Faut-il offrir un hoverboard à Noël ?
Les skateboards gyroscopiques sont à la mode, mais font aussi l'objet d'inquiétudes, après une série d'accidents à l'étranger.
En 2015, a débarqué dans les rues l'hoverboard. Ce skateboard électrique n'a pas grand-chose à voir avec ce que Robert Zemeckis imaginait dans Retour vers le futur 2 trente ans plus tôt. Aujourd'hui, les objets connus sous le même nom que l'engin volant de Marty McFly ressemblent plutôt à de gros skateboards munis de deux roues latérales, que l'on fait avancer, reculer et tourner à la force de son poids. A l'origine d'une série d'accidents aux Etats-Unis et déjà interdits sur la voie publique au Royaume-Uni, l'objet soulève quelques questions.
Alors, faut-il offrir un hoverboard à Noël ? Francetv info a passé le test.
Non, parce qu'il peut prendre feu sous vos pieds
Depuis le mois d'octobre, plus de 32 000 hoverboards ont été saisis par l'autorité du commerce du Royaume-Uni à leur entrée sur le territoire britannique. Le site BuzzFeed (en anglais) rapporte que dans le pays, les skateboards gyroscopiques font en effet l'objet d'une enquête : surchauffe, dysfonctionnements électriques et batteries défectueuses, ils ont été à la source de nombreux accidents, parfois graves. A plusieurs reprises, l'objet aurait pris feu. Dans le pays, les magasins Tesco, Argos et John Lewis ont cessé de distribuer certains modèles.
Aux Etats-Unis aussi, certaines références ne sont plus commercialisées par Amazon, et l'autorité postale a annoncé jeudi 17 décembre une restriction du transport des planches sur le territoire américain. De l'autre côté de l'Atlantique, le site Wired (en anglais) fait en effet état d'une série d'accidents mettant en cause des hoverboards. Au début du mois, un de ces engins a mis le feu à une maison de Louisiane. A Washington, une planche en pleine utilisation a également pris feu dans un centre commercial. En cause ? La mauvaise qualité des batteries au lithium qui entrent dans la fabrication des hoverboards bon marché, et une installation électrique défectueuse : une fois chargées, ces batteries fragiles continuaient d'emmagasiner de l'énergie, jusqu'à l'implosion.
Oui, parce que ça reste très cool
A mi-chemin entre le gadget et le véritable moyen de transport, l'hoverboard est devenu l'ami des stars. Au début du mois de septembre, Usain Bolt a été aperçu dans l'aéroport londonien d'Heathrow juché sur l'un de ces engins. Une semaine plus tôt, le rappeur américain Wiz Khalifa avait été arrêté à l'aéroport international de Los Angeles. L'homme, qui avait refusé de descendre de sa planche à la demande de la patrouille frontalière, avait par la suite déclaré : "Dans les six prochains mois, tout le monde en utilisera, tout ça parce que je n'ai pas voulu descendre."
Au cours des derniers mois, sur leurs comptes Instagram, Justin Bieber, Kendall Jenner ou John Legend ont tous fait la promotion de la planche PhunkeeDuck, certains, comme le rappeur Tyga, optant pour une version plus clinquante que les modèles grand public, au revêtement doré. Si l'on en croit les recommandations de l'autorité du commerce britannique (se méfier des modèles trop bon marché et faire attention à l'orthographe des sites sur lesquels des planches peuvent être achetées), ce modèle semble toutefois présenter moins de risques. A 1 500 dollars, l'objet n'est en effet pas à la portée de tout le monde.
Non, parce que question sécurité, c'est pas encore ça
Dans le magasin Decathlon Aquaboulevard à Paris, Hugo garantit que l'objet que son magasin a choisi de distribuer au prix de 399 euros est facile d'utilisation et aisément maîtrisable en quelques minutes. Le vendeur n'a reçu la planche que mercredi 16 décembre et oriente déjà les clients du magasin avec facilité à travers les rayons. Interrogé sur le danger que les engins peuvent représenter, il répond : "On sait que certaines planches ont été rappelées par des marques, mais on a choisi un modèle à batteries au lithium Samsung", censées être de meilleure qualité que celles utilisées dans les produits disponibles à des prix bien inférieurs sur internet.
Et, alors qu'il vante la légèreté (10 kilos), la rapidité (15 km/h) et la "bonne adhérence" du produit, il dit toutefois faire attention à ne pas le "faire essayer à des trop petits". Et pour cause, la semaine dernière, un adolescent de 15 ans est mort dans un accident d'hoverboard au Royaume-Uni. Sur son site, la BBC rapporte que le garçon, tombé de l'engin, n'a pas su se relever à temps et a été heurté par un bus. Interrogé sur l'âge moyen de sa clientèle, il n'y a pourtant pas de doute pour Hugo : "Ce sont surtout des parents qui viennent acheter pour leurs ados."
En tout cas, c'est maintenant ou jamais
Au Royaume-Uni, mieux vaut disposer d'un très grand salon pour utiliser un hoverboard. Comme leurs ancêtres les Segway, ces engins sont en effet bannis de l'espace public (et, dans l'espace privé, doivent être utilisés avec l'autorisation du propriétaire des lieux). Interdits sur les trottoirs car appartenant à la catégorie des engins motorisés, et interdits sur la route car n'étant ni homologués, ni immatriculés, ils ne sont pas non plus les bienvenus dans les parcs.
En France, pas de législation, mais ça ne saurait tarder. D'après Christophe Ramond, directeur "Etudes et recherches" au sein de l'Association prévention routière contacté par francetv info, ces engins posent beaucoup de problèmes : "Ils ne sont pas certifiés. Quelles garanties en matière de solidité, de freinage, de signalisation ? Que se passe-t-il en cas d'accident ?" Une norme européenne à l'initiative de la France devrait permettre en 2016 de "spécifier les normes de sécurité sur le véhicule et son fonctionnement, notamment la vitesse". En attendant, mieux vaut donc se dépêcher. D'après Hugo, sur les dix planches reçues dans son magasin jeudi, dix ont été vendues dans la journée.
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