Rock en Seine 2023 : L'Impératrice, Cypress Hill, The Chemical Brothers, un cocktail explosif pour le troisième jour de festival
Déjà trois jours que le festival Rock en Seine secoue le domaine de Saint-Cloud et ne désemplit pas, ce samedi 26 août. Le public a été servi avec une programmation éclectique : de la pop avec Social Dance et L'Impératrice, du rock avec Tamino jusqu'au hip-hop du groupe latino-américain Cypress Hill, qui a remplacé au pied levé le groupe Florence + The Machine contraint d'annuler sa venue pour des raisons médicales. Le tout s'est achevé en apothéose avec le concert dantesque des Chemical Brothers.
Social Dance, l'arc-en-ciel du festival
Un ciel gris menace le domaine de Saint-Cloud. La pluie redoutée se met à tomber alors que le trio Social Dance entre sur la scène du bosquet. Heureusement, les premières notes de leur pop énergique et colorée font déjà office de soleil. Comme par magie, les nuages se dispersent. Dès le deuxième morceau, Vampires tiré de leur EP Rumeurs, le soleil fait son retour et il tape. Avec le rythme effréné de ses chansons, Social Dance offre au public un shot vitaminé et acidulé qui ne peut qu’inviter à danser. Tout comme avec ses paroles entêtantes qui passent du français à l’anglais. "Et ça fait clic et boum, ça te glisse dans la tête / Chaleur dans le cœur, et le cœur à la fête", répète sur un ton taquin la chanson Fais-le pour elle.
L’alchimie des amis qui vivent en colocation à Marseille est palpable et communicative. Thomas et Faustine au synthé et Ange à la guitare. Tous les trois se relaient au chant, parfois avec des accents à la Rita Mitsouko. Le trio est content d’être là, ça se voit et il le dit : "Vous n’imaginez pas à quel point on est heureux d’être ici. C’est un festival qu’on a fait quand on était jeunes et nous voilà sur scène. Passer de l’autre côté, c’est un pur bonheur !". L’heure du dernier morceau a déjà sonné. À coups de riffs de guitare funky, Social Dance quitte le public de Rock en Seine avec son single Parler. Ils l’ont déjà joué au début du set, mais qu’importe, c’est tellement chouette qu’on en redemande. Le soleil est là, et pour de bon.
L'Impératrice, un tourbillon pop et disco
Pour leur premier Rock en Seine, L’Impératrice a vu les choses en grand. À l’arrière de la scène, on a tendu un gigantesque drap noir, floqué du nom du groupe et d’un cœur fendu, en référence à leur dernier album Tako Tsubo (du japonais, syndrome du cœur brisé). À quelques minutes de leur concert, des battements de cœur résonnent dans la fosse. "Boum. Boum boum. Boum. Boum boum boum." La cadence s’accélère. Et soudain, les voilà. Vêtus de leurs costumes de scène, bleu acidulé et décorés d’un cœur lumineux, ils saluent la foule et savourent leur entrée. “On est très heureux de jouer à la maison aujourd’hui. C’est la première fois depuis un an, lance Flore Benguigui, la chanteuse du groupe. On se demandait si vous ne vous étiez pas endormis entre-temps…” Les hourras reprennent de plus belle.
Piochant parmi leur répertoire mêlant morceaux en anglais et tubes en français, les membres du sextuor embarquent leurs fans dans un tourbillon pop et disco. Matahari, Hématome, Submarine et l’iconique Peur des filles transportent la foule. "T'as peur des filles / Elles se transforment une fois par mois / Peur des filles / Elles ont pas la même chose en bas..." Flore et ses compères ne laissent aucun répit au public. “On va faire une petite expérience. On va transformer cet espace assez grand, et en faire le dancefloor le plus bizarre de France.” Les spectateurs dansent, se baissent et sautent au son de Voodoo?. “C'est ma chanson, c'est ma chanson !”, s'extasie une festivalière. On ressort lessivé d'une heure de show, ravis d’avoir retrouvé le groupe français au meilleur de sa forme.
Tamino, parenthèse de douceur
Au troisième jour de Rock en Seine, dans l’effervescence permanente qui s’empare du domaine de Saint-Cloud, la performance de Tamino s’invite comme une pause bienvenue, sinon nécessaire. Le musicien belge est très attendu, une foule compacte est déjà massée devant la scène cascade une demi-heure avant son arrivée. Ça n’a pas commencé qu’un "Tamino, je t’aime !" retentit.
Le prodige arrive enfin, tout de noir vêtu, en saluant timidement le public. De sa guitare acoustique émanent les premières notes de The Longing, issu de son deuxième album Sahar sorti en 2022. Ces mélopées aux sonorités orientales font la patte de l’artiste belge d’origine égyptienne. La foule immense est silencieuse et statique, mais les applaudissements intenses ne trompent pas : elle est simplement hypnotisée par la voix puissante et les mélodies lancinantes du chanteur.
Aux premiers accords d’Indigo Night, l’un des titres phares de son premier album Amir sorti en 2018, les spectateurs exultent, chaloupent et donnent de la voix. Gardant toujours ou presque les yeux clos et les sourcils froncés lorsqu’il joue et chante, Tamino n’interagit que très peu avec le public. "C’est un honneur et un plaisir", sourit-il simplement avant d’achever sa prestation par le tant attendu Habibi. Main sur le cœur, il repart sans un mot, ses gestes suffisent. Un instant suspendu au cœur de la fourmilière de Rock en Seine.
Cypress Hill, la surprise exutoire
Ils n’étaient pas attendus et pourtant. Cypress Hill a largement donné le change. D’emblée le ton est donné : “Make some fucking noise !”, hurle DJ Lord, installé aux platines recouvertes de fausses feuilles de cannabis. Les rappeurs militent activement pour l’usage médical et récréatif de la plante aux États-Unis. Message reçu par plus d’un spectateur.
Les charismatiques rappeurs du quatuor, B-Real et Sen Dog déboulent sur scène au deuxième morceau, prêts à déchaîner leurs fans. Il leur suffit d’un seul titre, I Want To Get High : “Je veux planer si haut ! [...] / L'herbe est plus qu'une potion magique / Quel est ce tapage, yo je ne plaisante pas là.” Du tapage, il y en a. Le public saute, danse, hurle, crie sur les morceaux de leur album Black Sunday, qui fête ses trente ans cette année. “C’est le moment d’aller l’acheter, il est disponible depuis 30 ans !”, ironise B-Real, joint à la main. Une toile représentant la pochette du disque, une colline surmontée de tombes, a été installée sur la scène.
Au fil de la soirée, Sen Dog ne cesse de relancer la foule. “Si vous êtes toujours avec nous, faites du bruit !” À l’aise, le rappeur entame quelques pas de danse et célèbre “les cinquante ans du hip-hop”. “Quelqu’un d’autre devait jouer ce soir ici, mais nous sommes ravis d’être avec vous, merci pour l’accueil !”, ajoute B-Real, dans un final éblouissant, tout en lumières vertes et jaunes. "Elle a changé Florence", s’amuse une spectatrice. Pour sûr.
The Chemical Brothers, la décharge électrique
Le soir tombe sur Rock en Seine et la pelouse de la grande scène se remplit déjà. Le duo électro britannique des Chemical Brothers est attendu ce soir, presque vingt ans après leur premier passage au festival. Pour faire patienter la foule, des anecdotes de festivaliers sont diffusées dans les hauts-parleurs. Dont celle de Pierre qui a assisté à leur show en 2004. En entendant les premières notes de Hey Boy Hey Girl, le garçon est devenu "hystérique". Ses amis le retrouvent "une heure et demie plus tard sans son t-shirt, sans ses chaussures et on n'a jamais su ce qui c'était vraiment passé." S'apprête-t-on à vivre la même chose ce soir ?
Dans un immense flash stroboscopique, le duo apparaît au son de Go (Edge of Control Dub). Il fait nuit noire et pourtant beaucoup de lunettes de soleil sont de sortie. Le public le plus averti est venu préparé : comme dans la chanson de Dalida, il se retrouve fusillé de lasers et ébloui de lumières épileptiques. Pendant une heure et demie de show, un écran géant diffuse des séquences futuristes, absurdes et hallucinogènes. Des silhouettes humaines aux contours néons dansent, se poursuivent et se battent. Des visages maquillés, voilés et déformés se superposent à la vitesse de l'éclair.
Au bout de vingt minutes de set, le célèbre Hey Boy Hey Girl fait trembler les basses, aussitôt hurlé par les fans qui tapent des pieds et lèvent les bras. Sur Got to Keep On, Tom Rowlands et Ed Simon mitraillent la fosse avec des confettis blancs et l'hypnotisent avec des boules à facette géantes suspendues dans le vide. C'est avec Galvanize que le concert touche à sa fin. Un choix approprié vu la transe qui s'est emparée du public. Les lumières s'éteignent, mais que chacun se rassure : aucun T-Shirt ou chaussure n'est porté disparu.
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