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Chanteur, élu, fan de sport... Les 7 casquettes de Bernard Tapie

Il a été président d'un club de foot, animateur, businessman et même ministre. Alors que l'homme d'affaires vient de reprendre le groupe de presse GHM Médias, francetv info revient sur son parcours éclectique. 

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
A bord du quatre-mâts "Phocéa", en 1988. (ANDRE DURAND / AFP)

"Nanard" intrigue autant qu'il divise. Tour à tour chanteur, président d'un club de football, businessman ou même ministre, Bernard Tapie vient de faire un nouveau coup en reprenant le groupe de presse GHM Médias à 69 ans, mercredi 19 décembre. Après avoir incarné la réussite et l'argent dans les années 1980, le "Zorro des entreprises" dérange à Marseille, où beaucoup le soupçonnent d'avoir des vues sur la mairie. A cette occasion, francetv info revient sur son parcours éclectique. 

1Le chanteur "qui ne croit plus les filles"

"Je ne crois plus les filles avec leurs beaux serments, je ne crois plus les filles, ce n'est plus comme avant, je ne crois plus les filles, avec leurs sentiments, je ne crois plus les files, mais je les aime quand même." En cette année 1966,  Bernard Tapy (prononcez Tapaï) danse aux côtés d'une jolie fleur et sort un 45 tours, Passeport pour le soleil.



La mode est aux chansons américaines, l'expérience fait un flop. Vite, un verre. Pour oublier.



En 1998, dans une ultime fulgurance, Bernard Tapie retrouve le micro pour un duo aux côtés du chanteur de rap Doc Gynéco. Car oui : C'est beau la vie.

2Le businessman : de Look à Adidas

Le trentenaire a les dents longues. Il reprend une série d'entreprises en difficulté pour les remettre à flot : Manufrance, Look, Testut, Wonder... Puis les revend, avec une belle plus-value. En 2009, le site de L'Expansion s'est penché sur la situation actuelle de toutes ces entreprises. A la tête d'une fortune, Bernard Tapie incarne alors la réussite et le bling-bling, et n'hésite pas à poser à bord de son fameux quatre-mâts, le Phocea, acheté en 1982.

L'homme d'affaires prend la pose sur son quatre-mâts, le "Phocea", en 1988. (BILL SWERSEY / AFP)

Puis, en 1990, Bernard Tapie se jette à l'eau. Il reprend 80% des actifs de l'équipementier Adidas. Mais ses multiples activités ne sont pas toujours compatibles et, parfois, se bousculent. Il devra revendre l'entreprise trois ans plus tard, après son entrée dans le gouvernement Bérégovoy. Mandaté pour l'occasion, le Crédit lyonnais réalise une importante plus-value lors de la vente, aux dépens de l'homme d'affaires qui est ruiné et déclaré inéligible. Débute alors une affaire de vingt ans, résumée en quelques dates par LaTribune.fr. 

Bernard Tapie annonce le rachat de 80% d'Adidas, lors d'une conférence de presse en 1990 à Rome. (JEAN-LAURENT LAPEYRE / AFP)

En 2010, il crée avec son fils le site bernardtapie.com, un site de vente discount. Et récupère 400 millions d'euros du Crédit Lyonnais, même si certains soupçonnent la ministre de l'Economie Christine Lagarde d'avoir intercédé en sa faveur. Les affaires reprennent.

3Le fou de sport : le cyclisme et la présidence de l'OM

A la tête d'une fortune, Bernard Tapie peut se consacrer à sa passion : le sport. Ancien pilote de Formule 3 dans les années 1960, il se lance dans le cyclisme, en montant une équipe autour de Bernard Hinault, qu'il aide à remporter un cinquième Tour de France en 1985. 

Le cycliste Bernard Hinault (à g.), quintuple vainqueur du Tour de France cycliste, le 7 octobre 1983 dans sa maison de Calorguen (Côtes-d'Armor), avec Bernard Tapie. (AFP)
Mais la véritable histoire d'amour de Bernard Tapie, c'est bien entendu l'Olympique de Marseille, dont il prend la présidence en 1986. La réussite est immédiate, puisque le club remporte quatre championnats d'affilée, entre 1989 et 1992. Jusqu'à l'apothéose de 1993, et ce but marqué de la tête par Basile Boli contre le Milan AC, en finale de la Ligue des champions. La Canebière chavire de bonheur. 
Avec Jean-Pierre Papin, après la victoire de Marseille en championnat de France, en 1989. (JACQUES DEMARTHON / AFP)
Mais Bernard Tapie déchante rapidement. Quelques jours avant cette finale, l'OM a affronté Valenciennes. Le joueur nordiste Jacques Glassmann accuse le club phocéen d'avoir acheté le match pour mieux préparer la finale. C'est la fameuse affaire OM-VA, qui passionne la France entière. L'OM boit la tasse et le club est relégué en D2 en 1994. Bernard Tapie passe par la case prison pour subornation de témoin. 

Assis à l'arrière d'une voiture de la gendarmerie, l'homme d'affaires arrive, le 22 mai 1997, au palais de Justice de Marseille, où se déroule le procès des comptes du club marseillais. (CLAUDE PARIS / AFP)

4L'homme politique : du siège de député au ministère

C'est grâce à son ami Jacques Séguela que Bernard Tapie embarque en politique. Après l'annulation du scrutin, il finit par remporter la 6e circonscription de Marseille (Bouches-du-Rhône) en 1989, pourtant réputée imprenable pour la gauche. Trois ans plus tard, en 1992, il entre au gouvernement de Pierre Bérégovoy dans le tout nouveau ministère de la Ville. Une expérience qui se termine l'année suivante, après une démission liée à des ennuis judiciaires. 

Ministre de la Ville, il plaisante le 10 mars 1993 avec un jeune habitant d'une cité d'Athis-Mons (Essonne). (GEORGES BENDRIHEM / AFP)
En 1994, il conduit la liste Energie radicale aux élections européennes. Surprise. Alors qu'il est en délicatesse avec la justice et empêtré dans l'affaire VA-OM, il parvient à remporter suffisamment de suffrages pour se faire élire au Parlement européen. Un mandat qu'il doit abandonner trois ans plus tard.
L'eurodéputé Bernard Tapie et son collègue Bernard Kouchner, le 14 janvier 1997 dans l'hémicycle du parlement européen, à Strasbourg (Haut-Rhin). (DAMIEN MEYER / AFP)
Bernard Tapie a retrouvé son éligibilité en 2003. Et maintenant ? Beaucoup d'observateurs lui prêtent des vues sur la mairie de Marseille, après son rachat des titres régionaux du groupe Hersant Médias. Cela ne fait même aucun doute pour Patrick Mennucci, député-maire socialiste du 1er arrondissement de Marseille, interrogé sur France Info jeudi 20 décembre : "On sait qu'il fait cela parce qu'il a des visées politiques et qu'il veut probablement se présenter à la mairie."

5L'animateur radio : "Allo Bernard" sur RMC

RMC lance une nouvelle grille de programmes en 1999 et propose à Bernard Tapie, connu pour son franc parler, d'animer une partie de la grille matinale. L'homme d'affaires accepte et lance "Allo Bernard", une quotidienne qui mise sur l'interactivité avec les auditeurs.

Une affiche de RMC, en 1999. (MAXPPP)
"Les gens qui ont envie de me parler, on va se parler. S'ils ont envie de me demander mon avis sur tel ou tel sujet, je le donnerai. Ce que je répondrai sera parfois intelligent, parfois très con parce que je n'ai pas la science infuse, mais je serai toujours de bonne foi", explique alors Bernard Tapie au quotidien Libération. Tout un programme.
Bernard Tapie anime son émission hebdomadaire sur RMC, le 13 décembre 1999 à Marseille (Bouches-du-Rhône). (GERARD JULIEN / AFP)
Bernard Tapie a également offert ses services à RTL, dans "On refait le match", ou sur RTL9, où il a présenté l'émission "Rien à cacher", en 2006. 

6L'acteur de théâtre et de télévision

Bernard Tapie doit ses grands débuts au cinéma au réalisateur Claude Lelouch. Il tourne dans Hommes, femmes, mode d'emploi en 1996, puis s'attaque aux planches avec l'adaptation du film Vol au-dessus d'un nid de coucou avant d'enchaîner avec Un beau salaud et Oscar.

Bernard Tapie dans "Vol au-dessus d'un nid de coucou", le 21 décembre 2000. (MAXPPP)
A la télévision, il interprète notamment le Commissaire Valence dans douze épisodes diffusés pendant cinq ans sur TF1. Le téléfilm est présenté au festival du film policier de Cognac en 2003. 

Sous la protection d'un policier, il se rend, le 12 avril 2003 à Cognac, à la projection, du téléfilm "Commissaire Valence", dans le cadre du 21e festival du film policier. (PATRICK BERNARD / AFP)

7Le patron de presse : "La Provence" et "Nice-Matin" 

Il n'a pas toujours été tendre avec les journalistes, mais il est devenu patron de presse. Les banques créancières du Groupe Hersant Médias (GHM), dont la dette atteindrait 215 millions d'euros, ont accepté mercredi 19 décembre son offre de reprise. Bernard Tapie met ainsi la main sur ce titre de presse quotidienne régionale mais également sur Nice-MatinVar-MatinCorse-Matin, ainsi que sur plusieurs titres des Antilles.

Bonus : le Maradona de l'aérobic

Est-ce du sport, de la mode ou de l'animation ? Impossible de trancher. Voici toutefois des images de la prestation de Bernard Tapie, en justaucorps rouge, dans l'émission "Gym Tonic" de Véronique et Davina, tournée en 1984 (à partir de 1'30)



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