Coupe du monde 2022 : le Danemark à la pointe de la défense des droits de l'homme au Qatar, les Bleus en service minimum
Entre la France et le Danemark, qui s'affrontent samedi 26 novembre, à 17 heures, le contraste est saisissant à tous les étages. Si l'aspect sportif est pour l'instant anecdotique – les Bleus ont facilement battu l'Australie (4-1), leurs adversaires ont eux peiné contre la Tunisie (0-0) – le match qui se joue en dehors du terrain l'est un peu moins. Et les dernières sorties des Danois et de leur fédération ont encore montré le fossé entre les deux sélections : quand les Français font le service minimum sur les droits humains et les polémiques autour du Mondial au Qatar, les Danois osent les critiques.
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La dernière controverse autour du brassard "One Love" contre les discriminations, auquel sept sélections européennes, dont le Danemark, ont renoncé à cause des menaces de sanctions sportives de la Fifa, a irrité les Danois. "C'est complètement ridicule que porter ce brassard puisse entraîner un carton jaune", a jugé Simon Kjaer, le capitaine du Danemark. Son sélectionneur, Kasper Hjulmand, a lui estimé que "le message n'est pas controversé", alors que le président de la fédération danoise de football est allé encore plus loin. Jesper Moller est entré dans une colère noire mercredi :
"Ce qu'il s'est passé est profondément injuste, répréhensible. Je suis en colère."
Jesper Mollerlors d'une conférence de presse improvisée
Et de promettre qu'il ne soutiendrait pas le président de la Fifa, Gianni Infantino, lors de la prochaine élection à la présidence de l'instance en 2023. Dans le même temps, l'ex-Première ministre danoise a défié les autorités du Qatar en arborant une robe aux manches arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBTQ+, lors de Danemark-Tunisie, alors que l'homosexualité est illégale dans l'émirat.
Globalement, le Danemark s'est toujours montré très actif autour des nombreuses aberrations et polémiques entourant ce Mondial, tandis que les Bleus ont abandonné l'idée de porter le brassard "One Love" avant la compétition, promettant toutefois de soutenir des ONG qui œuvrent pour la protection des droits humains.
Des maillots volontairement sobres
Dès avril 2021, les Danois avaient mis la pression sur la Fifa, en réclamant dans une lettre "une enquête poussée sur le nombre de morts parmi les travailleurs migrants au Qatar". Le directeur général de la Fédération, Jakob Jensen, et son président Jesper Moller, avaient exigé des "actes". Quelques semaines plus tôt face à la Moldavie, les joueurs danois avaient porté un tee-shirt avec le slogan "Le football soutient le changement" en guise de protestation contre la Coupe du monde dans l'émirat.
Les protestations se sont intensifiées à l'approche de la compétition et le maillot danois illustre assez bien la position du pays. Hummel, l'équipementier des Danois, a présenté fin septembre un troisième maillot noir, "la couleur du deuil", tandis que les maillots iconiques des Rouges et Blancs s'inscrivent dans la sobriété. Le logo d'Hummel, ses chevrons et le blason de la sélection y sont "atténués" sur les deux premiers maillots, presque effacés. "Nous ne souhaitons pas être visible pendant un tournoi qui a coûté la vie à des milliers de personnes", a justifié l'équipementier.
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Le Danemark voulait aussi arborer sur ses maillots d'entraînement un message en faveur des droits humains, avec l'inscription "Droits de l'homme pour tous". Mais la Fifa, qui interdit dans son règlement les messages à caractère politique ou religieux lors de ses compétitions, a refusé. "Nous avons envoyé une demande à la Fifa, mais la réponse est négative. Nous le regrettons", a affirmé le 10 novembre le directeur général de la fédération danoise de football, Jakob Jensen, qui a rejeté le caractère politique du message.
Dans un courrier aux 32 équipes qualifiées pour le Qatar, Gianni Infantino, le président de la Fifa, leur avait demandé de se concentrer sur le football. Un avertissement auquel ont répondu publiquement huit nations qualifiées, dont le Danemark, dans une lettre ouverte. Ces fédérations avaient assuré qu'elles allaient "continuer de soutenir la dynamique en faveur d'un changement positif et progressif" et de "faire pression" pour deux mesures : la mise en place d'un "fonds de compensation pour les travailleurs migrants" et la création d'un "centre pour les travailleurs migrants" à Doha. Une preuve de plus de l'engagement danois en dehors du terrain.
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