ArcelorMittal : ses hauts-fourneaux fermés, que va devenir l'usine de Florange ?
L'entreprise a confirmé la fermeture définitive des hauts-fourneaux du site mosellan. Plus de 600 emplois sont menacés.
FLORANGE – La décision tant redoutée est tombée comme un couperet. ArcelorMittal a confirmé, lundi 1er octobre, la fermeture définitive des hauts-fourneaux de Florange (Moselle). Une décision qui menace directement 629 emplois sur les 2 500 que compte le site. Qu'est-ce qui attend dans l'immédiat les salariés de l'aciérie ?
"Eviter tout licenciement sec"
ArcelorMittal dit vouloir entamer "un dialogue social exemplaire" concernant les 629 emplois touchés par la fermeture des hauts-fourneaux (qui sont aussi appelés "filière liquide"). Le groupe sidérurgique estime dans un communiqué qu'il serait "possible d'éviter tout licenciement sec en recourant aux différents dispositifs existants, tels que les programmes de mobilité et d'accompagnement individuel".
"La société propose qu'à l'avenir les brames [plaques d'acier] destinées au site de Florange continuent d'être acheminées à partir de Dunkerque (Nord), ce qui permettra ainsi de maintenir la chaîne de production industrielle en France", a par ailleurs fait valoir ArcelorMittal.
Une reprise partielle du site autorisée sous 60 jours
Après quatre années de crise, "la demande d'acier est de 25% inférieure aux niveaux de 2007", explique le groupe, qui ne prévoit "pas de retour rapide à la situation d'avant-crise". Outre la fermeture des deux hauts-fourneaux, le groupe a donné son accord à une reprise partielle du site sous 60 jours, annonce-t-il, "bien que la poursuite de l'exploitation de la phase liquide de Florange ne soit plus rentable dans le contexte de surcapacités en Europe", prévient la direction du groupe. Il accède ainsi à la requête formulée par le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg.
Le ministre a assuré lundi que le gouvernement serait par ailleurs "vigilant à ce qu'ArcelorMittal donne accès à toutes les informations" pour que la recherche d'un repreneur à Florange "ait les meilleures chances de réussir". Le gouvernement précise avoir confié à Pascal Faure, déjà auteur d'un rapport sur le site, la mission d'organiser la recherche d'un tel repreneur pour les installations. L'agence française pour les investissements internationaux et le réseau diplomatique français s'y associeront, ajoute le communiqué du ministre.
La cokerie reprise avec les hauts-fourneaux
La reprise évoquée par ArcelorMittal concerne non seulement les hauts-fourneaux mais aussi la cokerie (cuisson du charbon), bien que cette dernière ne soit pas concernée par le plan de fermeture. Une précision importante car sans la cokerie, les hauts-fourneaux auraient, aux yeux des syndicats, beaucoup de mal à trouver un repreneur.
"Personne ne rachètera Florange s'il n'y a pas toute l'usine", a assuré Xavier Le Coq (CFE-CGC). A l'issue du comité central d'entreprise lundi, ce syndicaliste a relevé que sans la cokerie, il y avait "zéro chance de reprises", et qu'avec, le taux pass[ait] à "0,1% de chance".
Des investissements insuffisants pour les syndicats
Enfin, selon Jean-Marc Vécrin (CFDT), la direction n'a pas annoncé de mesures d'investissements significatives "pour pérenniser le reste du site", ce qui fait qu'"à terme, c'est la mort complète de la sidérurgie en Lorraine". La direction a bien annoncé des "investissements sur le train à chaud" pour lui permettre de rester opérationnel, mais "c'est peanuts", a estimé le syndicaliste.
"ArcelorMittal s'attachera également à renforcer la position du site de Florange comme centre d'excellence dans le développement de produits à forte valeur ajoutée et de haute qualité pour ses clients, principalement ceux du secteur automobile", a néanmoins assuré le groupe dans son communiqué. Il a mis en avant "l'investissement récent de 7,2 millions d’euros sur la ligne de galvanisation de Florange", laquelle "traduit déjà la mise en œuvre de cette stratégie."
Arnaud Montebourg avait demandé à ArcelorMittal d'injecter au moins 150 millions d'euros sur la partie du site qu'elle conserverait. Lundi, il a de nouveau "exigé de la direction d’Arcelor Mittal que soient déployés des investissements importants et significatifs de nature à y consolider l'activité dans les prochaines années", indique le communiqué du ministre.
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