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Dieselgate : "Quand on lit le rapport de la DGCCRF, il y a des soupçons très importants" sur Renault

Une information judiciare est ouverte contre Renault pour savoir si le constructeur a mis en place des "stratégies frauduleuses" pour fausser les tests d'homologations. Pour Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile, il y a des "soupçons très importants".

Article rédigé par franceinfo
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Inspection sur les émissions de gaz, le 1 octobre 2015. (Photo d'illustration) (PATRICK PLEUL / DPA)

Une information judiciaire est ouverte pour vérifier si Renault a mis en place des "stratégies frauduleuses" pour fausser des tests d'homologation de certains moteurs, comme le soupçonne la DGCCRF. La direction de la répression des fraudes accuse le constructeur d'avoir mis en place ces stratégies depuis plus de 25 ans. Le constructeur s'en défend catégoriquement.

"Quand on lit le rapport de la DGCCRF, il y a des soupçons très importants". a estimé Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile, sur franceinfo jeudi 16 mars. "Ce que montre ce rapport" a-t-il poursuivi, c'est qu'"il y aurait une volonté de paramétrer les moteurs quand ils sont en phase de tests d'homologation de telle sorte qu'ils polluent moins quand ils sont dans cette phase"

franceinfo : Cette affaire qui touche Renault est-elle aussi grave que le scandale Volkswagen ?

Flavien Neuvy : Il y a beaucoup de ressemblances, puisque ce qui ressort du rapport de la DGCCRF, c'est qu'il y aurait une volonté de paramétrer les moteurs quand ils sont en phase de tests d'homologation de telle sorte qu'ils polluent moins quand ils sont dans cette phase. Après une fois qu'ils en sortent, ils émettent plus de polluants, c'est ce qui ressort des tests qui ont été effectués. Ce sont des soupçons de fraude.

La DGCCRF a transmis au parquet qui a ouvert une information judiciaire pour savoir s'il y a un logiciel truqueur comme dans l'affaire Volkswagen.

Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem de l'automobile

à franceinfo

Il y a une grosse différence, tout de même c'est que Volkswagen a reconnu très vite, qu'il y avait un logiciel truqueur. Mais, pour l'instant, la position de Renault est de dire que nous n'avons rien fait d'illégal. Quand on lit le rapport de la DGCCRF, il y a des soupçons très importants.

Ce qui est sûr, c'est que quand un scandale de ce type éclate, ça touche beaucoup de monde et on a vu que le patron de Volkswagen avait tenu 3 jours. Pour autant, dans l'affaire Volkswagen, ça n'a pas eu d'impact commercial. Les automobilistes, quand ils achètent une voiture, le premier critère, c'est le prix, la consommation, et ensuite la solidité, la fiabilité. Au fond que votre voiture émette 120 ou 130 g de co2 c'est un critère tout à fait mineur dans les critères d'achat. Cette affaire a un peu réorienté la stratégie de l'entreprise qui d'un seul coup s'est lancée dans la voiture électrique qui jusque-là n'y croyait pas.

Est-il normal que les contrôles soient faits par les constructeurs eux-mêmes au sein même des entreprises ?

Les tests d'homologation n'étaient plus adaptés puisque les constructeurs optimisaient beaucoup ces tests et en arrivaient à frauder et ça, ça va changer. L'idée n'est pas de passer juste les tests d'homologation. L'idée c'est de faire en sorte que les voitures polluent de moins en moins. L'objectif c'est de faire en sorte que les tests se rapprochent des conditions réelles d'utilisation, pour savoir ce qu'émettent réellement les voitures, comme polluants, c'est une question de santé publique qui est très importante. Le scandale a été tel que les choses vont changer.

Pensez-vous que ce type de révélations va entraîner un désamour du diesel ?

Les ventes de diesel chutent de façon spectaculaire en France comme en Europe. Certes le diesel a été pointé du doigt, parce que ça émet beaucoup de polluants, mais je rappelle que quand on consomme plus d'essence, quand on utilise plus d'essence et moins de diesel, ça veut dire qu'on consomme plus de carburant, plus d'énergie fossile et donc plus de CO2. Ce n'est pas non plus sans défaut d'avoir que des voitures à essence, les émissions de gaz à effet de serre sont plus importantes quand on utilise une voiture à essence qu'une voiture diesel.

Flavien Neuvy : " la position de Renault est de dire que nous n'avons rien fait d'illégal."

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