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Le festival de Cannes sélectionne toujours les mêmes réalisateurs : la preuve en trois graphiques

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Le cinéaste espagnol Pedro Almodovar lors de son dernier passage sur le tapis rouge du festival de Cannes, le 19 mai 2011. (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Pedro Almodovar, les frères Dardenne, Ken Loach : c'est le menu de la sélection 2006, non, 2009, non, 2011, non, 2016 du festival de Cannes, qui s'ouvre mercredi.

Cette année, la sélection officielle du festival de Cannes, qui s'ouvre mercredi 11 mai, ressemble un peu à la Ligue 1 de football : 21 films, mais seulement 4 promus qui n'avaient jamais atteint le niveau de la compétition suprême. Pour le reste, la liste des réalisateurs réservera peu de surprises à quiconque a vaguement suivi le rendez-vous cannois dans les dernières décennies.

On y trouve les éternels habitués (les frères Dardenne, Ken Loach, Pedro Almodovar, Olivier Assayas, Jim Jarmusch, sans compter Woody Allen en ouverture), mais aussi quelques revenants (Bruno Dumont, Nicole Garcia, Cristian Mungiu) et de jeunes cinéastes (Xavier Dolan, Jeff Nichols, Nicolas Winding Refn) qui ont récemment rejoint le groupe de ceux qui ont leur rond de serviette sur la Croisette. Cannes, un festival fermé : la critique est récurrente, mais est-elle juste ? Pour le savoir, francetv info s'en remet aux chiffres.

En moyenne, les cinéastes en compétition cette année ont été sélectionnés trois fois

Pour mesurer à quel point la sélection 2016 sent le déjà-vu, du moins sur le papier, il suffit de se pencher sur l'historique, à Cannes, des réalisatrices et réalisateurs présents en compétition. En moyenne, ils ont été sélectionnés plus de trois fois (en comptant cette année), un chiffre que certains dépassent largement. La palme revient au Britannique Ken Loach, qui concourt pour la treizième fois à la Palme d'or, et est venu 18 fois sur la Croisette depuis 1970. 

La sélection officielle n'est pas franchement le lieu pour découvrir de nouvelles têtes : c'est le cas de quatre réalisateurs cette année, mais deux d'entre eux sont déjà habituées des compétitions parallèles, plus confidentielles et défricheuses, où ils ont même gagné des prix. Restent donc deux authentiques nouveaux, l'Allemande Maren Ade et le Brésilien Kleber Mendonça Filho.

Et quand on a ses habitudes à Cannes, on ne quitte plus le festival : douze des réalisateurs de cette année avaient déjà présenté leur précédent film à Cannes, en compétition pour huit d'entre eux. Pour certains, c'était seulement il y a deux ans. Des jeunes comme Nicolas Winding Refn ou Xavier Dolan sont peut-être partis pour devenir aussi inamovibles que les frères Dardenne. Mais personne n'a sa place réservée : ainsi, le dernier film d'Almodovar, Les Amants passagers, n'était pas à Cannes, où l'Espagnol fait pourtant partie du paysage.

Les frères Dardenne et Nanni Moretti, présents à chaque fois qu'ils réalisent un film

On ne verra pas l'Italien Nanni Moretti à Cannes cette année, mais il n'a pas trop de souci à se faire s'il veut être réinvité : depuis vingt ans, il a sorti cinq films et tous ont été retenus en compétition. Les frères Dardenne font aussi un sans-faute sur les deux dernières décennies. Dans l'ombre du très prolifique Ken Loach, dont les deux tiers des films sont retenus, on découvre d'autres cinéastes qui ont leur carte de membre dans ce petit cercle des habitués : James Gray, Nuri Bilge Ceylan, Paolo Sorrentino... Au total, ils sont 25 habitués récents du festival, à avoir monté le tapis rouge au moins quatre fois sur les vingt dernières années.

Une compétition moins ouverte que dans les festivals concurrents

Certes, la compétition de Cannes est le domaine quasi-réservé des habitués. Mais n'est-ce pas le lot de tous les festivals prestigieux ? Une comparaison avec les autres festivals importants balaye cette hypothèse. Les deux grands festivals européens, la Berlinale et la Mostra de Venise, ont sélectionné, pour leur dernière édition, trois quarts de cinéastes qui n'avaient jamais été en course pour l'Ours d'or ou le Lion d'or. Sans surprise, l'écart est encore plus grand avec Sundance, qui se positionne plutôt sur le jeune cinéma indépendant (l'autre grand festival nord-américain, celui de Toronto, n'organise pas de compétition).

Pour rafraîchir leurs têtes d'affiche, les sélectionneurs cannois pourraient donc s'inspirer de leurs rivaux. Mais cette stratégie aurait un prix : moins de stars sur le tapis rouge. Cette situation reflète aussi la hiérarchie des festivals, où Cannes continue d'être la priorité de nombreux grands cinéastes. Berlin et Venise ne diraient sans doute pas non aux Dardenne et à Almodovar, mais ceux-ci continuent de préférer la Croisette.

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