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Festival de Cannes 2023 : les films coups de cœur de la rédaction de Franceinfo Culture

A l’heure du bilan, les journalistes de Franceinfo Culture reviennent sur les films et documentaires qui les ont émus, amusés ou interrogés. Une sélection forcément subjective et non exhaustive. Cannes 2023, un excellent cru.
Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 8min
Le Palais des Festivals, à Cannes, orné de l'affiche du 76e Festival international du film. (BEATA ZAWRZEL / NURPHOTO)

De la compétition officielle à la Quinzaine des cinéastes en passant par la Semaine de la critique, Un certain regard ou Cannes Première, nos journalistes ont écumé, curieux, les diverses sélections du Festival sans parvenir à tout voir, loin s'en faut. Suffisamment cependant pour vous proposer cette sélection, forcément subjective, qui traduit la richesse et la diversité de l'offre cannoise.

"The Zone of Interest" de Jonathan Glazer, en compétition

Projeté au début du Festival, The Zone of Interest de Jonathan Glazer ( Under the Skin) était cité sur la Croisette comme Palme potentielle ou Prix assuré au palmarès. Ce portrait du commandant du camp d'extermination d’Auschwitz, Rudolf Höss (Christian Friedel), et de sa femme Hedwig (Sandra Hüller), attachés à leur résidence près du camp, est glaçant. Tout en non-dits, suggérant l’horreur dans le bonheur du couple, et des images idylliques, jamais la Shoah n’a été évoquée dans un film avec une telle pudeur et une telle force : bouleversant.

"Anatomie d’une chute" de Justine Triet, en compétition 

Avec Anatomie d’une chute , Justine Triet (Victoria) signe un magnifique film procès dont le titre se réfère à Anatomie d’un meurtre (1959) d’Otto Preminger. Le film vaut pour son scénario remarquable ou Sandra (Sandra Hüller) est soupçonnée du meurtre de son mari. Le suspense sur la culpabilité ou non de l’épouse tient jusqu’au verdict final, grâce à une écriture qui ménage ses effets, tout en progression, et une mise en scène où un couple est décortiqué au scalpel pour faire éclater la vérité. 

"L’Eté dernier" de Catherine Breillat, en compétition

Catherine Breillat (Abus de faiblesse) a bien fait de revenir au cinéma après dix ans d’absence, puisqu’elle signe avec L’Eté dernier sans doute un de ses meilleurs films. Avocate, Anne (Léa Drucker) met sa carrière et sa famille en péril suite à sa liaison avec son beau-fils de 17 ans (Samuel Kircher). Remake du film danois Dronnigen (2019), de May el-Toukhy, L’été dernier entre au cœur de l’intimité d’une famille recomposée mise à mal par une passion filmée comme un thriller. Léa Drucker et le jeune Samuel Kircher y sont remarquables et peuvent prétendre au Prix d’interprétation. 

"Les herbes sèches" de Nuri Bilge Ceylan, en compétition

Les herbes sèches, film mélancolique et un brin bavard, est une œuvre hypnotique. Pour son retour à Cannes après sa Palme d’or en 2014, le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan signe un long métrage à tiroirs. Il instaure un climat d'ambiguïté où les choses ne sont jamais ce qu'elles semblent être. Nuri Bilge Ceylan sait filmer et ça se voit : une succession de tableaux époustouflants. Les herbes sèches, un (grand) film sur l’engagement, l’indifférence et l’utopie. Nuri Bilge Ceylan, un réalisateur inspiré. 

"Si seulement je pouvais hiberner" de Zoljargal Purevdash, Un certain regard

Ce film mongol de la cinéaste Zoljargal Purevdash est une gifle aussi bien pour l’histoire universelle de ce drame qui se déroule par -35 degrés que pour son esthétique raffinée. C’est un grand film, de la veine du Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica. Un film social et politique, d’une intelligence et d’une sensibilité inouïes. C’est l’histoire d’Ulzii, un adolescent d’un quartier défavorisé d’Oulan-Bator, qui remplace père et mère pour nourrir son frère et sa sœur. Bouleversant. 

"Etat limite" de Nicolas Peduzzi, à l'ACID

Un documentaire - réquisitoire féroce et tendre à la fois sur la situation de la médecine psychiatrique. Nicolas Peduzzi suit un psychiatre et ses patients atteints de troubles mentaux ou en grande fragilité médicale ou sociale dans un hôpital francilien. Comment bien soigner dans une institution malade ? Etat des lieux effrayant. Poignant, juste, humaniste, Etat limite est un coup de poing et un coup de cœur. 

"La fille de son père" d'Erwan Le Duc, Semaine de la Critique

Le second long métrage d’Erwan Le Duc explore avec tendresse et humour la relation entre une adolescente et son père. Céleste Brunnquell et Nahuel Perez Biscayart forment un duo complice et singulier. Des situations hilarantes, des personnages secondaires hauts en couleurs, un comique pince-sans-rire qui fait mouche. La fille de son père qui faisait la clôture de la Semaine de la Critique a été ovationé par le public du Miramar. Les spectateurs ravis de cette parenthèse enchantée ont applaudi toute l’équipe pendant de longues minutes.  

"L'Amour et les Forêts", de Valérie Donzelli, Cannes Première  

Chaque apparition de Virginie Efira à Cannes est une standing ovation garantie. Avec Rien à perdre, L'Amour et les Forêts, adaptation du roman éponyme d'Eric Reinhardt, est le deuxième long-métrage cannois mettant en scène la chouchoute du public sur la Croisette. Mais aucun ne concourt pour la Palme d'or. Pourtant, le sixième film de Valérie Donzelli parvient à suggérer sans trop montrer, à choquer par les mots plus que par les coups. Les dialogues sont saisissants, les silences glaçants. Un thriller conjugal puissant qui aurait mérité sa place en compétition.

"Rosalie" de Stéphanie Di Giusto, Un certain regard

Une tendresse se dégage du deuxième film de Stéphanie Di Giusto qui signe une sublime romance, magnifiquement incarnée par un nouveau duo de cinéma qui restera inoubliable, celui formé par Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel. En s’inspirant de l’histoire de Clémentine Delait - femme à barbe qui réclama son droit à la différence en faisait fi du regard des autres, Di Giusto rappelle encore une fois que l’amour - de soi-même, de son âme sœur et des autres - est le sentiment qui transcende tout. 

"Goodbye Julia" de Mohamed Kordofani, Un certain regard 

Un formidable traité politico-social réalisé par Mohamed Kordofan. Sa caméra a plongé dans le cœur des Soudanais et des Sud-Soudanais qui, autrefois, vivaient encore ensemble. Le réalisateur soudanais signe un film facile d’accès sur une réalité complexe en s’appuyant sur un excellent casting et une intrigue révélatrice des contradictions qui traversent les êtres humains. 

"Le livre des solutions" de Michel Gondry, Quinzaine des cinéastes

Après huit ans d'absence du grand écran, le réalisateur Michel Gondry fait son retour avec l’un des films les plus drôles du Festival de Cannes. Le livre des solutions, autoportrait d’un homme ultra-créatif et indomptable, se permet toutes les excentricités. Pierre Niney, en alter ego du cinéaste qui se sent " triste le matin et manipulé l’après-midi", est hilarant. Blanche Gardin en monteuse bienveillante et exaspérée par les fulgurances de son collègue et ami, sonne juste. Cette comédie tendre et chaotique est aussi un bel éloge du bricolage et de l’artisanat au cinéma. 

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