Antilles : les vraies raisons de la colère des manifestants
Alors que la situation s'enlise aux Antilles, comment expliquer un tel déferlement de violences ? L'obligation vaccinale n'a été en réalité que le détonateur et le révélateur d'un mal-être bien plus profond des Antillais.
Comment la contestation du pass sanitaire et de l'obligation vaccinale pour les soignants a-t-elle conduit à un tel embrasement aux Antilles ? Sur les barrages depuis plusieurs jours, c'est une colère plus vaste qui s'exprime. "On a l'impression d'être le déchet de la métropole", résume un manifestant. L'économie de l'île est en berne, et les prix augmentent : +16,2% par rapport à la métropole. 19,3% des habitants sont au chômage, soit le double du niveau national. Laurent Chalard, géographe, évoque une situation économique "extrêmement dégradée depuis plusieurs années".
Chlordécone et crise de l'eau
La Guadeloupe a également subi un traumatisme il y a 30 ans : celui du chlordécone. Cet insecticide, massivement répandu dans les bananeraies, a été interdit en Métropole dès 1990, mais été utilisé durant trois années supplémentaires dans les Antilles. Le produit, nocif, fait l'objet d'une plainte pénale depuis 2006. "On se rend compte, 30 ans plus tard, que 90% de la population est contaminée et qu'il y a des taux de cancers qui sont astronomiques", rapporte Me. Rachid Madid, avocat de l'association médicale pour la sauvegarde de l'environnement et de la sante (AMSES). La défiance envers l'État se cristallise enfin atour du dossier de l'eau. La crise est interminable, et le réseau ponctué de fuites et de coupures.
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