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Comment la Ford Mustang est devenue une voiture de légende

Cette Américaine grand public, devenue un hit dès sa sortie en 1964, a acquis une aura digne de ses luxueuses concurrentes allemandes et italiennes, en partie grâce au cinéma.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
Steve McQueen, au volant de sa Ford Mustang, dans "Bullitt", de peter Yates, en 1968. (KOBAL / AFP)

Madame Tout-le-monde est devenue une star de cinéma. La Ford Mustang fête ses 50 ans, jeudi 17 avril. Bien avant cela, le bolide s'est installé dans l'imaginaire collectif au même rang que certaines Porsche, Ferrari et Jaguar. Elle incarne une certaine idée du rêve américain, le fantasme des 3 600 kilomètres de bitume de l'historique Route 66, entre Chicago et la Californie. En 2014, la Mustang éveille encore des envies de folles courses-poursuites, pied au plancher, dans les rues de San Francisco.

Elle n'était pourtant pas destinée à devenir une icône sexy, mais un produit de consommation de masse. La première pony-car ("voiture-poney", petite et sportive), nettement plus compacte que les modèles qui circulent aux Etats-Unis dans les années 1960, offre à la jeunesse issue du baby-boom une alternative à la grosse voiture à papa, lourde et difficile à conduire. La Mustang est aussi destinée aux femmes - la première a été achetée par une jeune institutrice de Chicago. 

Le succès est immédiat : Ford assure avoir vendu plus de 400 000 exemplaires la première année et un million au bout de deux ans. Très vite, la Mustang conquiert le cinéma et la musique.

Nerveuse, dans Bullitt, avec Steve McQueen

C'est entre les mains d'une femme que la Mustang tourne son premier grand film, dès sa sortie en 1964. Dans James Bond : Goldfinger, une décapotable blanche sert d'arme de séduction à Tilly Masterson (interprétée par Tania Mallet) aux côtés de l'agent 007. Mais c'est tout de même un homme qui en fait une star de cinéma. Dans Bullitt (Peter Yates, 1968), Steve McQueen pilote une nerveuse Mustang GT "Fastback" de 1968 vert émeraude, dopée et renforcée pour supporter le tournage d'une des courses-poursuites les plus célèbres du cinéma. Car une Mustang d'origine, avec ses deux roues motrices arrières, serait en réalité très peu maniable en ville, lancée à plus de 120 km/h (jusqu'à 180 km/h, selon les plans). Le grognement rauque de son moteur devient alors mythique, autant que sa ligne.

Au total, les différents modèles de Mustang apparaissent dans plus de 3 300 films, selon le site spécialisé MustangIMDB.

Romantique, pilotée par Jean-Louis Trintignant

Nerveuse et aussi romantique, jusqu'en France, même si le modèle n'est pas commercialisé dans l'Hexagone. En 1966, la Mustang réunit Jean-Louis Trintignant et Anouk Aimée sur la plage de Deauville, dans Un homme et une femme, de Claude Lelouch. De Monte-Carlo à Paris puis sur la côte normande, le pilote, qui a reçu un télégramme de la femme qu'il aime, monologue au volant de son bolide numéroté et cabossé, avant de la retrouver, "chabadabada chabadabada".

Sexy, chantée par Serge Gainsbourg et Brigitte Bardot

Deux ans plus tard, Serge Gainsbourg embarque Brigitte Bardot dans une Mustang, pour un autre duo, plus sexy que romantique. Ode à la culture américaine (Coca-Cola, Zippo, Marilyn Monroe et Superman sont du voyage), le titre Ford Mustang, paru sur l'album Initials B.B. raconte une virée sensuelle flirtant avec la mort, faite d'embardées et de roulage de pelles. "On s'fait des langues / En Ford Mustang / Et bang / On embrasse / Les platanes", scande le couple.

La caisse mythique a quelque chose de rock'n'roll qui séduit les musiciens. Elle inspire le chanteur Wilson Pickett pour Mustang Sally, puis Chuck Berry (My Mustang Ford), T. Rex (Mustang Ford) et une vingtaine de chansons plus ou moins connues, répertoriés par des fans, ici et .

Musclée, dans Drive et Need for Speed

A 50 ans, la Mustang a bien changé. Au fil des années, son nez, ses fesses, ses côtés se sont alourdis. Les nostalgiques lui reprochent d'être devenu un percheron grassouillet, les amoureux de muscle-cars aiment sa puissance et sa robustesse. Si les deux chocs pétroliers des années 1970 ont essoufflé ses ventes, elle continue malgré tout son cinéma jusque dans les années 2000 et 2010. Volée par Nicolas Cage et Angelina Jolie dans 60 secondes chrono en 2000, puis détruite dans Boulevard de la Mort, de Quentin Tarantino, en 2007, elle revient en 2011 dans Drive, pilotée par Ryan Gosling.

En 2014, le dernier modèle de Mustang s'offre une nouvelle campagne de publicité millimétrée, avec le blockbuster Need for Speed, inspiré des jeux vidéo éponymes, sorti le 16 avril.

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