Vrai ou faux Moustiques, baignades, coups de soleil… On a vérifié huit idées reçues sur les vacances d'été

Article rédigé par Léa Deseille
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10 min
Au soleil comme à l'ombre, il est nécessaire de se protéger des rayons du soleil, pour passer un été en toute sécurité. (CATHERINE FALLS COMMERCIAL / GETTY)
En pleine période de départs en vacances, franceinfo revient sur les conseils fréquemment donnés aux estivants et démêle le vrai du faux.

Bison futé voit rouge, dès vendredi 12 juillet dans le quart nord-ouest de l'Hexagone et jusque dans le centre-est samedi 13 juillet. Quant au reste du territoire, il est coloré en orange. La circulation s'annonce dense sur les routes de France. Pas de doute, l'heure des grands départs en vacances d'été a sonné. A cette occasion, franceinfo s'attaque à huit idées reçues sur la saison estivale. Si vous avez prévu de faire vos valises, de vous baigner dans la mer ou une piscine, de bronzer sur la plage ou dans un jardin, de dormir la fenêtre ouverte ou de rester en terrasse jusqu'à la nuit tombée, la lecture de cet article pourrait vous intéresser.

1 Il faut uriner sur une piqûre de méduse : faux 

Détrompez-vous, cette idée largement répandue selon laquelle il faut uriner sur une piqûre de méduse pour en calmer le feu est en réalité fausse. Lorsqu'une méduse pique, ses tentacules filamenteuses aux cellules gorgées de venin entrent en contact avec la peau de sa victime et provoquent une sensation de brûlure. 

"Pour faire disparaître la douleur, il est nécessaire d'enlever ces filaments", explique à franceinfo Jérémie Dherbometz, instructeur formateur à l'association de secourisme Protection Civile Paris Seine. L'urine n'aura donc aucun effet, selon lui, si ce n'est de soulager la blessure pendant un court laps de temps. En effet, le venin de la méduse est thermolabile, c'est-à-dire qu'il perd ses propriétés au contact de la chaleur. Mais tout autre liquide chaud aurait le même effet.

Alors que faire en cas de piqûre de méduse ? Dans un premier temps, vous pouvez vous rendre au poste de secours. Si la plage où vous vous trouvez n'en dispose pas ou n'est pas surveillée, des méthodes simples et efficaces existent. La Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) conseille de rincer à l'eau de mer, tiède de préférence. Pas avec de l'eau douce, car "cela ferait écla­ter les cellules restantes, libé­rant le venin" et accentuant la douleur. Ensuite, "on peut enlever les filaments en badigeonnant la zone avec du sable", explique-t-il. Grâce à ce cataplasme, "le sable va absorber les filaments". Attention, il ne faut pas "gratter" la piqûre, afin de "ne pas éparpiller les filaments"

Si vous vous trouvez sur une plage de galets, d'autres moyens feront l'affaire. "La mousse à raser et le vinaigre de table sont aussi des solutions, précise Jérémie Dherbometz. Mais je connais peu de personnes qui vont à la plage avec ces produits", sourit-il. "De retour chez vous, désin­fec­tez la plaie avec un anti­sep­tique et appliquez ensuite une pommade anti-inflam­ma­toire" et surveillez l'évolution, préconise la SNSM.

2 La citronnelle éloigne les moustiques :  plutôt vrai 

Comment profiter d'une soirée au grand air quand des moustiques rôdent ? La fameuse citronnelle est l'une des armes les plus connues pour les éloigner. Mais est-elle vraiment efficace ? "La citronnelle peut fonctionner, c'est un répulsif, confirme à franceinfo Anna-Bella Failloux, entomologiste à l'Institut Pasteur. Mais dans les faits, à l'extérieur, le produit se dilue dans l'air, alors il devient moins efficace". Autrement dit, le produit peut agir s'il est utilisé à l'intérieur, fenêtres fermées. 

Mais alors comment prévenir les piqûres ? Difficile de répondre à cette question, les moustiques étant attirés par divers facteurs. "Nous libérons des molécules à la surface de notre peau. Leur composition dépend de notre génétique, de notre état physique, mental, de ce que l'on a mangé, et ce mélange va plus ou moins attirer les moustiques", énonce la chercheuse. Nous ne sommes donc pas égaux face aux piqûres. Une mauvaise nouvelle donc. Il n'existe toujours pas de solution miracle contre les moustiques.

Quelques techniques existent néanmoins pour se prémunir de ces insectes. "Il faut éloigner tous les points d'eau stagnante, recommande Anna-Bella Failloux. Ce sont des nids à moustiques". Les moustiques affectionnent particulièrement les coupelles sous les pots de fleurs et les gamelles d'eau des animaux domestiques. Enfin, le port de vêtements longs et l'installation de moustiquaires permettent de limiter les risques. 

3 Il faut se mouiller la nuque avant de se baigner : plutôt vrai

Dès notre plus tendre enfance, nos parents ou grands-parents nous disaient de nous mouiller la nuque avant de plonger dans l'eau. Un conseil qui déplaît parfois aux enfants, mais qui s'avère en réalité très utile. "Il faut éviter les chan­ge­ments brutaux de tempé­ra­ture", rappelle la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), chargée de surveiller certaines plages. "Après une expo­si­tion prolon­gée au soleil, entrez prudem­ment et progres­si­ve­ment dans l'eau", recommande la SNSM.

L'association conseille donc de se mouiller "la nuque, le ventre, la tête ou les bras avec de l'eau froide". De cette manière, le corps, dont la température a augmenté après un long moment passé au soleil, va s'habituer à la température plus fraîche de l'eau. "La diffé­rence de tempé­ra­ture entre l'air et l'eau peut occa­sion­ner une hydro­cu­tion", assurent les sauveteurs. Il faut donc éviter de soumettre son organisme à une différence brusque de température pour limiter le risque d'une syncope due à l'immersion dans l'eau. En plus de rentrer progressivement dans l'eau, la SNSM conseille de "ne pas s'amuser à jeter quelqu'un dans l'eau" et de ne pas hésiter à porter "une combinaison pour la pratique de sport nautique, même s'il fait chaud"

4 Après avoir mangé, il faut attendre deux heures avant d'aller se baigner : plutôt vrai

Vous venez de déjeuner, la mer est toute proche et le bruit des vagues vous attire. Vous n'avez qu'une envie : aller vous baigner. Mais vous résistez à cette tentation, car on vous a toujours dit, dès votre plus jeune âge, d'attendre une heure ou deux après avoir mangé pour vous jeter à l'eau. Y plonger peu après un repas augmenterait le risque d'hydrocution. 

Pourtant, aucun lien direct n'a été établi entre les deux, note la SNSM. "La baignade après avoir mangé ne semble pas être un facteur de risque direct d'hydrocution". Celle-ci a plus de risque de se produire quand le corps est chaud – par exemple après une exposition prolongée au soleil – et qu'il entre en contact avec de l'eau plus froide. Prudence cependant : si vous avez bu du vin ou de la bière au cours de votre repas, l'effet vasodilatateur de l'alcool accentue le risque de malaise vagal, avertit la SNSM.

En cas de malaise vagal, des vomissements peuvent survenir, surtout si une personne se trouve en phase de digestion. Dans ce cas, il est toujours plus difficile de prodiguer les premiers secours à une personne qui vomit, notamment pour "maintenir les voies respiratoires libres". Jérémie Dherbometz, instructeur formateur à Protection civile Paris Seine, recommande donc d'attendre "la phase de digestion avant la baignade" afin d'éliminer tout risque. Soit "environ une heure", selon lui. 

5  Il faut préparer sa peau avec des UV en cabine, des gélules ou de l'autobronzant : faux

A en croire certaines publicités qui fleurissent à l'approche de l'été, il faudrait préparer sa peau à l'exposition au soleil à l'aide de séances d'UV en cabine, de gélules de carotène ou d'autobronzant. "C'est totalement faux", juge Thierry Passeron, professeur de dermatologie au CHU de Nice, contacté par franceinfo. Selon lui, ces produits ne "préparent pas" la peau, voire sont dangereux pour la santé. 

"Les UV en cabine sont ce qu'il y a de pire. A long terme, on observe de belles catastrophes, note-t-il. Ces UV font augmenter significativement le risque de cancer de la peau". Dans une fiche (PDF) sur les rayonnements ultraviolets et les risques de cancer, l'Institut national du cancer évalue que les UV en cabine sont responsables de près de 380 nouveaux cas de mélanome par an en France.

Quant au carotène, il n'a aucun effet sur la préparation de la peau au soleil, selon Thierry Passeron. La peau contient trois pigments qui lui donnent sa couleur : l'hémoglobine, le carotène et la mélanine. "Ce sont les mélanines qui sont protecteurs des rayons du soleil, expose le chercheur. Le carotène donne juste une couleur orange à la peau".

Enfin, l'autobronzant, lui, ne fait que colorer la surface de la peau. "C'est un produit non dangereux qui peut donner un bel effet esthétique, poursuit Thierry Passeron. Mais il ne remplace en aucun cas une protection solaire"

6 Pas besoin de se protéger si on est à l'ombre : à nuancer

Vous êtes un estivant aguerri et faites preuve de précaution face aux effets néfastes du soleil. Pour ne pas trop vous exposer, à la plage vous ouvrez votre parasol. "Je suis à l'ombre, pas besoin de crème", pensez-vous. Cette idée reçue est fausse. "Les rayons du soleil passent à travers un parasol s'il n'est pas anti-UV", avertit le dermatologue Thierry Passeron. La seule exception est celle faite par l'ombre d'un mur. Si l'ombre est totale, les rayons ne passent pas. 

Par ailleurs, il faut faire attention aux réverbérations. "Le sable, l'eau, la neige reflètent les rayons UV", prévient le professeur de dermatologie au CHU de Nice. Alors même à l'ombre, il est nécessaire de se protéger. Même chose lorsque le temps est nuageux. "Les nuages filtrent les rayons infrarouges donc on ne ressent pas la chaleur mais une grande partie des UV passent", relève le dermatologue. "Ce n'est pas pour rien qu'on prend les pires coups de soleil en Bretagne", glisse Thierry Passeron. 

7 Il faut d'abord passer par les coups de soleil pour bronzer : faux

D'abord passer les coups de soleil pour ensuite atteindre le bronzage doré : ce cliché est souvent relayé, mais en plus d'être trompeur, il est dangereux. "Cette idée reçue peut inciter la population à vouloir attraper des coups de soleil", déplore le professeur Claude Linassier, directeur du pôle prévention, organisation et parcours de soins de l'Institut national du cancer. "Le soleil peut causer des dégâts irréversibles sur la peau", prévient-il. 

Une surexposition est dangereuse."Les coups de soleil sont particulièrement dangereux chez l'enfant : nous savons aujourd'hui que les coups de soleil de l'enfance font les cancers de la peau des adultes", prévient le professeur. La peau des enfants est "plus fine" et leur système pigmentaire, "immature", ce qui les rend plus vulnérables. 

Il est donc nécessaire de se protéger lorsqu'on s'expose au soleil. Le professeur préconise "la recherche de l'ombre, la non-exposition aux heures les plus chaudes et le port de vêtements couvrants, d'un chapeau à larges bords et de lunettes de soleil". Sans oublier la crème solaire. Avec cet équipement, vous êtes parés pour l'été. 

8 Boire de l'eau très fraîche rafraîchit plus : faux

Il faut évidemment boire de l'eau régulièrement en été, mais à quelle température ? En ayant très chaud, on aurait tendance à choisir une boisson très fraîche. Mais attention, cela pourrait être contre-productif. Selon une étude publiée en 2012 dans la revue scientifique Acta Physiologica, le corps stockerait moins de chaleur après avoir ingéré un liquide chaud plutôt qu'un liquide froid.

Le corps humain est thermorégulateur. Cela signifie qu'il maintient sa température interne dans des limites normales, quelle que soit la température du milieu ambiant. "Lorsque vous buvez très froid, vous avez des thermorécepteurs dans le corps humain qui vont dire 'la température corporelle est en train de chuter brutalement, il faut se réchauffer'. Donc, paradoxalement, vous n'allez pas vous désaltérer", a exposé le médecin généraliste Jimmy Mohamed à franceinfo

Jérémie Dherbometz est du même avis. "L'eau tempérée est l'eau à la température idéale", explique à  franceinfo l'instructeur formateur. Néanmoins, en cas de malaise lié à la chaleur, "il faut rafraîchir la victime afin de faire baisser la sensation de chaleur", recommande-t-il. "Il faut donc lui donner de l'eau très fraîche, mais par petites gorgées, un verre complet risquerait de provoquer un choc thermique". Dans tous les cas, il faut éviter de boire ou de manger glacé. "Cela atténue plus vite la sensation de soif et vous risquez de ne pas vous hydrater assez pour couvrir vos besoins", rappelle le site de l'assurance-maladie

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