Affaire Merah : les questions qui restent en suspens
Manuel Valls parle de "faute" de la DCRI, dans l'émission "Pièces à conviction" diffusée le 6 mars. Quelles zones d'ombres persistent, près d'un an après les tueries ?
L'enquête sur la mort de Mohamed Merah a mis en relief des défaillances du Renseignement sur sa surveillance et sa dangerosité. Le gouvernement, pressé par les familles des victimes réservées sur la thèse du tueur solitaire, a promis de faire "toute la lumière" sur l'affaire. Le ministre de l'Intérieur a évoqué une "faute" de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) dans la surveillance de Merah, dans l'émission "Pièces à conviction" qui sera diffusée mercredi sur France 3. Quelles zones d'ombres persistent ?
Des "défaillances objectives" selon l'IGPN
Après les tueries à Toulouse et Montauban et la mort de leur auteur en mars 2012, une enquête interne conduite par l'Inspection générale de la police nationale (IGPN, police des polices) a pointé en octobre des "défaillances objectives" concernant la dangerosité du tueur au scooter. L'enquête citait des "cloisonnements" entre services sans cependant relever d'"erreur caractérisée".
Dès que les interrogations ont commencé à fuser peu après la mort du tueur, le "patron" de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), Bernard Squarcini, a défendu le travail de ses agents dans la surveillance du jeune homme qu'ils connaissaient bien avant les meurtres. "A-t-on raté quelque chose ?", s'est-il interrogé.
Un "loup solitaire" ?
Pour se défendre, Bernard Squarcini a affirmé que Mohamed Merah ne pouvait être "rattaché à aucune typologie", évoquant une espèce de "loup solitaire". Une expression reprise à son compte par le ministre de l'Intérieur d'alors, Claude Guéant. Son successeur place Beauvau, Manuel Valls, a pris son contrepied. Merah n'était pas un "loup solitaire", a-t-il dit en janvier devant quelques journalistes à Bruxelles, mais le "résultat d'un véritable processus". A l'appui, Manuel Valls citait les déplacements de Merah en Afghanistan ou au Pakistan.
Entre-temps, les révélations sur les "ratés" du Renseignement concernant Merah se sont succédé, suggérant que les services n'auraient peut-être pas perçu sa dangerosité avant son passage à l'acte. L'homme était connu comme gravitant depuis 2006 dans la mouvance salafiste de Toulouse et avait attiré l'attention des services locaux de la DCRI qui n'ont été que peu écoutés sur l'intérêt de le surveiller plus étroitement. L'enquête devra alors dire comment Mohamed Merah a pu échapper à la vigilance du Renseignement en allant dans ces lieux sensibles.
"Je n'ai rien à cacher", assure Valls
Les familles des victimes soulèvent d'autres questions : était-il un indicateur de la DCRI ou en voie de l'être, voire un "agent double" comme l'a suggéré Samia Maktouf, l'une des avocates des familles ? Et quid du rôle d'autres services comme la DGSE ? Autant d'interrogations posées au fil des mois et qui n'ont pas trouvé un début de réponse en l'état des investigations.
En quête d'explications, les familles ont demandé que les documents de la DCRI ou de la DGSE soient déclassifiés. Le gouvernement, par la voix de Manuel Valls, a promis que "toute la lumière" serait faite et qu'il n'y a aucune "raison de ne pas leur répondre"."Je n'ai personne à protéger, je n'ai rien à cacher", a assuré Manuel Valls. Le ministre a confié au député socialiste Jean-Jacques Urvoas une mission d'évaluation du Renseignement. Elle doit remettre un rapport en mars et une commission d'enquête parlementaire, décidée fin janvier, devra clore ses travaux en juin.
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