A la Bastille, des dizaines de milliers de pro-Mélenchon "gonflés à bloc"
Démonstration de force réussie : dimanche, des dizaines de milliers de personnes ont participé à son défilé géant entre les places de la Nation et de la Bastille à Paris.
A mi-chemin entre les places de la Nation et de la Bastille, à Paris, Gilles, casque de chantier sur la tête et pancarte à l'effigie du Front de gauche en main, affiche un large sourire, dimanche 18 mars. Comme des dizaines de milliers de personnes - jusqu'à 120 000 selon les organisateurs, cet ouvrier niçois d'EDF a décidé de répondre à l'appel de Jean-Luc Mélenchon, en participant à "la marche pour la VIe République". S'il a ce sourire aux lèvres, c'est parce qu'il trouve "énorme" le score que les différentes enquêtes d'opinion attribuent à son candidat fétiche. "Quand on représente 10% de la population, on a l'impression de servir à quelque chose, que ça va compter !", résume-t-il.
Quelques mètres plus loin dans le cortège, Alice, 26 ans, a elle aussi "la patate". "Résistance ! Résistance !" scande-t-elle au milieu d'un groupe d'amis. Professeur de français, elle se dit "revigorée" par les sondages. "On ne sait pas jusqu'où on va continuer à monter d'ici au premier tour, mais ce qui est sûr, c'est qu'on ne va pas avoir un rôle de simple figurant." En 2007, elle a cru en Olivier Besancenot. "Mélenchon m'a séduite parce qu'il n'est pas simplement dans la contestation. Contrairement au NPA, le Front de gauche veut gouverner pour changer le pays !"
A ses côtés, Myriam a elle aussi voté Besancenot il y a cinq ans. "Sa fougue me plaisait bien, mais ça ne suffit pas. Mélenchon, il connaît bien le système. Il sait comment on peut le changer, le réformer. Et puis la fougue, il l'a aussi, non ? Il suffit d'écouter un discours pour s'en convaincre !"
Le tribun, justement, après avoir défilé au milieu de ses camarades sous un ciel gris pendant près de deux heures, entre sur la petite scène installée au pied de l'Opéra Bastille. Face à lui, une immense place, noire de monde. La "démonstration de force" promise est réussie.
La voix plus grave que jamais, il dénonce une "France défigurée par les inégalités", et promet que cette campagne présidentielle va constituer le point de départ d'une "insurrection civique". Car, lance-t-il, "quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple le plus sacré des devoirs !" Succès garanti. Mais au bout de vingt-cinq minutes seulement, Jean-Luc Mélenchon achève son discours.
"Voter utile, c'est voter futile !"
Venues de Lyon, Annick et Evelyne ne seraient pas loin de regretter d'avoir fait le déplacement. "On est arrivées ce matin, et on repart ce soir. Mille kilomètres pour 25 minutes de discours, c'est pas cher payé !" lancent-elles dans un sourire qui masque mal leur déception. Pour elles, "c'était malgré tout important d'être dans le cortège". "De voir tout ce monde converger vers la Bastille, on se sent gonflés à bloc. On se sent réunis derrière un seul but : faire gagner la gauche", se réjouit Evelyne, institutrice à la retraite.
Leur principale crainte, ces deux amies en ont fait un slogan, écrit au marqueur noir sur un carton : "Voter utile, c'est voter futile !" "Les gens doivent voter pour leurs convictions. Sinon, à quoi bon faire un premier tour ?" demande Annick. Et de dénoncer "une forme de mépris du PS de dire que voter pour Jean-Luc Mélenchon ne sert à rien". Elles s'en disent "convaincues" : d'ici au 22 avril, "Jean-Luc va continuer de monter dans les sondages. Et si Hollande baisse, qu'il se pose des questions sur lui, pas sur nous !" Lui apporteront-elles leurs voix si le candidat socialiste se qualifie pour le second tour ? "On verra ça en temps voulu. S'il croit que nos voix lui sont acquises, il met la charrue avant les bœufs !"
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