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Autolib à Paris : des voitures sales, squattées, "un dépotoir" qui dissuade des utilisateurs

Le service d'autopartage Autolib est en perte de vitesse à Paris. L'une des explications réside dans l'état des voitures en libre-service, parfois sales, abîmées et de plus en plus squattées, notamment dans le nord-est de de la capitale. 

Article rédigé par franceinfo - Farida Nouar
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une station Autolib, rue du Faubourg Saint-Martin, dans le 10e arrondissement de Paris. La buée sur le pare-brise signale un occupant. (RADIO FRANCE / XAVIER MEUNIER)

Le service d'autopartage Autolib à Paris a du plomb dans l'aile. Selon les données du cabinet indépendant 6-t, le nombre d'abonnés est en baisse par rapport à la fin de l'année 2016. L'une des explications réside dans l'état des voitures en libre-service. Elles sont parfois sales, abîmées et de plus en plus squattées, notamment dans le nord-est de de la capitale. 

Des Autolib à Paris dégradées, squattées, déçoivent des utilisateurs du libre-service : un reportage de Farida Nouar

Vers 20h, Gérard profite de la seule place libre pour rendre son autolib dans une station située dans le 19e arrondissement. C'est un utilisateur régulier, mais à chaque fois qu'il a besoin d'un véhicule, il ne sait pas sur quoi il va tomber. "Il y a un moment où on hésite vraiment à prendre la voiture parce qu’elles sont dans un état déplorable", confie-t-il.

On trouve de tout : des paquets de gâteaux, des mouchoirs, des mégots de cigarette. Des gens fument dedans alors que c’est interdit.

Gérard, utilisateur d'Autolib à Paris

à franceinfo

Un peu plus loin, dans une autre station près de la place Stalingrad, un employé d'Autolib, François*, vérifie l'état des véhicules. Trois d'entre eux sont dans un état repoussant. Aujourd’hui, il y a un véhicule squatté par une personne juste-là, montre-t-il. "Trois autres véhicules ont été squattés. C’est un dépotoir", déplore François, en ouvrant une voiture qui a servi d’abri.

Certains véhicules Autolib servent parfois d'abri pour la nuit. (FARIDA NOUAR / RADIO FRANCE)

Il y a plein de cigarettes, des briquets, des bouteilles, des sacs avec des détritus. Je pense que là ils ont dû rouler un peu de drogue.

François, employé d'Autolib à Paris

à franceinfo

Cet employé d'Autolib a vu la situation se dégrader depuis six mois et sur tout le secteur nord-est de Paris, précise-t-il, désignant des migrants et des SDF qui s'abritent quand il pleut ou qu'il fait froid. De bouche-à-oreille, ils savent comment ouvrir les véhicules. Ils ne sont pas fermés avec des clés, mais avec des badges. "Ils écartent la porte et ils arrivent à avoir le système d’ouverture", explique le salarié d'Autolib. 

La portière de ce véhicule Autolib a été forcée. (FARIDA NOUAR / RADIO FRANCE)

Olivier n'a pas eu besoin de forcer la portière, elle était ouverte. Il squatte l'une des voitures d'Autolib, expliquant que depuis quelques soirs, il tente sa chance dans la station pour se mettre au chaud.

Dès fois, c’est ouvert, dès fois c’est fermé. Je préfère être dans une Autolib que dehors.

Olivier, SDF

à franceinfo

Alertée, la police intervient régulièrement pour déloger les squatteurs. Mais dans certaines stations du quartier, les voitures sont devenues inutilisables avec des vitres pulvérisées, des rétroviseurs cassées ou des pneus éclatés.

*François, le prénom de l'employé d'Autolib qui souhaite rester anonyme, a été modifié

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