L'étoile de Cannes (14/14) : "Une Affaire de famille" du japonais Kore-eda remporte la palme d'or du 71e Festival de Cannes
C’est finalement "Une Affaire de famille" du japonais Kore-eda qui remporte la palme d'or du 71e Festival de Cannes, une consécration pour un cinéaste consensuel, au sens noble du terme, déjà souvent primé.
À 55 ans Hirokazu Kore-eda a bâti une œuvre riche, cohérente, dans laquelle il affirme un style et un thème de prédilection, la famille. Il fait partie de ces cinéastes témoins de l'évolution d'une société abîmée par la course aux progrès matériels et il sait avec une grande finesse montrer ce que ces crises récurrentes font de mal aux liens familiaux. Chez lui, pas de situations extraordinaires, il part du quotidien et met en contact plusieurs générations, comme dans cette famille qui n'en est pas vraiment une.
Crûment, mais tendrement
Dans une maison minuscule, ils vivent, de la grand-mère aux petits enfants, les uns sur les autres, dans une grande précarité, se parlent crûment, mais la tendresse entre eux finit par l'emporter. "Famille", c'est vite dit : on découvre qu'ils se sont choisis, qu'à part quelques-uns, ils n'ont pas de liens de sang, c'est une famille élective. La dernière arrivée est une toute petite fille adorable, que ses parents ont oublié sur un balcon gelé, quand ils la recueillent, elle est pleine de bleus, du coup ils la gardent et l'enfant s'intègre à merveille. Mais chez ces gens-là la marge est un choix, alors ils volent, arnaquent, gentiment, ce n'est pas très moral, mais il y a plus d'amour chez eux que dans beaucoup de familles biologiques.
Élégant et simple
Kore-eda n'a pas de détracteurs. On lui a bien parfois reproché d'être un peu manichéen, mais pas davantage. Ses acteurs sont parfaits, ses images toujours léchées mais pas trop. Il est élégant et simple et sait construire des scènes qui marquent, comme ce plan en plongée où toute la famille lève les yeux au ciel vers un feu d'artifice qu'ils ne peuvent pas voir mais qu'ils entendent. Chez Kore-eda, il y a souvent une grand-mère espiègle qui parle cru, des hommes assez lâches, du vent dans les arbres, des sourires qui ne font pas cinéma. En 2004 pour Nobody knows l'un de ses meilleurs films son acteur principal a eu le prix d'interprétation, en 2013. Tel père, tel fils gagne le prix du jury et cette année, hormis le Coréen Lee Chang Dong étrangement absent du palmarès, il n'avait pas de concurrent, dès lors que le jury décidait de de ne pas succomber à l'idée d'une palme politique et militante.
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