Bac 2024 : la ministre de l'Education Nicole Belloubet lance une enquête après des notes "anormalement basses" attribuées à des élèves d'un lycée juif

Plusieurs élus ont interpellé la ministre pour obtenir des éclaircissements sur les faits. "Un biais de notation" a été constaté pour "15 élèves" du lycée privé sous contrat Yabné à Paris.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
La ministre de l'Education Nicole Belloubet, à l'Elysée (Paris), le 3 juillet 2024. (LUDOVIC MARIN / AFP)

La ministre de l'Education Nicole Belloubet a demandé, jeudi 11 juillet, l'ouverture d'une enquête administrative après des accusations de discrimination au préjudice d'élèves d'un lycée juif parisien lors de l'oral du bac 2024. "Vous avez été nombreux à m'alerter sur cette situation. Dès connaissance des faits, j'ai demandé à mes services de lancer une enquête approfondie. Si les faits étaient avérés, ils seraient intolérables dans notre école. Et je ne laisserai rien passer", a-t-elle écrit sur X.

Le ministère de l'Education nationale a ensuite publié un communiqué à la mi-journée, dans lequel il précise que "la distribution des notes obtenues par ces élèves est examinée, jury par jury, sous l’angle statistique afin d’établir si la moyenne, la variance et la distribution de celles-ci sont anormalement différentes de celles des autres élèves ayant passé les épreuves dans les mêmes circonstances". Ce travail "d'analyse mené, avec précision et rigueur", "contribuera à faire la lumière sur la matérialité des affirmations rapportées, et d’en tirer les conséquences", assure le ministère.

"Si les faits et l’antisémitisme étaient constatés, cela serait d’une extrême gravité", poursuit-il, promettant que la ministre Nicole Belloubet serait alors "intraitable". En revanche, "si les faits et l'antisémitisme n'étaient pas constatés, il s'agirait alors d'une information infondée et intolérable à laquelle la ministre répondrait pour y mettre un terme et protéger l’ensemble des protagonistes", complète le ministère.

"On parle de 9 points d'écart sur 20 en moyenne"

Sur le réseau social X, l'avocat Patrick Klugman, qui "a été mandaté pour suivre la situation", affirme que le lycée privé sous contrat Yabné "a constaté un biais de notation au préjudice de 15 de ses élèves qui ont passé l'oral de spécialité du bac devant deux jurys d'un même centre d'examen à Paris""On parle de neuf points d'écart sur 20 en moyenne par rapport aux 123 autres candidats du lycée qui sont passés devant d'autres jurys. Cet écart qui n'est explicable ni statistiquement ni pédagogiquement fonde une suspicion de discrimination", a poursuivi l'avocat.

Il précise que le lycée, en relation avec le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), "a demandé à ce qu’une enquête administrative soit ouverte et à ce que les notes discriminatoires soient écartées pour ne pas porter préjudice aux élèves".

Pour Muriel Ouaknine, avocate et présidente de l'organisation juive européenne (OJE), qui a eu accès aux notes des 15 élèves, "il n'y a aucun doute sur le fait qu’ils aient été victimes de discrimination". "Les notes qui ont été attribuées dans ces matières scientifiques ne correspondent évidemment pas du tout à la réalité du niveau de ces étudiants-là. C'est quelque chose qui est inadmissible qu’il faut dénoncer", assure-t-elle à franceinfo.

"Une enquête s'impose"

Plusieurs élus ont interpellé la ministre de l'Education nationale pour obtenir des éclaircissements sur les faits et dénoncer, s'ils devaient être avérés, une situation "extrêmement grave". "Je n'ose croire que des examinateurs de Paris 18 se soient livrés à une telle discrimination. Une enquête s'impose effectivement très vite, Nicole Belloubet. Merci pour votre réactivité", a déclaré Caroline Yadan, députée Renaissance de la huitième circonscription des Français établis hors de France.

Ces élèves du lycée juif sous contrat Yabné, situé à Paris, ont passé leurs épreuves du baccalauréat dans un lycée public du 18e arrondissement de la capitale. L'ancienne ministre socialiste Laurence Rossignol, sénatrice, a enjoint sur X à la ministre de l'Education de réagir. "Si les faits et l'antisémitisme sont avérés, c'est extrêmement grave. Si c'est une rumeur, il faut y mettre fin", a-t-elle écrit.

Soyez les premiers informés des résultats officiels du BAC

toutes les dates et actualités

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.