Qui est Mokhtar Belmokhtar, chef islamiste que le Tchad dit avoir tué ?
Il est à la tête du groupe qui a revendiqué l’attaque d’un site gazier à In Amenas (Algérie), au mois de février. La France n'a toujours pas confirmé sa mort.
Il est à la tête de la katiba des "Signataires par le sang" qui a revendiqué l’attaque d’un site gazier à In Amenas (Algérie), au mois de février. Mokhtar Belmokhtar, chef islamiste proche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, aurait été tué par l'armée tchadienne, selon son président. Une information que la France n'a toutefois pas confirmée, dimanche 3 mars. Portrait de ce combattant algérien.
Jihadiste, de l’Afghanistan à Aqmi
Né en 1972 à Ghardaïa, Mokhtar Belmokhtar rejoint des groupes islamistes en Afghanistan à l’âge de 19 ans. Lors de sa formation de combattant dans ce qui allait plus tard devenir Al-Qaïda, il noue des contacts avec des jihadistes du monde entier et combat les soldats russes, affirme-t-il dans une de ses rares interviews, citée dans cet article (en anglais), diffusée en novembre 2007 par un forum jihadiste. Lors d'un combat, il perd un œil et gagne l'un de ses nombreux surnoms : "Laouar", le borgne. De retour en Algérie en 1993, après l'annulation par le régime des élections que s'apprêtait à remporter le Front islamique du salut (FIS), il devient rapidement l’un des chefs militaires du Groupe islamique armé (GIA).
Après une scission au sein du groupe, en 1998, le GIA se transforme en Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) devenu en 2007 Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Mokhtar Belmokhtar prend alors la tête de l’une des deux katibas les plus importantes d’Aqmi.
Spécialisé dans la contrebande et les prises d’otages
Mokhtar Belmokhtar sillonne la région. Dans le nord du Mali, "certains autochtones jurent l’avoir vu épouser une fille d’une tribu de notables de la zone". Il s'agirait de sa neuvième épouse. Une façon de créer de solides alliances familiales avec plusieurs tribus touareg du Niger ou du Nord-Mali, qui le préviennent des mouvements des forces de l'ordre. D'autres nomades racontent l’avoir aperçu à Ouagadougou, au Burkina Faso, en train de faire du trafic de cigarettes. Ce qui lui vaut un autre surnom : "Marlboro". Il est d'ailleurs souvent présenté comme un simple trafiquant de drogue.
"A tort", explique Slate Afrique. Depuis le 11 novembre 2003, il est inscrit sur la liste des entités concernées par les sanctions contre Al-Qaïda comme participant au financement, à l'organisation, à la facilitation, à la préparation ou à l'exécution d'actes ou d'activités en association avec l'organisation d'Aqmi.
Condamné à la prison à plusieurs reprises par différents tribunaux en Algérie, il reste cependant insaisissable. En 2003, il est impliqué dans l'enlèvement de 23 touristes européens dans le sud de l'Algérie. En 2007, il est présumé responsable de la mort de quatre Français en Mauritanie. Il aurait empoché 9 millions d'euros en 2009 en échange de la libération de trois otages espagnols. Il serait également à l'origine de l'enlèvement de deux jeunes Français à Niamey (Niger), en 2011, finalement tués lors d’un assaut lancé par les troupes spéciales françaises contre les ravisseurs. Pour lui, la prise d'otages constitue un vrai business. "Entre 2003 et aujourd’hui, les katibas ont au moins empoché 50 millions d’euros", explique à Slateafrique le spécialiste du Mali Serge Daniel.
Chef du bataillon "Signataires par le sang"
Lors d’un assaut des islamistes contre des Touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) à Gao, dans le nord du Mali, en juin 2012, il est donné pour mort. La rumeur a été vite démentie par ses associés. Début décembre 2012, il apparaît dans une vidéo, à visage découvert, une kalachnikov à la main, un drapeau noir salafiste dans le cadre.
Mokhtar Belmokhtar annonce alors sa rupture avec Aqmi et la création de son nouveau groupe armé, les "Signataires par le sang". Il aurait en effet été en conflit pour prendre la tête d'Aqmi avec le chef d'une autre katiba, Abou Zeid. La vocation de son nouveau groupe, dont la base aurait été installée à Gao, est d'aider à la consolidation du règne de la charia dans le Nord-Mali.
La prise d'otages à In Amenas (Algérie), qu'il revendique, fait une quarantaine de victimes parmi les otages, dont un Français. Depuis, Mokhtar Belmokhtar se fait médiatiquement plus discret. La France, au contraire du Tchad, refuse toujours de confirmer sa mort.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.