Noël : comment l'histoire de Christelle, mère célibataire en difficulté financière, a déclenché un élan de générosité
Le témoignage de cette habitante de Saint-Nazaire a ému de nombreux lecteurs de franceinfo. Des dizaines d'entre eux se sont mobilisés pour l'aider à offrir une belle fête de Noël à ses trois enfants.
"Où est passée la magie de Noël ?" C'est par cette question désabusée que commence l'article de franceinfo consacré à Christelle Mainguy, publié le 10 décembre. A l'approche des fêtes de fin d'année, cette habitante de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) "angoissait" à l'idée de ne pouvoir offrir de cadeaux à ses enfants de 6, 14 et 17 ans. Une perte d'emploi liée à la crise du Covid-19 a aggravé les difficultés financières de cette mère célibataire de 45 ans. Les impayés de loyer et d'électricité se sont accumulés, les repas se sont espacés.
En prenant la parole, elle espérait éveiller les consciences sur "la galère des femmes et des hommes qui assument seuls leurs gamins". Mais elle ne se doutait pas de l'émotion qu'allait susciter son récit, consulté plus de 250 000 fois en deux jours sur le site de franceinfo. Après une vague de commentaires hostiles dans l'espace de discussion sous le témoignage de Christelle, un élan de solidarité va prendre forme.
Une cagnotte pour les enfants de Christelle
Ce 10 décembre, à la mi-journée, une notification de l'application de franceinfo fait vibrer le téléphone de Thibault Delhez. Ce chef d'entreprise de 36 ans découvre le récit de la mère de famille en difficulté. "Une claque dans la tronche", assure-t-il. Il se revoit, gamin, à Nice, après le divorce de ses parents. "Ma mère s'est retrouvée avec mon frère et moi, endettée et menacée par les huissiers. Elle était dans la même situation que Christelle, sauf qu'elle a pu compter sur ma grand-mère. Mamie a payé les vacances, l'école, les courses. C'est grâce à cette aide que ma mère a pu rebondir."
Décidé à apporter, à son tour, une aide extérieure, ce père de deux enfants de 6 et 9 ans parvient à contacter Christelle sur les réseaux sociaux. Avec son accord, il lance une cagnotte en ligne. "Nous savons que ces situations existent, mais nous les oublions. On trace notre route, nos enfants auront des cadeaux à Noël, et même trop", écrit-il, sur Facebook, pour inciter ses 5 000 abonnés à contribuer. En moins de deux semaines, l'entrepreneur collecte plus de 1 500 euros, reversés par vagues à cette inconnue qui réside à 1 000 km de chez lui.
"Avec un petit don, on ne sera ni plus riche ni plus pauvre, mais on aura fait beaucoup pour Christelle."
Thibault Delhez, organisateur d'une cagnotte pour Christelle Mainguyà franceinfo
Par cette action, le chef d'entreprise espère "rendre le sourire à Christelle et ses enfants" et les aider à "aller de l'avant". L'un de ses amis, avocat, a déjà proposé d'"étudier les dossiers" de cette mère divorcée. Elle espère notamment récupérer la moitié de la maison qu'elle possédait avec son ex-mari. "Quand ils seront grands, ses enfants pourront se rappeler toute cette histoire et peut-être décider d'aider quelqu'un à leur tour", imagine le Niçois.
Un Noël qui s'annonce "plus que beau"
Tout aussi touchés par son récit, des dizaines de lecteurs entreprennent de contacter Christelle. Certains passent par Facebook ou LinkedIn, d'autres trouvent son adresse mail dans les commentaires de l'article. Quelques-uns sollicitent aussi l'auteur de l'article et le service téléspectateurs de France Télévisions, pour être mis en relation avec elle.
"Je vais presque devoir prendre une secrétaire", plaisante Christelle, touchée par "cet impressionnant élan de solidarité". Dans leurs messages, les internautes saluent le "courage" de cette "battante", qui enchaîne les contrats de travail sans parvenir à joindre les deux bouts. "Tous les jours, des personnes m'encouragent, souligne-t-elle. Avoir des gens derrière moi me donne du baume au cœur."
Parmi ces soutiens, une cinquantaine de lecteurs ont tenu à lui adresser des cadeaux pour ses enfants. Depuis quelques jours, le facteur passe chaque matin. "Le Noël de mes enfants va être plus que beau", se réjouit-elle.
"Le 'Merci père Noël' prononcé par ma louloute qui découvre ses cadeaux, je vais l'avoir, c'est sûr !"
Christelle Mainguyà franceinfo
Des donateurs lui ont envoyé les petits jouets demandés par sa fille de 6 ans dans sa lettre au père Noël. Un autre, infographiste, a adressé à son fils de 14 ans un ordinateur flambant neuf, après avoir lu que l'ado rêvait d'un PC pour devenir graphiste. "'Je ne peux pas laisser un gamin comme ça sans l'aider', m'a-t-il dit."
L'argent reçu va aussi permettre à la famille de réveillonner. "Je vais pouvoir faire plaisir à mes enfants, avec leurs poissons panés préférés, des pommes duchesses, une petite bûche et même un peu de foie gras, salive-t-elle. Ils adorent ça, mais n'en ont pas mangé depuis longtemps. J'allumerai des bougies, je préparerai du chocolat chaud avec des chamallows dedans. Tout cela ne coûte pas bien cher, mais ça m'aurait été impossible, en plus des cadeaux."
"Sans cette aide, on aurait fait avec les moyens du bord : des toasts pain de mie, beurre, jambon, des olives, des chips, et basta."
Christelle Mainguyà franceinfo
Cette commerciale en fin de contrat, qui espère se reconvertir en conseillère téléphonique dès janvier, utilisera une partie des dons pour éponger certaines dettes. "Je vais aussi pouvoir payer le bus à mes enfants, enfin, sans les obliger à frauder", confie-t-elle, des sanglots dans la voix.
"En faire profiter d'autres gens"
Jusqu'où cette générosité ira-t-elle ? "Je n'ose pas dire non aux gens, de peur de les vexer, glisse Christelle. J'ai décidé de tout accepter et d'en faire profiter d'autres personnes dans ma situation." La semaine dernière, la quadragénaire a entrepris de proposer son aide aux familles qui ont témoigné dans un autre article de franceinfo sur le casse-tête financier de Noël. Certaines ont accepté cette main tendue, d'autres l'ont poliment refusée, par pudeur ou fierté.
"Certes, j'ai plein de factures en retard, mais je ne peux pas tout garder sans aider à mon tour."
Christelle Mainguyà franceinfo
Et après ? Les donateurs auront droit un renvoi d'ascenseur. Christelle et ses enfants ont prévu de leur adresser un message de remerciement très personnel le 25 décembre – on leur en laisse la primeur. "On n'en restera pas là, ajoute-t-elle. On enverra de temps en temps des nouvelles de la famille et on continuera à échanger. Plus que leurs dons, ce sont leurs mots qui m'ont boostée. Grâce à cette histoire, je ne sombre plus, je remonte."
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