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Twitter a-t-il censuré des comptes parodiant Nicolas Sarkozy ?

Depuis l'arrivée du président de la République sur le réseau social, plusieurs comptes le moquant ont été désactivés par Twitter.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Le message d'erreur affiché par Twitter lorsqu'un compte est suspendu. (CAPTURE D'ÉCRAN TWITTER)

Après Facebook, c'est au tour de Twitter d'être accusé de prêter main forte aux équipes de Nicolas Sarkozy. Plusieurs comptes du réseau social moquant le président de la République ont été en effet suspendus depuis l'ouverture de son compte officiel le 15 février. 

Dès le lendemain, "@_NicolasSarkozy", tenu par le site Kaboul.fr depuis septembre 2010, est inaccessible,  rapporte le site Internet sans frontières. L'équipe de Kaboul.fr dénonce le 19 février un "cas proprement ahurissant de censure politique" et publie le mail de Twitter motivant la suspension.

Les règles de Twitter sur l'imitation et la parodie

Le réseau social indique que le compte a été signalé, via le formulaire en ligne, comme "une imitation non-parodique" de Nicolas Sarkozy. Pour réactiver "@_NicolasSarkozy", Twitter demande à ce qu'il soit mis en conformité avec la politique du site en matière d'imitation : le nom doit être modifié pour mentionner clairement la nature parodique du compte, la photo de profil et l'arrière-plan changés.

Kaboul.fr, qui anime une soixantaine de comptes de ce type, de David Beckham à François Hollande, se défend en indiquant que "la dimension parodique est clairement exprimée dans la biographie de chaque compte" et que Twitter avait validé la conformité de ces derniers il y a "environ un an et demi". En attendant une éventuelle levée de la suspension, le site a lancé un nouveau compte, "@Robert_Sarkozy".

L'UMP reconnaît avoir sollicité Twitter

Si le compte parodique sur le chef de l'Etat ne respectait vraisemblablement pas certaines des règles édictées par Twitter, d'autres comptes respectant les conditions générales d'utilisation ont été suspendus, comme "@mafranceforte", "@fortefrance", "@DehorsSarkozy" et "@SarkozyCaSuffit". Ce dernier a tenté de ressusciter sous le nom de "@SarkozyCestFini", avant d'être bloqué à nouveau, suscitant des soupçons de censure politique et la colère des utilisateurs du réseau.

Contacté par Le Monde, un responsable de l'équipe internet du candidat à la présidentielle indique avoir demandé à Twitter, via le formulaire en ligne, la fermeture de comptes usurpant l'identité de Nicolas Sarkozy. Mais il se défend être derrière la suspension des comptes n'utilisant pas le nom du président. "Il était difficile pour l'internaute de trouver tout simplement quel était le vrai compte de Nicolas Sarkozy", se défend Nicolas Princen, chargé de la campagne internet du chef de l'Etat, sur France Inter. "Si quelqu'un a envie de parodier le compte de Nicolas Sarkozy, c'est très facile de le faire, ajoute-t-il, la seule chose à éviter est d'écrire stricto sensu, avec la bonne orthographe, le nom (du président)".

Les signalements comme "spam"

Une demande directe de l'UMP auprès de Twitter n'est pas la seule explication possible. Pour lutter contre le "spam", un terme générique utilisé pour décrire les pratiques indésirables sur le site, le réseau social a mis en place un bouton permettant aux utilisateurs de les signaler. Un grand nombre de signalements aboutit à la suspension automatique du compte visé.

Des partisans du chef de l'Etat ont donc pu se livrer à une campagne de signalement, campagne dont avait été victime Frédéric Lefebvre en 2009. A peine arrivé sur Twitter, celui qui était alors porte parole de l'UMP avait vu son compte suspendu pendant quelques heures, comme le raconte Rue89.

Pourtant pris à parti par les internautes et le mot-clé "#SarkoCensure", le réseau social ne s'est toujours pas exprimé officiellement sur les suspensions de ces comptes.

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