Bras de fer entre l'armée et les Frères Musulmans au sujet de la dissolution du Parlement
Conformément à une décision de justice, l'armée a annoncé qu'elle avait dissous le Parlement. Le parti majoritaire s'y oppose.
Le Parlement égyptien dominé par les islamistes a été dissout en application de la décision de justice le déclarant illégal. Le chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), le maréchal Hussein Tantaoui, au pouvoir en Egypte, a formellement signifié par écrit samedi la décision de justice au Parlement dans une lettre, et annoncé au Parlement qu'il "le considère dissout depuis vendredi".
"L'application de l'arrêt ordonnant la dissolution de l'Assemblée du peuple a commencé et les ex-députés ne peuvent désormais y accéder que sur autorisation et notification préalable", écrit l'agence officielle Mena. Le député Essam Al-Aryane, numéro deux du parti issu des Frères musulmans, a confirmé que le Parlement avait reçu "un fax annonçant que Tantaoui a dissout le Parlement".
"Juridiquement, la décision de la Cour constitutionnelle se tient, explique le spécialiste de l'Egypte Tewfik Aclimandos à FTVi. Politiquement, ça ne paraît pas opportun. On savait qu'il y avait ce risque. A un moment, le Premier ministre s'est emporté, en prétendant avoir préparé le décret de dissolution car cette loi parlementaire [qui régit le scrutin législatif] n'est pas constitutionnelle. Mais pourquoi maintenant ? C'est ce qui semble le plus étrange, car la Cour pouvait le faire depuis plusieurs mois."
Les Frères Musulmans font de la résistance
Dans un arrêt rendu jeudi, la Haute cour constitutionnelle avait invalidé les élections législatives qui s'étaient achevées en janvier en raison d'un vice juridique dans la loi électorale ayant régi le scrutin. Ces élections s'étaient soldées par un raz-de-marée islamiste, avec près de la moitié des sièges revenant aux Frères musulmans, et près d'un quart aux fondamentalistes salafistes.
Les détracteurs du CSFA l'accusent d'avoir orchestré cette décision de justice pour s'adjuger le pouvoir législatif, et un haut dirigeant des Frères musulmans, Mohammed Beltagui, avait dénoncé un véritable "coup d'Etat". Le parti islamiste, majoritaire à l'Assemblée, a annoncé qu'il contestait cette décision et demandait un référendum pour que le peuple tranche.
Le second tour de l'élection présidentielle a commencé samedi 16 juin en Egypte, mais les électeurs ont massivement boudé les urnes.
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