Coupe du monde de football : une gardienne malentendante, l'importance du football autochtone... Trois choses à savoir sur l'Australie, adversaire des Bleues en quarts
Un sommet d'envergure internationale. À domicile, l'équipe d'Australie reçoit les Bleues, samedi 12 août, en quarts de finale de la Coupe du monde. Un choc entre deux candidats à la victoire finale pour se disputer une place dans le dernier carré, contre l'Angleterre ou la Colombie.
La France vise en effet une deuxième demi-finale mondiale après celle perdue en 2011 contre les Etats-Unis, tandis que les Matildas n'ont jamais dépassé le stade des quarts en huit participations. Pour l'occasion, la star locale, Sam Kerr, a effectué son retour lors du huitième de finale contre le Danemark (2-0), après avoir manqué le début de compétition en raison d'une blessure au mollet. Présentation de cet adversaire aux nombreux particularismes.
Mackenzie Arnold, gardienne malentendante
Dans les cages de la 10e nation au classement Fifa, la gardienne Mackenzie Arnold a la particularité d'être malentendante. Dans une vidéo postée en octobre dernier par la sélection aussie, la portière a reconnu que "[son] audition était probablement de 70 %". Un handicap dont elle s'est rendu compte lors de la pandémie. "Lorsque tout le monde a commencé à porter des masques, j'ai réalisé que je lisais probablement beaucoup plus sur les lèvres que je ne le pensais", a-t-elle expliqué au Sydney Morning Herald avant le Mondial.
"On m'a dit que si je ne recevais pas d'appareils auditifs, cela ne ferait qu'empirer, car c'est comme un muscle qui, si vous ne l'utilisez pas, se détériore avec le temps", a détaillé l'internationale australienne, dont le trait de caractère le plus énervant, d'après ses proches, est souvent de faire répéter les gens. Elle ne porte toutefois pas ses nouveaux appareils auditifs sur le terrain, de peur "de passer son temps à les triturer".
Après la défaite contre le Nigeria en poules (2-3), la gardienne de 29 ans s'est justement questionnée sur leur impact les jours de match. "Je n'étais pas satisfaite de ma performance et en y repensant, je n'ai pas porté mes appareils auditifs de la journée. Mon cerveau n'était peut-être pas assez stimulé, a-t-elle tenté de justifier à Optus Sport. Je me sens beaucoup plus en confiance lorsque je les porte [en amont], j'ai l'impression d'être beaucoup plus alerte et connectée". Nul ne dit que c'est ce qui lui a permis de l'être, mais celle qui a été promue avec brio numéro 1 en janvier par le sélectionneur Tony Gustavsson a gardé sa cage inviolée lors de toutes ses autres rencontres au Mondial, notamment lors du succès sur les championnes olympiques canadiennes (4-0).
Des liens affichés avec le football autochtone
Si Mackenzie Arnold peut se targuer d'être dans les buts durant ce tournoi, c'est qu'elle a pris la place d'une certaine Lydia Williams, passée par le PSG la saison écoulée. À 35 ans, la gardienne aux plus de 100 capes avec les Matildas est néanmoins dans le groupe pour apporter son expérience. Avec une autre centenaire, Kyah Simon, ce sont les deux représentantes autochtones de l'équipe nationale.
L'attaquante de Tottenham s'est elle faite remarquer à 18 ans en marquant le tir au but décisif en finale de la Coupe d'Asie 2010, la seule remportée par l'Australie qui a longtemps évolué avec la confédération océanienne. Kyah Simon est ensuite devenue la première Aborigène à marquer en Coupe du monde l'année suivante.
"Football Australia est fier de sa riche histoire de footballeuses des Premières nations qui ont représenté nos équipes nationales à tous les niveaux, a déclaré fin 2022 Courtney Hagen, membre de la Fédération et elle-même autochtone, comme rapporté par le National Indigenous Times. Nous avons actuellement cinq représentantes dans nos programmes d'équipes nationales féminines, mais nous reconnaissons qu'il est possible de faire plus pour augmenter cette représentation". De son côté, la FIFA a accepté que les drapeaux indigènes en Australie et maoris en Nouvelle-Zélande soient affichés dans les stades du Mondial.
Le surnom Matilda en hommage à un célèbre kangourou
Tandis que les Bleues ont hérité de leur surnom en accordant celui de l'équipe masculine, les joueuses australiennes sont désignées comme les Matildas. Un terme - bien loin des "Socceroos" employés chez les hommes - qui était à l'origine celui de la mascotte kangourou utilisée pour les Jeux du Commonwealth à Brisbane en 1982. Neuf ans plus tard, la Fédération en charge du football féminin (AWSA) a organisé une réunion pour définir son identité alors que la sélection espérait disputer le premier Mondial de l'histoire.
"On nous appelait les Soccerettes ou les Socceroos féminines… Je suis arrivée et j'ai dit : 'Et Matilda ? C'est une femelle kangourou. Elle avait un joli clin d'œil, du genre 'ok, nous voilà'. Les gants de boxe en l'air, genre 'hey, on va te battre''. Tout semblait nous convenir", a restitué à ABC News Sharon Young, internationale à l'époque. Finalement, l'Australie ne s'est pas qualifiée pour la Coupe du monde 1991 et il a fallu attendre l'édition suivante avant que le sujet ne revienne sur la table.
"Nous revenions sans cesse à ce terme de Matilda", a raconté Peter Hugg, l'ancien directeur général de l'AWSA. Il s'agissait d'un nom de femme, ce qui cochait la case. C'était un terme clé de notre hymne national officieux [Waltzing Matilda] et un livre de Roald Dahl, intitulé Matilda, venait de sortir au cinéma", a raconté le dirigeant. La chaîne de télévision SBS a tout de même permis à ses téléspectateurs de choisir le nom définitif via un concours et "Matilda" a été plébiscité, même cela a ensuite pris un moment avant qu'il soit accepté par tout le monde. Samedi, il devrait être sur toutes les lèvres à Brisbane pour supporter l'Australie contre les Bleues.
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