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Pétrole, gaz, électricité... Pourquoi les prix de l'énergie s'envolent

Depuis début 2019, les tarifs réglementés du gaz ont augmenté de 15,8%. L'électricité et le carburant ne sont pas en reste non plus. Franceinfo vous explique à quoi est dû cet emballement.

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Une gazinière allumée, le 29 mai 2007 à Paris. (ERIC PIERMONT / AFP)

Une mauvaise nouvelle pour les consommateurs. Les prix de l'énergie – gaz, électricité et carburants  ont nettement augmenté ces derniers mois en France comme dans le reste du monde, essentiellement en raison de la reprise économique après la crise liée au Covid-19. Franceinfo détaille la situation actuelle, ce qui explique cet emballement et l'évolution attendue des tarifs.

Le gaz

Quelle est la situation ? Les tarifs réglementés du gaz (remis à jour chaque mois) ont connu récemment une série de fortes hausses. Ils ont ainsi augmenté de 10% en juillet, de 5% en août et de 8,7% en septembre. Depuis début 2019, la Commission de régulation de l'énergie (CRE) a enregistré une hausse de 15,8%Le 15 septembre, les prix ont par ailleurs atteint 79,31 euros le mégawattheure, un plus haut historique sur le marché européen de référence, après s'être envolés de près de 30% depuis le début de la semaine.

Pourquoi cette hausse ? "Cette hausse d'une ampleur inédite est observée dans tous les pays européens et asiatiques. Elle s'explique par la reprise économique mondiale observée depuis plusieurs mois"souligne la CRE dans un communiqué. Lorsque l'activité s'est ralentie en raison de la pandémie de Covid-19, la demande en gaz a dégringolé et une partie des producteurs a donc mis en pause sa production. Or, "fermer ou relancer des centrales à gaz prend du temps", justifie Julien Teddé, PDG du courtier Opéra Energie, interrogé par Numérama. En attendant le redémarrage de la production, la demande est donc supérieure à l'offre, ce qui fait grimper les prix.

La forte augmentation des prix du gaz sur le marché mondial est aussi due à "un contexte exceptionnel", toujours selon la Commission de régulation de l'énergie. Parmi ces facteurs techniques : un marché du gaz naturel liquéfié (GNL) tendu, avec une offre limitée en Europe, des niveaux de stockages européens au plus bas depuis des années et la modération des exportations russes en raison de l'incendie cet été du gazoduc Yamal-Europe, un des deux canaux de distribution du gaz russe vers l'UE. Afin de s'assurer de la mise en service du gazoduc controversé Nord Stream 2, qui doit encore être approuvée par le régulateur allemand, la Russie se garde en plus d'utiliser ses capacités de livraisons supplémentaires via l'Ukraine, contribuant ainsi à la hausse des prix.

Comment vont évoluer les prix ? Selon le Kremlin, la mise en service du gazoduc Nord Stream 2 devrait lui permettre de fournir davantage de gaz. "Quand on regarde les prévisions de marché pour 2022, 2023 et 2024, plus on s'éloigne, plus les prix baissent", assure Julien Teddé, dans Les Echos. Mais cette correction du marché n'est pas pour tout de suite. Dans l'immédiat"nous prévoyons que les prix du gaz en Europe et au Royaume-Uni restent élevés aux niveaux actuels tout au long de l'hiver", avancent les experts du cabinet Wood Mackenzie, cités par l'AFP.

L'électricité

Quelle est la situation ? Les tarifs réglementés de vente de l'électricité sont révisés deux fois par an : ils ont augmenté de 1,6% en février, puis de 0,48% en août. Mais les prix flambent actuellement sur les marchés de gros (où l'électricité est négociée avant d’être livrée aux clients finaux), faisant craindre une très forte hausse des tarifs réglementés en février prochain. De quoi faire sonner l'alerte à l'association UFC-Que choisir. Par ailleurs, à la mi-septembre, les prix "spots" (les prix de l'électricité pour une livraison dès le lendemain) pour la France sur les deux principales bourses européennes atteignaient un record à plus de 196 euros le mégawattheure, selon RTE, le gestionnaire du réseau de transport d'électricité.

Pourquoi cette hausse ? Même si la France produit principalement son électricité avec ses centrales nucléaires, les prix sur le marché de l'électricité suivent aussi ceux du gaz. Pourquoi ? En Europe, le prix du mégawattheure est établi en prenant en compte le coût de production de l'électricité par la dernière centrale thermique appelée en cas de pic d'activité. Les réseaux électriques européens étant couplés les uns aux autres, pour la France, cette dernière centrale se situe en Allemagne... et fonctionne au gaz. Comme le gaz est plus cher, le prix demandé pour produire l'électricité est plus élevé également.

Les centrales au gaz sont par ailleurs davantage mises à contribution ces derniers temps, alors que la production des éoliennes est à la peine en raison du manque de vent cet été. Enfin, le prix du gaz est aussi influencé par la hausse des prix des quotas d'émission du CO2, que doivent obligatoirement acheter les entreprises européennes de l’énergie et de l’industrie qui consomment des énergies fossiles, comme le gaz ou le charbon, pour pouvoir produire. Plus les engagements climatiques de l'Union européenne sont importants, plus il faut réduire les émissions de CO2, plus la tonne de carbone se vend cher... et plus le prix de l'énergie produite grimpe.

Comment vont évoluer les prix ? En France, l'association UFC-Que Choisir estime que les tarifs réglementés du gaz pourraient bondir de 10% au début de l'année 2022, soit "une augmentation moyenne de 150 euros sur la facture annuelle d'électricité d'un ménage l'utilisant pour le chauffage". Afin d'anticiper cette hausse des prix, le gouvernement a annoncé mi-septembre l'instauration d'une aide exceptionnelle de 100 euros pour près de 6 millions de ménages modestes. Celle-ci sera versée courant décembre. Un geste insuffisant pour l'UFC-Que Choisir, qui demande au gouvernement la baisse de certaines taxes alourdissant la facture et le "relèvement du plafond de l'ARENH", un mécanisme qui permet aux fournisseurs alternatifs d'acheter de l'électricité nucléaire à un prix régulé. Ce dernier est plafonné à un volume de 100 térawattheures, mais le gouvernement peut relever ce maximum à 150 TWh.

Le pétrole

Quelle est la situation ? Le gazole valait 1,4417 euro le litre en moyenne mi-septembre, selon les chiffres du ministère de la Transition écologique. Le sans plomb 95 se vendait pour sa part 1,5589 euro. Les deux carburants les plus vendus en France ont ainsi progressé de 13% et 15% respectivement depuis le début de l'année 2021. Mais ils restent loin de leurs records de ces dernières années. Le gazole avait ainsi atteint 1,5331 euro en octobre 2018, juste avant la crise des "gilets jaunes".

Le baril de Brent de la mer du Nord évolue actuellement entre 70 et 75 dollars, soit une évolution importante pour ce brut de référence qui était passé sous la barre des 20 dollars en avril 2020 en pleine crise du Covid-19. "Malgré cette progression, le prix du Brent en 2021 reste faible comparé à la moyenne de plus de 90 dollars le baril observée entre 2007 et 2014", relativise toutefois l'Institut IFP Energies nouvelles.

Pourquoi cette hausse ? Les prix des carburants suivent essentiellement la progression des cours mondiaux du brut, lesquels ont augmenté depuis des mois avec la reprise économique mondiale qui tire la demande. Les pays producteurs, qui ont longtemps restreint leur production afin de soutenir les cours, ont aussi tardé à remettre des barils sur le marché. Par ailleurs, aux Etats-Unis, la production est encore affectée par le passage de l'ouragan Ida dans le golfe du Mexique.

Comment vont évoluer les prix ? "Ces prix devraient rester ainsi dans les deux ou trois mois à venir. Ils ne devraient plus tellement augmenter. (...) Vers l'automne, on assistera peut-être à une petite baisse avec le dollar qui pourrait baisser", anticipait mi-juin l'économiste Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières, dans Le Figaro. A plus long terme, les prix de l'or noir pourraient se réduire en cas de levée des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis à l'Iran, dont l'embargo sur le pétrole est en vigueur depuis 2018.

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