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Breivik n'est pas psychotique, selon un nouvel expert

Trois évaluations ont eu lieu pour tenter de savoir si l'auteur de la tuerie d'Utoya et de l'attentat d'Oslo peut être reconnu pénalement responsable. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Anders Behring Breivik pendant son procès à Oslo (Norvège), le 8 juin 2012. (HEIKO JUNGE / SCANPIX NORWAY / AFP)

Fou ou sain d'esprit ? Au dernier jour du procès d'Anders Behring Breivik, après deux mois et demi d'audiences, la question n'était pas tranchée vendredi 8 juin. Le Norvégien est jugé à Oslo pour le meurtre de 77 personnes en juillet 2011 dans la capitale norvégienne ainsi que sur l'île d'Utoya. Selon un éminent psychiatre appelé à la barre vendredi, il souffre de troubles neuro-psychiatriques mais n'est pas un schizophrène paranoïaque. 

Il diagnostique le syndrome d'Asperger

Professeur de psychiatrie à l'université d'Oslo, Ulrik Fredrik Malt a donné son diagnostic. Selon lui, l'extrémiste nationaliste est atteint du syndrome d'Asperger, un trouble neurologique qui se caractérise notamment par un manque d'empathie. Il souffre également du syndrome de la Tourette (un trouble neurologique caractérisé par des tics), de troubles narcissiques de la personnalité et peut-être aussi de délires, a ajouté l'expert. 

Le professeur Malt estime que ses conclusions sont étayées par la solitude, l'état dépressif et les délires de grandeur de Breivik, de même que par son indifférence à la douleur d'autrui et ses tics nerveux.

Il a par ailleurs laissé ouverte la piste de l'irresponsabilité, en précisant ne pas exclure une "psychose paranoïde", tout en estimant qu'il y avait "moins de 25% de chances" que Breivik soit psychotique.

Trois experts, trois avis divergents 

Avec ce témoignage, ce dernier expert prend à contre-pied les deux évaluations officielles réalisées par deux binômes de psychiatres. "C'est difficile (...), mais je conteste [le premier rapport] et je ne vois aucune preuve de schizophrénie paranoïde", a dit vendredi Ulrik Frederick Malt. 

Cette première évaluation avait conclu que l'extrémiste de 33 ans était psychotique, souffrant de "schizophrénie paranoïde". Devant le tollé suscité, la justice avait commandé une contre-expertise qui n'a quant à elle détecté aucun signe de psychose, tout en estimant que Breivik était "asocial" et "narcissique".

Breivik conteste cette nouvelle expertise

L'accusé, qui a écouté l'exposé de l'expert avec le sourire, l'a soudain interrompu en jugeant ses arguments "insultants". "Je veux féliciter Malt pour une très bonne démolition de ma personnalité", a-t-il poursuivi. 

Anders Breivik tient à être reconnu pénalement responsable pour ne pas voir son idéologie invalidée par un diagnostic. Ainsi, l'avis du professeur va plutôt dans son sens. Pourtant, l'accusé s'est élevé contre ses allégations de troubles de la personnalité. 

S'il est reconnu pénalement irresponsable, il risque l'internement psychiatrique, potentiellement à vie. Responsable, il encourt 21 ans de prison, une peine qui pourrait être prolongée aussi longtemps qu'il sera jugé dangereux.

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