Comment Hollande tente d'améliorer sa communication
L'ancien présentateur du JT Claude Sérillon va rejoindre l'équipe de François Hollande. Objectif : améliorer la communication présidentielle, jugée trop flottante.
Son visage est familier des adeptes du petit écran. Claude Sérillon, présentateur du JT de France 2 entre 1998 et 2001, va faire une entrée très officielle à l'Elysée, pour tenter d'améliorer la communication de François Hollande. La nomination devrait être rendue publique dans les tout prochains jours, selon plusieurs journaux.
La com', point faible de l'exécutif
Si le président fait appel à Claude Sérillon, sept mois après son arrivée au pouvoir, ce n'est pas seulement à cause de la proximité entre les deux hommes. Le journaliste, qui conseilla François Hollande pendant la campagne présidentielle (notamment pour préparer le débat d'entre-deux-tours face à Nicolas Sarkozy), arrive à l'Elysée à un moment où la communication du chef de l'Etat semble flotter.
En mai, François Hollande n'avait qu'une obsession : marquer la rupture avec son prédécesseur et imprimer la présidence "normale" qu'il avait promise aux Français. Mais dès l'été pointait une impression d'immobilisme.
Depuis, progressivement, le chef de l'Etat a essayé de corriger le tir. Sans toutefois empêcher une succession de couacs entre certains de ses ministres, ni l'inexorable chute de popularité de l'exécutif. Sans non plus éviter les hésitations, par exemple à propos de la liberté de conscience pour les maires qui ne voudraient pas célébrer de mariages entre homosexuels, ou de la gestion du dossier Florange.
Verdict de l'"ami" François Rebsamen, sénateur-maire de Dijon, sur le site Infos-Dijon.com : "La communication de l'Elysée n'est pas à la hauteur de l'action. (...) Pour moi, le plan, ça doit être : 'qu'est-ce que j'ai trouvé en arrivant, qu'est-ce que j'ai fait et où on va ?'."
Que peut apporter Claude Sérillon à l'Elysée ?
Le futur rôle de Claude Sérillon à l'Elysée n'est pas encore précisément connu. Il aura pour mission de "construire une parole", selon un ministre cité par Les Echos. Preuve que les signaux émanant du château sont pour l'instant illisibles. "Il n'a pas vocation à être le superdircom", confiait-on à l'Elysée fin novembre dans les colonnes du JDD.
Le journaliste devra donc se faire une place entre ceux qui, actuellement, assurent la communication élyséenne. A savoir Christian Gravel, un proche de Manuel Valls, et Claudine Ripert-Landler, une amie de quarante ans de François Hollande. Mais aussi Aquilino Morelle, le conseiller politique, ou Bernard Poignant, le conseiller officieux, qui distillent régulièrement quelques phrases aux journalistes.
Historiquement proche de la gauche, notamment sous François Mitterrand, Claude Sérillon était réputé, en tant que journaliste, pour assumer haut et fort ses choix éditoriaux. Porté sur l'international plus que sur les faits divers ou la politique politicienne. En investissant les murs de l'Elysée, il risque de devoir se convertir aux polémiques du quotidien.
L'Elysée et Matignon veulent reprendre la main
Depuis l'arrivée de la gauche au pouvoir, l'exécutif a tenté à plusieurs reprises de reprendre en main sa communication, avec plus ou moins de succès.
Fin août, François Hollande faisait déjà la leçon à ses ministres, rappelle Le Parisien. Certains membres du gouvernement allaient en effet jusqu'à s'opposer les uns aux autres par médias interposés. Une attitude qui mettait en lumière le manque d'autorité chronique du Premier ministre, par ailleurs peu intéressé par la communication. "Je ne suis pas quelqu'un qui fait des numéros de claquettes", avait-il lancé fin septembre sur le plateau de "Des Paroles et des actes", sur France 2.
Matignon a réagi en recrutant, en octobre, un nouveau conseiller spécialiste de la communication, Bernard Candiard. Conséquence ou coïncidence, Jean-Marc Ayrault a réussi - temporairement - à entrer dans son costume de Premier ministre, à la faveur du pacte de compétitivité présenté début novembre, plutôt bien accueilli par la presse.
François Hollande, après sa conférence de presse globalement réussie mi-novembre, pensait sans doute être reparti du bon pied sur le plan de la communication. C'était sans compter sur la gestion calamiteuse du dossier Florange. En laissant Jean-Marc Ayrault humilier publiquement Arnaud Montebourg, le président a sa part de responsabilité dans ce qui restera sans doute comme l'un des plus grands ratages médiatiques du quinquennat. De quoi donner à Claude Sérillon une idée de l'ampleur de la tâche qui lui est confiée.
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