"Les crises, depuis le Covid, se superposent dans l'automobile" et "vont continuer", selon le porte-parole de la Plateforme automobile
Le marché de l'automobile français enregistre une année sombre en 2022 avec 1 529 035 immatriculations en France, soit une baisse de près de 8%. "Les crises, depuis le Covid, se superposent dans l'automobile", explique dimanche 1er janvier sur franceinfo, François Roudier, porte-parole de la Plateforme automobile qui rassemble les acteurs de la filière automobile. Avec la guerre en Ukraine, la hausse des prix du carburant et la pénurie de semi-conducteurs, le secteur cumule "problème de fabrication" et "problème de livraison". Une situation qui risque de se poursuivre en 2023. Malgré "une embellie sur les semi-conducteurs" prévue "prochainement", "la crise du Covid en Chine est un nouveau facteur handicapant", estime François Roudier.
franceinfo : Moins 8% en un an, est ce qu'on peut parler d'année noire ?
François Roudier : On est dans le prolongement des années précédentes. On finit l'année pas trop mal. En décembre, il manquait 90 immatriculations pour égaler le mois de décembre de l'an dernier. Mais on avait très mal commencé l'année, et on n'a pas rattrapé notre retard sur les cinq derniers mois. Il faut bien comprendre qu'on parle d'immatriculations, pas forcément de ventes, et c'est là tout le problème. Nous n'avons pas de problème de demande. Il y a une très forte demande dans l'automobile, dans le neuf et l'occasion, mais c'est l'offre qui pèche.
Comment expliquer cette situation ?
On ne peut pas construire les véhicules en Europe, aux États-Unis et même en Chine parce qu'on manque de semi-conducteurs. Il y a donc un énorme problème de fabrication mais aussi un énorme problème de livraison, parce qu'on manque de chauffeurs, de camions. Déjà, parce que les Ukrainiens ne sont plus là et ensuite parce qu'il y a une augmentation telle du carburant que les chauffeurs lituaniens, estoniens qui venaient régulièrement ne peuvent plus venir parce que ce n'est plus rentable pour eux. Les crises, depuis le Covid, se superposent dans l'automobile.
Est-ce qu'on peut espérer du mieux pour les mois à venir ?
Les problèmes s'accumulent. Maintenant on a l'inflation, on a les problèmes structurels de hausse du coût de l'énergie pour beaucoup de constructeurs et notamment les petits équipementiers qui voient leurs factures augmenter. C'est un mélange extrêmement détonnant avec, de l'autre côté, des clients qui souffrent parce qu'ils n'ont pas leur voiture. On gère ces crises au fur et à mesure. On devrait avoir une embellie sur les semi-conducteurs prochainement mais la crise du Covid en Chine est un nouveau facteur handicapant. Je pense personnellement que les crises vont continuer, vont se superposer mais il faut qu'on puisse les équilibrer.
Si le marché du neuf est à la peine, comment se porte celui de l'occasion ?
Le problème de fabrication des véhicules neufs est en train de se répercuter sur le marché de l'occasion. Depuis le Covid, toutes les voitures qui n'ont pas été produites n'existent pas sur le marché de l'occasion. L'occasion récente, de deux à trois ans, n'est plus là, ce qui fait que les véhicules qui s'échangent dans l'occasion sont à 10 ou 15 ans d'âge.
La tendance sur l'hybride et l'électrique se confirme ?
La tendance sur l'électrique se confirme. On voit une progression très rapide. Il y a beaucoup de nouveaux modèles qui sortent. Ce sont des véhicules qui ont encore un bonus cette année. Le problème c'est que ce sont des voitures d'un certain prix. Seul 20% de la population a les moyens de se les payer. Mais ce qui est vrai dans les villes ne l'est pas dans le rural ou la périphérie, où l'essence se maintient malgré une chute du diesel.
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