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Handball : les joueurs de Montpellier reconnaissent les paris, pas la tricherie

Les joueurs interpellés risquent une sanction disciplinaire pour avoir parié sur un de leurs propres matches. Mais ils risquent aussi des poursuites pénales s'il s'avère que le match a été truqué.

Article rédigé par franceinfo
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Le handballeur Nikola Karabatic, escorté par une policière, à la sortie de la salle Pierre-de-Coubertin, le 30 septembre 2012 à Paris. (FRANCK FIFE / AFP)

SPORTS - Ils ont été cueillis dès la sortie du vestiaire, dimanche 30 septembre, après le match de handball PSG-Montpellier. La star française du hand, Nikola Karabatic, et 16 autres personnes ont été interpellées dans le cadre de l'affaire du match présumé truqué sur fond de paris sportifs entre le club de Montpellier et Cesson-Sévigné le 12 mai. FTVi récapitule ce que l'on sait de cette affaire.

Qui a été interpellé ?

Sept joueurs du club héraultais, figure de proue du handball français depuis quinze ans, ont été interpellés. Parmi eux, les frères Nikola et Luka Karabatic, le Tunisien Wissem Hmam, le gardien français Michaël Robin, et les Slovènes Dragan Gajic, Primoz Prost et Vid Kavticnik ainsi que leur kinésithérapeute, Yann Montiège. 

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Deux joueurs portant désormais les couleurs du Paris-SG, mais qui jouaient jusqu'à la saison passée à Montpellier, ont également été arrêtés : le champion olympique Samuel Honrubia et l'international serbe Mladen Bojinovic.

Parmi les autres personnes interpellées, deux compagnes de joueurs, dont celle de la star du handball Nikola Karabatic, ainsi que des personnes en charge de la distribution de produits de la Française des Jeux. Selon Midi Libre.fr, un patron d'un bar de Montpellier, qui aurait misé 25 000 euros sur le match, fait partie des personnes interpellées.

Les voitures de police les ont transportés toutes sirènes hurlantes à Nanterre (Hauts-de-Seine), dans les locaux du service central des courses et jeux, une annexe du ministère de l'Intérieur.

Que reproche-t-on aux handballeurs montpelliérains ?

Les auditions des personnes interpellées ont été ordonnées par un juge d'instruction montpelliérain en charge de l'enquête sur cette rencontre. Cette enquête a été ouverte pour corruption active et passive, mais aussi pour escroquerie et recel d'escroquerie aux dépens de la Française des Jeux (FDJ).

Le 12 mai, le club de Montpellier, déjà sacré champion de France, s'inclinait contre le club de Cesson-Sévigné. Dans le même temps, des paris litigieux effectués par des proches de joueurs montpelliérains ont été constatés.

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Ces paris portaient sur le résultat du match à la mi-temps, pour lequel ont été engagés des paris anormaux dans le temps, sur le montant et sur le type de paris. En effet, quelque 80 000 euros de paris ont été pris en quelques heures sur le résultat à la mi-temps. Les gains des parieurs sont estimés à près de 200 000 euros. 

Or, d'ordinaire, pour un match de handball tous paris confondus, pas plus de 5 000 euros sont misés, dont 80% sur le nom de l'équipe gagnante et les 20% restants sur l'équipe en tête à la mi-temps et sur le score définitif.

Que risquent-ils ?

Les joueurs risquent d'abord une sanction disciplinaire. Les sportifs et leurs entourage ont en effet l'interdiction de parier sur un événement dont ils sont acteurs. La Ligue nationale de handball sanctionne d'un à six matchs de suspension les auteurs de paris non autorisés, qui peuvent être radiés en cas de récidive et condamnés à des sanctions financières. Selon Me Lienard, avocat de Michaël Robin, les joueurs risqueraient six matches de suspension et 15 000 euros d'amende.

Mais il y a plus grave. Si le trucage de match est avéré – par exemple via des faits de corruption – les sanctions encourues sont plus lourdes. Le délit pénal de "fraude et corruption sportive" est alors passible de cinq ans de prison et de 75 000 euros d'amende.

Les gardes à vue pourraient "être prolongées", a affirmé devant la presse Me Franck Nicolleau, avocat de Dragan Gajic et Primoz Prost. Me Lienard, lui, a indiqué que les personnes interpellées à Paris allaient être transférées "mardi à Montpellier", à l'exception de la compagne d'un joueur qui, auditionnée dès dimanche matin, devrait être transférée "lundi en fin de journée".

A l'issue de leur audition, ces personnes pourront être relâchées sans poursuite ou éventuellement présentées à un juge pour une possible mise en examen.

Que disent leurs avocats ?

La ligne de défense des handballeurs se précise. Nikola Karabatic et ses coéquipiers reconnaissent avoir parié sur le match Montpellier-Cesson, a affirmé l'avocat du joueur, Eric Dupond-Moretti, sur RTL.

"Ils ont parié, c'est une infraction sportive, pas une infraction pénale (...) Pour que la justice puisse intervenir dans cette affaire, on a besoin d'un match truqué, faute de quoi, sur le plan pénal, il n'y a rien. Le match truqué, ça se démontre, c'est le procureur qui doit le démontrer, ces hommes démentent de la façon la plus farouche avoir truqué ce match, ce ne sont pas des tricheurs, le match n'a pas été truqué", a ajouté l'avocat.

Jean-Yves Lienard, qui défend Michaël Robin, avait tenu la même ligne de défense quelques heures plus tôt. "Leur déontologie sportive leur interdit de faire des paris. Ils l'ont fait, ils on eu tort et s'en expliqueront", a-t-il indiqué à la presse, déclarant que les joueurs de Montpellier interpellés "devraient reconnaître des choses" dans le volet sportif de l'affaire. Mais ils n'ont "en aucun cas laissé filer le match", a-t-il assuré. 

"Il suffit de reprendre la bande, revisionner le match pour se rendre compte qu'il n'a pas été sous-joué. On les a calomniés en les faisant passer pour des tricheurs", a déploré Cathy Richard, avocate du joueur Wissem Hmam et du kinésithérapeute de Montpellier.

La compagne de Luka Karabatic, Jeny Priez, a dit lors de sa garde à vue "avoir parié" pour son compagnon et à sa demande et "avec l'argent de celui-ci", selon son avocat, Me Antoine Camus.

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