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Copé-Fillon : pourquoi diriger l'UMP leur est indispensable pour 2017

Pour la première fois dans ce duel, la question du futur candidat à l'élection présidentielle de 2017 est ouvertement posée. Pour se mettre en ordre de bataille, la tête de l'UMP est un passage quasi obligatoire.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
François Fillon (à gauche) et Jean-François Copé, le 11 mars 2012, lors d'un meeting de Nicolas Sarkozy à Villepinte (Seine-Saint-Denis). (WITT / SIPA)

CHAOS A L'UMP - La partie de poker menteur continue à l'UMP. Deux semaines après le vote contesté du 18 novembre pour la présidence du parti, Jean-François Copé et François Fillon poursuivent leur dialogue de sourds, même si la situation semble légèrement moins bloquée que la semaine dernière.

Dimanche 2 décembre, Jean-François Copé est sorti de son silence pour proposer de raccourcir d'un an son mandat, ce qui provoquerait une nouvelle élection en 2014 dont le vainqueur, propose-t-il, ne pourrait concourir à la primaire de 2016. Pour la première fois dans ce duel, la question du futur candidat à l'élection de 2017 est ouvertement posée. Et pour cause : pour l'un comme pour l'autre, être aux manettes de l'UMP est un passage obligatoire pour la prochaine présidentielle. Francetv info vous explique pourquoi.

Pour s'affirmer comme le leader de l'opposition

Face à une gauche qui détient tous les leviers du pouvoir, l'UMP est attaquée de toutes parts sur ses plates-bandes d'opposante : par un Front national qui ne cesse de grignoter du terrain, et par une UDI qui laisse présager la viabilité d'un centre enfin rassemblé, derrière Jean-Louis Borloo. Dans ces conditions, l'UMP ne peut pas se permettre d'avoir deux chefs.

Or, le parti est une formidable machine de guerre au service de son chef. Le patron de l'UMP sera forcément considéré comme le leader de l'opposition ; l'autre sera forcément marginalisé. Jean-François Copé, fidèle à sa stratégie du "J'y suis j'y reste", l'a bien compris.

Après avoir été adoubé par la très contestée commission des recours, Jean-François Copé ne s'est pas fait prier pour être reçu par François Hollande dans le cadre de ses consultations sur la modernisation de la vie politique. Pour apparaître comme le leader naturel, il fait feu de tout bois. Depuis le milieu de la semaine dernière, la machine à communiqués de presse dénonçant la politique gouvernementale fonctionne à nouveau à plein tube. Tous sont écrits par des copéistes notoires comme Michèle Tabarot ou Valérie Debord.

Pour labourer le terrain en vue de la primaire

Etre à la tête du parti, c'est aussi se donner les moyens de faire campagne sans le dire, et surtout gratuitement. Une technique déjà éprouvée par le député-maire de Meaux (Seine-et-Marne) avant l'élection du 18 novembre.

Après le vote, les fillonistes ont critiqué l'attitude de Jean-François Copé, l'accusant d'avoir utilisé "les moyens du parti" pendant la campagne. Cela n'a profité "qu'à un seul candidat, Jean-François Copé", a ainsi dénoncé Dominique Dord, trésorier démissionnaire.

Depuis qu'il est arrivé à la tête de l'UMP, en 2010, Jean-François Copé n'a cessé de parcourir les fédérations de France et de Navarre "à la rencontre des militants". Alors que l'affrontement post-scrutin n'est toujours pas réglé, c'est bien en tant que président de l'UMP qu'il s'est rendu à Nancy (Meurthe-et-Moselle) dimanche, pour une réunion militante, montrant ainsi qu'il règne bel et bien sur l'appareil du parti.

Pour ne pas tomber dans l'oubli médiatique

Pour le vaincu, en revanche, la perspective de la présidentielle s'assombrit. Echouer à conquérir le parti, cela signifie moins d'interventions dans les médias et donc une moindre visibilité que son principal adversaire, jusqu'à susciter une certaine indifférence. En 2008, après avoir perdu d'un cheveu contre Martine Aubry pour la tête du PS, Ségolène Royal n'a jamais pu rebondir. Trois ans plus tard, l'ex-candidate à la présidentielle a recueilli un piètre score de 7% à la primaire PS.

Dans le cas de François Fillon, la situation est particulièrement délicate. S'il ne veut pas sortir des écrans radars, il sera condamné à sortir le grand jeu en se présentant aux élections municipales à Paris, où la gauche semble bien implantée. Une défaite de l'ancien Premier ministre le placerait dans une situation fort inconfortable. Ce n'est peut-être pas pour rien que Jean-François Copé souhaite faire revoter les militants "au lendemain des élections municipales".

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