La maison Van Cleef & Arpels, l'or des Ming, la collection de Kazumi Arikawa : les bijoux, objets de quatre expositions à Paris cette rentrée

Dans de beaux musées ou salles d'exposition parisiens, découvrez la tradition historique de la joaillerie, un art qui a la cote.
Article rédigé par Corinne Jeammet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 6 min
Broche-camée à l'effigie de Napoléon Ier, Nicolas Morelli, début du XIXe siècle (collection privée). (ALBION ART JEWELLERY INSTITUTE / NILS HERRMANN)

Si la Galerie du patrimoine de Van Cleef & Arpels invite à une promenade au cœur d'un jardin joaillier, l'École des arts joailliers propose, quant à elle, de découvrir la vision d'un collectionneur sur quatre décennies, Kazumi Arikawa, à l'occasion du lancement de son livre et d'une exposition. Au musée Guimet, plongez dans le faste de la cour impériale des Ming, à la découverte de l'art, aussi codifié que raffiné, de la parure féminine en or, tandis qu'à la galerie Negropontes, succombez aux bijoux surréalistes. Suivez le guide.

"Van Cleef & Arpels : promenade au cœur d'un jardin joaillier"

À la Galerie du patrimoine, l'exposition Van Cleef & Arpels : promenade au cœur d'un jardin joaillier présente 50 bijoux et objets précieux conservés dans la collection patrimoniale et datant des années 1930 au début des années 2000. En 1907, un an après la fondation de Van Cleef & Arpels, une marguerite éclot dans le jardin de cette maison de haute joaillerie. "Elle tient une place importante dans nos collections, car on effeuille la marguerite... et la maison est née d'une histoire d'amour entre Alfred Van Cleef et Estelle Arpels. La romance tient une place importante au sein de notre ADN", précise notre guide. Depuis, la maison n'a cessé de s'inspirer de la flore, régulièrement réinterprétée, pour en retranscrire la délicatesse et la vitalité au travers de clips, motifs d'oreilles, colliers ou accessoires. Au fil des décennies, influencé par différents courants artistiques, Van Cleef & Arpels imagine des compositions figuratives et des motifs stylisés, pétillants bouquets champêtres ou délicats gerbes où la fraîcheur des fleurs des champs ou des bois semble capturée.

Exposition "Van Cleef & Arpels : promenade au cœur d'un jardin joaillier". Clip fleurs de 1959 en or jaune, or blanc, émeraudes, rubis, saphirs, turquoise, émail et diamants. (VAN CLEEF & ARPELS)

L'exposition démontre la façon dont la maison de haute joaillerie est parvenue au cours de son histoire à évoquer deux univers par essence éphémères : la flore et la faune. Depuis les origines, ses créations inspirées de la nature attestent de la virtuosité de ses artisans qui parviennent à retranscrire volume et mouvement. Ainsi brevetée en 1933, la technique du serti mystérieux permet à la monture métallique de s'effacer au profit des gemmes. Une attention toute particulière a été apportée à la scénographie de l'exposition, comme cet incroyable clip oiseau de 1966 au plumage coloré et serti de diamants présenté sur un fond ressemblant à une forêt. C'est en réalité une marqueterie de fils signée de la brodeuse Solenne Jolivet. Sublime.

Exposition "Van Cleef & Arpels : promenade au cœur d'un jardin joaillier", jusqu'au 13 janvier 2025. Van Cleef & Arpels. Galerie du patrimoine, 20 place Vendôme, 75001 Paris. Entrée gratuite.

"Divins joyaux. À la recherche de la beauté" à l'École des arts joailliers

L'École des arts joailliers a été choisie par le collectionneur Kazumi Arikawa pour le lancement de son livre Divins joyaux. À la recherche de la beauté. L'hôtel de Mercy-Argenteau accueille pour l'occasion une vingtaine de pièces de sa collection. "Monsieur Arikawa nous a régulièrement prêté plusieurs de ses précieux trésors pour nos expositions, comme Un art nouveau. Métamorphoses du bijou, indique Élise Gonnet Pon, directrice de L'École des arts joailliers France & Europe.

Le collectionneur partage avec L'école de nombreuses valeurs, telles que la reconnaissance du bijou comme forme d'art, la préservation des savoir-faire et la dimension symbolique, voire philosophique attachée à chaque pièce. Construit en dix chapitres, ce magnifique livre présente 250 pièces précieuses, depuis les camées et intailles de l'Antiquité aux pièces naturalistes du XIXe siècle. Tout au long de sa carrière, le fondateur et président d'Albion Art Jewelry Institute à Tokyo a recherché les gemmes les plus éblouissantes : il possède des pièces rares, à la valeur artistique et historique inégalée, dont des joyaux royaux venant de d'Europe, ainsi que la plus grande collection de diadèmes historiques. Pour celui qui a passé plusieurs années en tant que moine bouddhiste, l'art du bijou est un voyage spirituel, une exaltation des émotions et une célébration de la beauté universelle, qu'il s'est donné pour mission de diffuser via des publications et des expositions.

Rayonnant autour du livre, une vingtaine de joyaux de sa collection sont exposés. Ils témoignent de quarante années de parcours de collectionneur, depuis les portraits de souverains sur des camées et intailles en passant par les diadèmes, colliers et ornements précieux. Les bijoux Art nouveau y tiennent une place de choix. Le XXe siècle est représenté, par exemple, avec une broche ballerine signée Van Cleef & Arpels de 1951 d'après un dessin de Maurice Duvalet. On est tombé en extase devant un diadème peigne branches de saule de René Lalique de 1903. Un choc visuel incontestable !

Exposition "Divins joyaux. À la recherche de la beauté" jusqu'au 26 septembre 2024, hôtel de Mercy-Argenteau, 16 bis boulevard Montmartre, 75009 Paris. Réservation obligatoire d'une visite guidée de 30 minutes.

"L'or des Ming, fastes et beautés de la Chine impériale" au musée Guimet

Cette exposition est organisée par le musée Guimet et le musée des Beaux-Arts de Qujiang (Xi'an, Shaanxi, Chine) dans le cadre de l'année franco-chinoise du tourisme culturel et de la célébration du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et la Chine. Les œuvres présentées appartiennent à la collection de M. Kwok. Grâce aux prêts du musée des Beaux-Arts de Qujiang, le musée Guimet présente cette exposition consacrée à l'orfèvrerie d'or sous la dynastie des Ming (1368-1644). C'est une invitation dans le faste de la cour impériale, à la découverte de l'art, aussi codifié que raffiné, de la parure féminine. C'est un témoignage de la splendeur et du raffinement de l'orfèvrerie et de l'art du bijou, durant une période aujourd'hui considérée comme l'un des âges d'or de la civilisation chinoise.

Exposition "L'or des Ming, fastes et beautés de la Chine impériale" : épingles à cheveux à décor de crabe de la dynastie Ming (1368-1644) en filigrane d'or serti de perles et rubis. Collection Xi'an, musée des Beaux-Arts de Qujiang. (PETER VIEM KWOK'S DONG BO ZHAI COLLECTION)

Les objets d'or remontant à l'époque Ming sont aujourd'hui très rares. Compte tenu de la valeur du métal précieux dont ils sont faits, nombre d'entre eux ont par la suite été fondus pour permettre la fabrication de nouvelles pièces au goût du jour. Ainsi, seuls de très rares objets sont parvenus jusqu'à nous. Coups de cœur pour les nombreuses boucles d'oreilles présentées ici qui sont d'un incroyable raffinement et d'une belle poésie.

Exposition "L'or des Ming. Fastes et beautés de la Chine Impériale" jusqu'au 13 janvier 2025. musée national des arts asiatiques Guimet, 6 place Iena, 75016 Paris.

Les bijoux surréalistes à la galerie Negropontes

Mouvement s'inspirant du monde des rêves, de l'imaginaire et de l'exploration de l'inconscient, le surréalisme a profondément marqué, au fil du temps, les domaines artistiques dont celui de la joaillerie et des créateurs. La galerie Negropontes dévoile sa nouvelle collection de bijoux surréalistes, fruit de la rencontre entre les artistes de la galerie – quittant leurs pratiques habituelles et explorant le domaine du bijou – et d'autres artistes, joailliers et bijoutiers.

Soleil, bijoux signé par les artistes Agnès Baillon et Éric de Dormael, 2023, en résine et laiton. (GALERIE NEGROPONTES)

À travers cette collection surréaliste, ils explorent le monde poétique de l'imaginaire et rendent hommage aux artistes qui les ont précédés par le biais d'une figuration onirique, d'autres par des expressions abstraites. Chacun joue ici avec les échelles : expérimentations miniatures de formes et de matières aux accents surréalistes. De cette fusion naissent des créations originales, précieuses, oscillant entre rêve et réalité : collier en forme de serpent d'Elena Syraka, sculptures bijoux d'Agnès Baillon et d'Éric de Dormael.
À partir de septembre 2024. Galerie Negropontes. 14-16, rue Jean-Jacques Rousseau, 75001 Paris.

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