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Affaire Bettencourt : pourquoi Nicolas Sarkozy est mis en examen

L'ancien président est soupçonné d'avoir profité de la fragilité mentale de Liliane Bettencourt pour lui soutirer de l'argent, lors d'une entrevue pendant la campagne de 2007.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Nicolas Sarkozy, lors d'un discours de campagne devant l'Institut pour la justice, le 31 mars 2012 à Paris. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Nicolas Sarkozy est entré dans le bureau du juge avec le statut de témoin assisté. Il en est ressorti, jeudi 21 mars, mis en examen pour abus de faiblesse dans le cadre de l'affaire Bettencourt.

Qu'est-ce que l'abus de faiblesse ?

Cette infraction est définie par l'article 223-15-2 du Code pénal comme "l'abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de la situation de faiblesse (...) d'une personne dont la particulière vulnérabilité, due à son âge, à une maladie, à une infirmité, à une déficience physique ou psychique ou à un état de grossesse, est apparente ou connue de son auteur (...)". L'abus de faiblesse "est puni de trois ans d'emprisonnement et de 375 000 euros d'amende".

Ce que le juge reproche à Nicolas Sarkozy

"Nicolas Sarkozy, qui bénéficie de la présomption d'innocence, s'est vu notifier une mise en examen du chef d'abus de faiblesse commis en février 2007 et courant 2007 au préjudice de Mme Liliane Bettencourt Schueller", indique le parquet de Bordeaux.

Concrètement, l'ancien chef de l'Etat est soupçonné d'avoir abusé de la faiblesse de l'héritière de L'Oréal, qui n'a plus toutes ses facultés depuis septembre 2006, pour lui demander de l'argent afin de financer sa campagne électorale.

L’ex-président est soupçonné d’avoir perçu de l’argent au domicile des Bettencourt. L'agenda de ces derniers, ainsi que le journal intime du photographe François-Marie Banier, proche de Liliane Bettencourt, laissent entendre qu’il a été reçu par la milliardaire pendant la campagne présidentielle de 2007. La défense de Nicolas Sarkozy a toujours affirmé qu'il ne s'était rendu qu'une seule fois chez les Bettencourt, en février 2007, pour une simple visite de courtoisie. 

Mais d'anciens membres du personnel des Bettencourt, comme le majordome Pascal Bonnefoy, à qui Nicolas Sarkozy a été confronté jeudi, ont affirmé que l'ancien président était venu chez la milliardaire à d'autres reprises début 2007.

Au même moment ont eu lieu deux retraits en espèces de 400 000 euros sur les comptes suisses du couple Bettencourt. Des retraits organisés par Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de la famille. Or, début 2007, Patrice de Maistre a rencontré Eric Woerth, qui était alors trésorier de l'UMP. Selon l'ancienne comptable des Bettencourt, Claire Thibout, une entrevue en janvier 2007 était destinée à la remise par Patrice de Maistre à Eric Woerth – tous deux déjà mis en examen – de 150 000 euros en liquide.

Pourquoi son avocat conteste-t-il cette décision ?

L'avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, a dénoncé une décision "injuste et incohérente". Il a souligné que le juge avait laissé son client sous le statut de témoin assisté pour les faits d'abus de faiblesse qui auraient été commis contre Liliane Bettencourt en 2008, et pour les faits de recel qui auraient été commis les 19 janvier et 5 février 2007.

La mise en examen de Nicolas Sarkozy ne vise donc pas la rencontre ayant eu lieu en 2008 avec Liliane Bettencourt et Patrice de Maistre à l'Elysée, ni les rencontres de janvier et février 2007 entre Patrice de Maistre et Eric Woerth. Seule la venue reconnue par Nicolas Sarkozy au domicile des Bettencourt, en février 2007, est concernée. 

L'"incohérence" dénoncée par Thierry Herzog pourrait résider dans le fait que, si Nicolas Sarkozy a commis un abus de faiblesse sur la milliardaire en 2007, cela signifie que l'état de faiblesse de celle-ci était apparent et que l'ancien président s'en est rendu compte. Or, il semblerait étonnant qu'il n'en ait pas été de même un an plus tard, lors du rendez-vous de 2008.

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