Cet article date de plus de six ans.

Pourquoi il ne faut pas s'attendre à une baisse des prix de l'essence et du diesel

Les prix de l'essence et du gazole n'ont jamais été aussi élevés depuis quatre ans, et le contexte international n'est pas propice à un fléchissement.

Article rédigé par franceinfo - Romain Bonte
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Une station-service à Toulouse, le 15 janvier 2018. (NATHALIE SAINT-AFFRE / MAXPPP)

Record battu à la pompe ! Le litre de gazole n'avait pas été aussi cher depuis 2012. Selon le dernier relevé publié par le ministère de la Transition écologique, il a atteint le prix moyen de 1,461 euro, vendredi 18 mai. Dans le même temps, le prix de l'essence s'est établi à 1,543 euro en moyenne. Mais les prix des carburants peuvent-ils encore grimper ? Oui, selon l'Union française de l'industrie pétrolière (Ufip). Voici pourquoi. 

Parce que le contexte international est tendu

La hausse des prix des carburants est due à plusieurs facteurs. En premier lieu, le prix du baril de Brent (le pétrole brut de référence), établi par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). Le 17 mai, le baril de pétrole Brent a dépassé 80 dollars, une première depuis novembre 2014. Il s'agit d'une forte augmentation par rapport au début de l'année, où le cours se situait à 65 dollars.

Comme le précise un représentant de l'Ufip à franceinfo, le contexte international est particulièrement propice à une flambée des prix : "L'augmentation actuelle s'explique surtout par toutes les incertitudes politiques, que ce soit avec l'Iran et la position de Donald Trump, mais aussi le Venezuela, avec la perspective de l'élection présidentielle qui agitait les marchés." Ce pays d'Amérique du Sud, l'un des plus grands producteurs mondiaux, fait en effet face à sa plus grave crise depuis trente ans. "Le seul élément qui fait contrepoids à cette tendance haussière sur le marché mondial est l'augmentation de la production aux Etats-Unis", complète Francis Perrin, directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et stratégiques (Iris). 

Parce que la demande mondiale continue d'augmenter 

Le prix varie également en fonction d'une demande mondiale croissante. "Ce sont essentiellement les pays émergents ou en développement qui tirent à la hausse la consommation, comme la Chine, l'Inde, mais aussi les pays du Moyen-Orient", explique Francis Perrin. D'ici à 2040, l'Inde verra sa demande s'accroître de 5,2%, la Chine de 4,1% et le Moyen-Orient de 3,1%, rapporte Le Monde (article payant), notamment en raison de la croissance du secteur de la pétrochimie.

Les prévisions de l'Opep confirment cette tendance avec une demande qui pourrait dépasser les 100 millions de barils par jour, contre environ 95 millions aujourd'hui. Dans les pays occidentaux, la consommation n'augmente plus. "Au niveau de la France, on n'a pas une augmentation de la demande particulièrement nette", indique Francis Perrin. "Sur une année, entre mai 2017 et fin avril 2018, la consommation française est en hausse de 0,4 %", précise-t-il. Selon Le Monde, la courbe devrait même s'inverser aussi bien en Europe (- 4,6 %), aux Etats-Unis (- 4,3 %) qu'au Japon (- 1,6 %).

Parce que l'Etat ne baissera pas ses taxes

En France, les taxes de l'Etat sont également pointées du doigt. Selon l'Association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV), elles "ont explosé". L'association met en cause plus précisément le relèvement de la contribution climat énergie sur le diesel depuis le 1er janvier 2018. Depuis le début de l'année, le montant total des taxes (TVA comprise) sur le diesel atteint 84 centimes le litre en moyenne, ce qui représente près de 9 centimes de plus que l’année dernière. L'essence n'a connu que 5 centimes de hausse.

"En France, le poids des taxes représente environ 60 % du prix à la pompe, avec un taux un peu plus élevé pour le sans plomb et un peu plus bas pour le gazole", note Francis Perrin. Et selon le directeur de recherche à l'Iris, "il est peu vraisemblable que ces taxes diminuent, au contraire." La France, qui a par ailleurs décidé d'arrêter sa production de gaz et sa faible production de pétrole à l'horizon 2040, s'inscrit dans une volonté de sortie des énergies fossiles. "Il serait très étonnant que le gouvernement revienne sur cet engagement au moment où la France s'affiche comme élément moteur de l'accord de Paris sur le climat, et veut donner l'exemple au monde, indique le chercheur. On peut déclarer sans prendre beaucoup de risques qu'au 1er janvier 2019, il y aura une nouvelle augmentation des taxes, et celle concernant le gazole sera plus forte en vue d'un rattrapage."

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.