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Hausse des carburants : Système U "plutôt favorable à des aides ciblées aux publics les plus défavorisés"

Alors que les prix du diesel et du sans-plomb atteignent des niveaux historiques, Barbara Pompili, la ministre de la Transition écologique, a demandé aux distributeurs de réduire leurs marges.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Dominique Schelcher, président de Système U, était l'invité de franceinfo le jeudi 14 octobre. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

Dominique Schelcher, président de Système U, s'est dit jeudi 14 octobre sur franceinfo "plutôt favorable à des aides ciblées aux publics les plus défavorisés" alors que le gouvernement planche sur des "mesures de protection" des Français face à la flambée des prix de l’essence. Il demande aux grandes surfaces de baisser leur marge sur le carburant. "Sur 1,54 euro de gazole notre marge, c'est 1 à 2 centimes, donc 1,30%. Le problème est ailleurs", estime Dominique Schelcher.

franceinfo : Le gouvernement vous demande de faire un geste sur vos marges. Quel est leur montant sur un litre de carburant ?

Dominique Schelcher : Sur 1,54 euro de gazole notre marge, c'est 1 à 2 centimes, donc 1,30%. 33%, c'est la valeur d'achat du carburant ,10% en gros, c'est le transport et 56%, ce sont les taxes, y compris la TVA. À 1% ou 2% de marge, le problème n'est pas chez nous en réalité. Le carburant est un produit d'appel. On fait régulièrement des opérations de carburant à prix coûtant qui au passage seront interdites en communication avec la nouvelle loi Climat à partir de l'année prochaine. C'est quand même paradoxal. Oui, on est évidemment prêts à faire des week-ends prix coûtant, mais cela ne changera pas grand-chose. C'est vraiment quelques centimes. Le problème est ailleurs.

Quelle serait la bonne réponse pour les automobilistes ?

Les caisses de l'État sont vides et toute baisse de taxes massive conduirait à aggraver le déficit public. Deuxième point, on voit bien qu'à chaque fois qu'il y a une baisse de taxes massive, finalement, on finit, nous les entreprises, par la repayer par ailleurs. Donc, ce n'est pas forcément ce que l'on souhaite. On est plutôt favorable à des aides ciblées aux publics les plus défavorisés. Ce n'est pas forcément facile à tracer. Mais dans le contexte actuel, on a fait beaucoup d'aides ces derniers temps massives dans tous les sens, il faut peut-être mieux cibler maintenant pour penser au déficit public, les gens qui en ont le plus besoin.

Il y a les carburants, mais aussi les produits alimentaires. Les Français ont l'impression qu'ils ont augmentés. Ont-ils raison ?

À fin septembre, sur un an exactement, selon l'Insee, les prix de l'alimentaire en France, c'est -0,75%. Ceci dit, l'année est exceptionnelle, notamment en termes de production agricole. Il y a eu plein de phénomènes météorologiques en France et dans le monde qui font qu'il y a des produits qui augmentent. Mais il y a un écart de perception. Après que certains fruits et légumes aient augmenté, c'est une réalité. Quand vous en produisez moins, parce qu'il y a eu un gros gel et que les fruits disponibles coûtent un peu plus cher, c'est normal. Mais il y a d'autres prix qui, par ailleurs, ont baissé. Maintenant, on va vers une tendance qui est plus compliquée. Il n'y aura plus de tension et donc, il y a déjà notamment quelques produits à base de matières premières agricoles fortes, comme les pâtes à base essentiellement de blé dur, comme les fruits au sirop, les compotes qui sont à base de fruits qui sont plus rares. Ce sont des produits dont le prix a commencé à bouger.

Le plus dur reste à venir ?

Les augmentations sont plutôt à venir. Jusqu'à présent, cela a été au maximum contrôlé. Le coût de l'énergie augmente fortement. Derrière une usine qui produit, il y a une consommation énergétique terrible. Produire coûte plus cher aujourd'hui. Il y a des usines à un moment qui s'arrêtent parce que cela devient compliqué. Dans les mois qui viennent, il y aura de la tension. Nous, les distributeurs, on va faire la part des choses. On va analyser demande par demande et on jouera aussi notre rôle d'amortisseur pour que l'impact soit le plus raisonnable pour les Français. Système U a relancé cette année une marque premier prix qui a un gros succès. Mais actuellement sur le carrelage quand je retourne dans mon magasin, ce que j'entends le plus, c'est moins "tel produit a augmenté" que "je vais me chauffer peut-être un peu moins cet hiver", "je vais mettre du chauffage que dans la salle de bain et le salon et comment je vais faire pour payer mon carburant". C'est vraiment cela la préoccupation des Français en ce moment.  

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