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Infographie Bac 2023 : à quel point le taux de mentions a-t-il augmenté depuis 25 ans (et comment l'expliquer) ?

Article rédigé par Léa Prati
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Des candidats au baccalauréat passent une des épreuves écrites de spécialité dans un lycée de Briançon (Hautes-Alpes), le 21 mars 2023. (THIBAUT DURAND / HANS LUCAS / AFP)
En 2022, près de six bacheliers sur dix, toutes filières confondues, ont obtenu une mention "assez bien", "bien" ou "très bien". Ils étaient moins de 25% en 1997.

Un soulagement pour la plupart des 718 723 candidats au baccalauréat 2023. Après plusieurs jours d'attente, les résultats de cet examen qui signe la fin des années lycée sont tombés, mardi 4 juillet. Toutes filières confondues, 84,9% d'entre eux ont été admis à l'issue des principales épreuves, a annoncé le ministre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, sur RTL. Un chiffre en baisse d'un peu plus d'un point par rapport à l'an dernier (86,1%) qui témoigne, selon le ministre, d'un regain de "sélectivité". Ce taux de réussite devrait toutefois augmenter un peu après les épreuves de rattrapage.

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Le taux des mentions décernées, toutes filières confondues, n'a lui cessé de progresser depuis un quart de siècle (voir le graphique ci-dessous). L'an dernier, 58,8% des admis ont obtenu une note moyenne supérieure à 12 sur 20. Dans le détail, 30,3% des bacheliers ont obtenu une mention "assez bien", 19,5% la mention "bien" (moyenne supérieure à 14/20) et 9% la mention "très bien" (plus de 16/20). En 1997, ils étaient respectivement 18,5%, 5,1% et 0,7%.

On constate en premier lieu une brusque et forte augmentation du taux de mentions en 2020 et 2021. L'explication est simple : ces deux années ont été marquées par la suppression de tout ou partie des épreuves du bac en raison de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19. Mais cette tendance de forte hausse des mentions décernées s'est poursuivie en 2022. Alors, comment expliquer ce phénomène ?

Des mentions pour mieux "se distinguer"

C'est d'abord lié à la réforme du bac général et technologique et à la prise en compte plus importante du contrôle continu dans la note finale depuis 2018. "On veut démocratiser l'accès au baccalauréat pour tout le monde, le bac a perdu sa dimension de barrière", explique à franceinfo Patrick Rayou, sociologue en sciences de l'éducation. Or, "dès qu'on généralise l'accès à un diplôme, sa valeur marchande a tendance à baisser. Pour contrer cela, les élèves font tout pour avoir des mentions, afin de se distinguer". Ainsi, "même si elles sont désormais simplement honorifiques, puisqu'elles n'apparaissent plus sur Parcoursup, les mentions permettent d'accéder à des parcours historiquement prestigieux comme les classes préparatoires qui continuent de regarder ces choses-là".

Des stratégies sont donc mises en place dès le plus jeune âge par les élèves et leurs parents pour se différencier, illustre le sociologue. Parmi elles, on retrouve le choix des options. Avec la réforme Blanquer, les bacheliers ont d'abord pu choisir jusqu'à deux options facultatives. Seuls les points au-dessus de la moyenne étaient pris en compte dans la note finale du bac. "Certains élèves ont multiplié le nombre d'options suivies afin de maximiser leur note", explique Patrick Rayou. En 2020, cette règle a changé et le poids des options a été réduit. Désormais, il est possible de prendre jusqu'à quatre options, mais l'ensemble des points sont conservés.

Le meilleur "capital culturel" des parents

La demande sociale très forte d'obtention du baccalauréat conduirait aussi à une indulgence excessive et à un abaissement des exigences lors de la correction des copies. "Beaucoup de correcteurs se plaignent de subir, lors des réunions de jury (entente, harmonisation, délibération...) des consignes et des pressions qui incitent à être trop indulgent avec les erreurs, les oublis, la mauvaise maîtrise des contenus et méthodes de la part des candidats", écrivait le Snes-FSU, le principal syndicat du second degré, dans une note de 2016. Un avis partagé par le sociologue Patrick Rayou qui affirme que, dans les années 1970, "le niveau du bac était particulièrement élevé au niveau des connaissances. Aujourd'hui, les attentes sont davantage tournées vers des concepts généraux : il faut savoir bricoler avec des concepts philosophiques ou savoir problématiser."

Cette hausse du taux de mentions reflète aussi, selon le Snes-FSU, l'augmentation du niveau des candidats depuis les années 1990, grâce à un capital culturel parental de plus en plus important. "La démocratisation de l'école, qui a commencé dès les années 1960, fait que les élèves actuels ont plus souvent des parents qui ont fait des études plus longues que les générations précédentes, détaille le syndicat dans sa note. Ces parents auraient donc davantage de capital culturel scolairement rentable à transmettre à leurs enfants."

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