Non, la pie n'est pas voleuse
Selon une étude britannique, la pie fait même preuve d'une méfiance instinctive à l'égard des objets qui lui paraissent insolites.
Contrairement à ce qu'assurent le bon sens populaire, un opéra de Rossini et un fameux album de Tintin, la pie n'est pas voleuse. Elle ferait même preuve d'une méfiance instinctive à l'égard des objets qui lui paraissent insolites, suggère une étude britannique récemment publiée, et relayée par la BBC (en anglais), samedi 16 août.
Simplement "bavarde" pour les ornithologues, la pie est pourtant considérée depuis des siècles comme une affreuse kleptomane, qui ne peut s'empêcher de dérober bijoux et autres menus objets clinquants pour les entasser dans son nid. Une mauvaise réputation totalement injustifiée, même s'il arrive bien à la pie de subtiliser des proies à d'autres oiseaux plus petits qu'elle (un comportement largement répandu chez de nombreuses espèces), estiment des chercheurs de l'université britannique d'Exeter spécialisés dans l'étude du comportement animal.
64 tests ont été menés pour parvenir à cette conclusion
Ces scientifiques ont mené sur le campus de leur université une série d'expériences, avec des pies provenant d'un refuge et avec des pies sauvages. Les oiseaux ont été mis en présence d'objets brillants et mats, et leurs réactions ont été enregistrées et analysées. "Nous n'avons trouvé aucune preuve montrant que les objets brillants attirent irrésistiblement les pies. Au contraire, tous ces objets ont suscité une réaction de néophobie – la peur des objets nouveaux – chez les oiseaux", résume Toni Shepard, auteur principal de l'étude, publiée dans la revue Animal Cognition (en anglais).
Les chercheurs ont d'abord habitué les pies à la présence humaine sur huit sites différents du campus d'Exeter. Puis, après des tests de contrôle, ils ont placé sur le sol deux tas de noix, ainsi que deux tas d'objets (vis métalliques, anneaux et un petit rectangle d'aluminium) à 30 centimètres de distance. La moitié des vis et des anneaux était peinte en bleu mat, l'autre moitié, ainsi que la feuille d'aluminium, gardant son aspect argenté et brillant. En 64 tests au total, les pies ne se sont intéressées aux objets brillants qu'à deux reprises, saisissant un anneau argenté pour le rejeter immédiatement. Les oiseaux ignoraient, voire évitaient autant les objets brillants que bleus, et ils adoptaient souvent un comportement méfiant à proximité de ces tas d'objets inconnus.
Verdict : "Il est probable que le folklore qui entoure les pies ne s'appuie pas sur des preuves mais soit le résultat d'une généralisation culturelle à partir de faits anecdotiques", conclut le chercheur Toni Shepard.
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