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Chypre opterait pour une taxe de 15% sur les dépôts de plus de 100 000 euros

Lâché par la Russie, le gouvernement chypriote remet sur la table l'option d'une taxe sur les dépôts bancaires. Celle-ci serait de 15% et ne toucherait que les dépôts de plus de 100 000 euros.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Des employés de la banque chypriote Laiki durant une manifestation près du Parlement, à Nicosie (Chypre), le 21 mars 2013.  (PATRICK BAZ / AFP)

Après avoir juré qu'on ne l'y prendrait pas, le gouvernement de Chypre revient à l'option d'une taxe sur les dépôts bancaires. Cette mesure serait comprise dans l'accord actuellement négocié avec la troïka, a déclaré vendredi 22 mars une source gouvernementale citée par l'agence chypriote CNA, assurant qu'il s'agissait de la "meilleure solution" dans les circonstances actuelles.

Selon la télévision publique chypriote, la taxe désormais envisagée serait de 15% et ne concernerait que les dépôts bancaires de plus de 100 000 euros, contrairement au projet initial proposé par les autorités européennes et le FMI. 

La zone euro a donné à Chypre jusqu'à lundi pour trouver les quelque six milliards d'euros nécessaires pour compléter son plan de sauvetage, sous peine d'un effondrement de son système financier, qui entraînerait sans doute son éviction de la zone euro. Une nouvelle réunion de l'Eurogroupe doit se se tenir dimanche.

Dans ces conditions, la taxe sur les dépôts bancaires, très impopulaire, est peu à peu devenue inévitable. Francetv info vous explique pourquoi Chypre se trouve acculée.

Parce que Nicosie comptait beaucoup sur la Russie

Vendredi, une des solutions alternatives explorées par Nicosie est tombée à l'eau : le Kremlin a rejeté l'appel à l'aide de Chypre, défendu à Moscou par le ministre des Finances chypriote

Chypre demandait à la Russie de proroger de cinq ans un prêt de 2,5 milliards d'euros obtenu en 2011 et qui arrive normalement à échéance en 2016. Sur ce point, la Russie "attend une décision" des bailleurs de fonds internationaux de l'île pour décider de "sa participation dans une restructuration de la dette", a expliqué Anton Silouanov, le ministre des Finances russe. Nicosie souhaitait que Moscou revoie à la baisse le taux d'intérêt (4,5%) de ce prêt. Enfin, selon le ministère russe des Finances, Chypre réclamait cinq milliards d'euros supplémentaires.

Mais surtout, le ministre des Finances de l'île, Michael Sarris, souhaitait proposer à la Russie des investissements dans des banques chypriotes et dans les réserves de gaz du pays. Des suggestions qui n'intéressent pas Moscou, selon son grand argentier. Pour autant, la Russie "ne ferme pas la porte" à un soutien à Chypre, a expliqué le Premier ministre, Dmitri Medvedev. Ce dernier estime que c'est d'abord à l'UE et à Chypre de trouver une issue à la crise. 

Parce que le Parlement est dans le flou

Le président Nicos Anastasiades a réuni pendant plusieurs heures ses ministres et les chefs des partis politiques, jeudi 21 mars. Ils ont notamment décidé de restructurer le système bancaire, menacé de banqueroute car il est plombé par son exposition à la dette grecque. Parmi les alternatives proposées à la taxation des dépôts bancaires, un projet de loi prévoit la création d'un fonds de solidarité, dont les contours sont encore très flous. Un autre projet porte sur la limitation des mouvements de capitaux, point clé du plan B.

Accusé de "jouer avec le feu", notamment par le parti de la chancelière allemande, Angela Merkel, le Parlement chypriote doit, entre autres, se pencher sur ces mesures, destinées à lever plusieurs milliards d'euros. Prévue vendredi matin à 10 heures, la séance exceptionnelle a encore été retardée, car la commission parlementaire des finances réexamine ces projets. En attendant, les banques sont toujours fermées depuis le 16 mars, et ne devraient rouvrir que mardi. Le gouvernement craint en effet des retraits massifs de fonds. La Bourse est également fermée.

Parce que l'Europe a lancé un ultimatum

Le temps presse pour les responsables de l'île, qui doivent trouver environ 6 milliards d'euros d'ici lundi. La Banque centrale européenne a annoncé qu'elle couperait, lundi, le robinet des liquidités aux banques chypriotes, à moins d'un accord acceptable entre Nicosie et ses bailleurs de fonds.

Il ne faut "pas abuser de la patience des partenaires de la zone euro", a lancé Angela Merkel lors d'une réunion avec le groupe parlementaire des libéraux du FDP. La chancelière allemande se plaint de l'attitude de Nicosie, qui n'a "pas communiqué avec la troïka pendant plusieurs jours". Même agacement chez le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, qui dénonce "une paralysie dans les décisions de l'Union européenne, qui ne peut être du goût de personne".

Pour autant, la zone euro est toujours disposée à venir en aide à Chypre, "à condition que les paramètres définis au préalable soient respectés", selon le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem. Et à condition de formuler une nouvelle proposition, attendue "le plus rapidement possible". Une réunion devrait se tenir à Bruxelles dimanche.

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