de Mehrabad, à la périphérie d'Islamabad (Pakistan), est en prison depuis plus de deux semaines pour avoir, selon des voisins, brûlé des pages du Coran. Le blasphème est passible de la prison à vie au Pakistan.
Les défenseurs de Rimsha s'impatientent
Rao Abdur Raheem, l'avocat de son accusateur officiel, un voisin nommé Hammad Malik, a demandé lundi un nouveau report de l'audience. "Nous avons demandé à la cour un ajournement car nous ne pouvons pas plaider aujourd'hui en raison de la grève du barreau du Pendjab."
Mais les défenseurs de Rimsha s'impatientent, à l'image de Shamaun Alfred Gill, porte-parole de l'Alliance des minorités pakistanaises. Selon lui, la jeune fille "devrait être libérée immédiatement. Les éléments contre elle sont faux, il n'y a donc plus aucune raison qu'elle croupisse en prison." Son organisation représente différentes minorités au Pakistan, pays de plus de 180 millions d'habitants dont 97% sont musulmans.
L'imam aurait comploté contre la jeune fille
Au départ de l'affaire, l'imam Hafiz Mohammed Khalid Chishti, qui avait eu vent d'allégations contre l'adolescente, avait mobilisé ses fidèles et fait pression sur la police pour qu'elle arrête Rimsha. L'affaire avait aussitôt fait la une des journaux au Pakistan et ému de nombreux pays comme les Etats-Unis, la France et le Vatican. En début de semaine, des chrétiens avaient manifesté à Karachi et à Islamabad pour apporter leur soutien à Rimsha.
Mais de nouveaux témoignages suggèrent la piste d'un coup monté par l'imam afin d'incriminer l'adolescente. "L'imam a été arrêté samedi soir, après que son assistant, Maulvi Zubair, et deux autres personnes eurent affirmé devant la justice qu'il avait ajouté des pages du Coran aux feuilles brûlées qu'un témoin lui avait rapportées", a déclaré à l'AFP un enquêteur de la police.
Une loi controversée
L'assistant et les témoins auraient prié l'imam de ne pas fabriquer de fausses preuves contre Rimsha. Mais, selon la police, l'imam aurait répondu qu'il s'agissait "de la seule façon d'expulser les chrétiens de ce quartier". "En plaçant des pages [du texte sacré] sur des cendres, il a profané le Coran et a donc aussi été accusé de blasphème", a précisé un policier.
Un tribunal d'Islamabad a ordonné dimanche la détention préventive pour deux semaines de l'imam, lors d'une audience sous haute surveillance policière.
Au Pakistan, insulter le prophète Mahomet est passible de la peine de mort, et brûler un verset du Coran de la prison à vie, selon la loi sur le blasphème. Soutenue par les islamistes radicaux mais contestée par les libéraux, cette loi est devenue un sujet explosif et le gouvernement s'est gardé de la modifier malgré les pressions de la communauté internationale en faveur d'une réforme.
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