Coupe du monde 2022 : la famille d'un ouvrier népalais mort sur un chantier au Qatar réclame justice
Les stades et autres infrastructures de la Coupe du monde de football du Qatar ont en grande partie été construits par des ouvriers népalais. Plus de 1 000 d'entre eux sont décédés depuis 10 ans, souvent dans des conditions suspectes. Leurs familles réclament justice.
Le 12 mai 2022, Ganga Sahani s’apprête à reprendre le travail sur un chantier de construction de Doha (Qatar). Le soleil frappe fort. Et quelques minutes après, ce maçon népalais de 47 ans s’écroule et décède. Rampukar, son fils, resté au Népal, est en colère. "Mon père n’avait aucun problème de santé. Je ne comprends pas comment il a pu mourir aussi soudainement."
Cet ouvrier népalais travaillait pour la société qatarie Hassanesco, impliquée dans la construction de bâtiments en marge de la Coupe du monde de football 2022, et devait ainsi lever des blocs de brique et béton dans la chaleur infernale du Qatar. Mais sur le certificat de décès, il est écrit "mort naturelle, crise cardiaque". Une deuxième injustice pour son fils, Rampukar. "N’importe où dans le monde, quand un ouvrier meurt sur un chantier, la compagnie indemnise la famille. Mais au Qatar, les entreprises sont de mèche avec les hôpitaux pour enterrer ces affaires. Et ils ne nous ont rien donné. "
Mille Népalais sont morts en dix ans
Plus de 400 000 Népalais travaillent au Qatar, comme maçons ou charpentiers, payés 300 euros par mois en moyenne. Ces métiers sont exposés à la chaleur et sont donc périlleux : plus de 1 000 Népalais sont morts en dix ans, soit un tous les trois jours. Doha affirme que les deux tiers de ces décès ont des causes naturelles.
Invraisemblable, estime le docteur Bhishwa Raj Dawadi, consultant médical au ministère népalais des emplois à l’étranger. "Un homme dynamique de 40 ans ne meurt pas soudainement d’une crise cardiaque ! Ces ouvriers travaillent pendant 12 heures par jour sous la chaleur extrême, et ceci peut entraîner une forte déshydratation et des insuffisances rénales. Mais nous ne pouvons le confirmer, car les Qataris ne réalisent pas d’autopsie."
Une étude scientifique récente démontre que les accidents cardiovasculaires chez ces travailleurs népalais étaient jusqu’à quatre fois plus élevés que la normale, à cause de leur exposition excessive au soleil. Et que près d’un tiers de ces décès au Qatar auraient pu être évités en offrant de meilleures protections à ces ouvriers.
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