Maladies : quand il y a redoux, il y a un loup !
Les températures polaires vont déserter la France cette semaine, mais cela ne veut pas dire que les maladies en feront autant... FTVi vous explique pourquoi.
La France vit ses dernières heures sous la glace. Après quinze jours d'un froid polaire, qui a fait chuter le thermomètre régulièrement sous les -10°C, le dégel est attendu à partir de mardi 14 février. Mais contrairement aux idées reçues, le froid ne repart forcément avec, dans ses bagages, les maladies saisonnières telles que la grippe, les angines ou les rhumes (rhinopharyngites). "En avril, ne te découvre pas d'un fil", dit le proverbe. En février, encore moins... Nos explications en trois questions.
• Plus il fait chaud, moins il y a de virus ? Faux
Grippe, rhume, bronchite, angines... même si ces maladies se propagent essentiellement en hiver, leur apparition n'est pas directement liée au froid. "Une des hypothèses pour expliquer que la grippe est arrivée tardivement en France cette année a été de dire : le mois de novembre a été doux. Mais rien ne permet de le prouver", explique le docteur Anne Mosnier, coordinatrice aux Groupes régionaux d'observation de la grippe (Grog).
Cette saison, l'épidémie est arrivée en provenance d'Italie, donc par le Sud-Est. Conséquence : les zones où le "seuil épidémique" a été décrété (en rouge sur la carte) étaient également celles où le temps était le plus clément. Dans ce cas, la grippe sévissait bien là où il faisait le plus chaud.
Le principal vecteur de transmission d'un virus reste bien physique et non climatique. Un éternuement, une poignée de main, un mouchoir qui traîne et on s'expose à une contagion. Rien de tel, pour éviter d'attraper un rhume, que de se laver régulièrement les mains et se tenir à au moins un mètre d'une personne malade. D'une manière générale, la maladie est particulièrement contagieuse dans les 48 heures qui suivent sa contraction.
• Le corps reste vulnérable même pendant le redoux ? Vrai
Si les maladies sévissent d'abord en hiver, c'est effectivement aussi parce que le corps se fragilise lorsque le thermomètre baisse. "Le froid produit un phénomène de vasoconstriction sur notre corps, c'est-à-dire la contraction des vaisseaux sanguins essentiellement sur les mains, les pieds, les oreilles et le nez", explique le docteur France Nicaud, médecin généraliste en Charente. "Cette réaction permet de réchauffer le corps, sauf qu'elle le fatigue aussi".
Mais la semaine de redoux qui s'annonce n'est pas pour autant synonyme de chaleur. "Même par 5°C, le corps travaille plus que d'habitude", poursuit France Nicaud. Idem pour les muqueuses respiratoires, qui sont toujours très sollicitées. "L'essentiel est de rester bien couvert. Il faut en priorité protéger les extrémités de son corps, telles que les pieds et la tête, le bout du nez".
Cette publicité pour des semelles, diffusée au temps de la grippe espagnole (et présente dans un fichier PDF de l'université de Strasbourg), mettait déjà l'accent sur la nécessité de se protéger partout :
Surtout, le redoux incite les gens à baisser leur niveau de vigilance. Par -10°C, tout le monde sort les bonnets, les collants et les écharpes. "Avec ces changements de température d’un extrême à un autre, les gens qui se couvraient bien la veille s’habillent légèrement à la moindre hausse des températures ce qui provoque des prises de froid", prévient le site Monde Presse dans un article écrit... en Algérie.
• Il faut rester chez soi pour éviter de tomber malade ? Faux
Contrairement aux idées reçues, ce n'est pas à l'extérieur, où il fait froid, que l'on attrape le plus les maladies de saison mais bien dans des milieux confinés comme les appartements, les lieux de travail ou les écoles. "Quand il fait trop froid dehors, les gens n'aèrent plus chez eux et les particules pathogènes restent plus longtemps au contact des humains", reprend Anne Mosnier, coordinatrice aux Grog.
Ainsi, "on constate souvent une baisse de la transmission de la grippe pendant les vacances scolaires, car les enfants se fréquentent moins". Cette année, les vacances d'hiver s'étalent du 11 février au 5 mars sur les trois zones. Les transmissions de virus devraient donc décroître sur cette période, "mais on ne peut rien prévoir à l'avance".
"En fait, votre organisme est d'autant plus résistant que vous avez déjà été malade une fois au cours de l'hiver", résume Anne Mosnier. "Si ce n'est pas le cas, vous êtes toujours une cible potentielle des virus".
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