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Prime à la conversion : "Le but du gouvernement est de dépenser moins d'argent, pas du tout de verdir le parc"

Le dispositif d'aide au remplacement d'un véhicule ancien par un véhicule moins polluant est restreint à partir du 1er août, avec des conditions d'attribution plus strictes et des montants réduits dans de nombreux cas, d'après un décret publié mercredi.

Article rédigé par franceinfo
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Les conditions pour bénéficier de la prime à la conversion ont changé, jeudi 1er août 2019. (JEAN-FRANÇOIS FREY / MAXPPP)

Depuis jeudi 1er août, les conditions d'accès à la prime à la conversion évoluent. "On change le système parce qu'on avait un objectif de 500 000 dans le quinquennat et qu'on est déjà passé à un million" de véhicules, a expliqué la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne, mercredi. Des restrictions qui s'explique par le fait que "budgétairement, l'État n'avait plus vraiment le choix", selon Pierre Paturel, directeur d'études chez Xerfi, spécialiste du marché automobile, jeudi sur franceinfo.

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Cette prime a rencontré un tel succès que "si on continuait la trajectoire, on partait sur un coût d’à peu près 900 millions d'euros alors que l’an dernier ça avait coûté 380 millions", explique Pierre Paturel. "Comme par ailleurs le gouvernement est cette année sous pression, budgétairement ce n’était pas soutenable", poursuit le directeur d'études chez Xerfi et spécialiste du marché automobile.

Le nombre de demandes est en hausse par rapport à l'an passé, "mais c’est surtout les montants qui ont énormément augmenté", précise Pierre Paturel. Il y a aussi eu les mesures gilets jaunes qui sont venues s’ajouter avec le doublement des primes pour les gros rouleurs et les ménages des modestes qui ont concerné un quart des dossiers en 2019 alors que ça n’existait pas l’année précédente", indique également l'expert.

Ça répondait complètement à une idée de renouvellement du parc, de moins de pollution, de plus de mobilité. C'est dommage !

Yves Carra
porte-parole de l’Automobile club association

à franceinfo

"Effectivement, le succès a été encore un peu supérieur à ce qu'on pouvait attendre, mais c'est parce que justement ça correspondait parfaitement au besoin des Français", estime Yves Carra, jeudi sur franceinfo. Le porte-parole de l'Automobile club association déplore que "le but visé par le gouvernement, soit de payer moins d'argent, donc de complexifier le système pour que moins de personnes y aient accès ou alors pour les décourager. Le but n'est plus du tout de verdir le parc".

Une décision qui se justifie

Cette aide ne dépendra plus, notamment, du caractère imposable ou non d'un ménage, mais de son revenu fiscal de référence. "Ce n'est pas ceux qui vont avoir accès à la prime à la conversion qui vont pouvoir l'utiliser pour acheter une voiture hybride rechargeable", regrette Yves Carra. "J'espère me tromper, mais je suis à peu près certain que le nombre de personnes qui vont utiliser cette prime va baisser. C'est le but du gouvernement", poursuit-il.

Pierre Paturel spécifie que "les mesures concernant les ménages modestes ont assez peu évolué, voire pas. Les mesures doublant la prime pour les ménages très modestes n’ont pas changé non plus". L'expert précise qu'"il y a un changement à la marge sur la définition des ménages éligibles. Auparavant, c’était les ménages non imposables et maintenant c’est calculé en fonction du revenu fiscal de référence par part".

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