: Infographies Tarifs des autoroutes : +5,78% sur l'A41, +5,56% sur le viaduc de Millau… Découvrez sur quels réseaux les hausses sont les plus fortes
Encore une hausse à prévoir pour les prochaines vacances. Comme chaque année, les tarifs des péages d'autoroutes ont été réévalués le 1er février. L'augmentation est en moyenne un peu inférieure à 3% sur les principaux axes historiques. Mais la facture s'avère plus salée sur les autoroutes les plus récentes qui ont été ouvertes dans les années 2000. Sur ces axes, l'augmentation moyenne est plutôt de 4,6%. En dix ans, les tarifs de ces nouvelles autoroutes ont même bondi de plus de 36%, soit près de deux fois plus que sur le réseau principal. Explications.
Clément Beaune s'y était engagé en novembre lorsqu'il était encore ministre délégué aux Transports. Après les fortes hausses provoquées par l'inflation en 2023, l'ex-ministre avait promis une hausse "inférieure à 3%" pour 2024. Les tarifs publiés cette semaine au Journal officiel montrent que cette promesse a globalement été tenue pour les grandes concessions autoroutières historiques, qui rassemblent 90% du réseau concédé.
La hausse est ainsi contenue à 2,7% sur les routes gérées par ASF, Escota et Cofiroute, trois sociétés du groupe Vinci. Dans le nord-est, Sanef affiche une hausse de 2,8%. Pour la SAPN, c'est 3,1%. Et les réseaux APRR et Area, qui appartiennent à Eiffage, augmentent quant à eux chacun de 3%.
Hausses des tarifs en 2024 sur le réseau historique
Source : Sociétés d'autoroutes
Crédits : Franceinfo / Héloïse Krob
Mais toutes les autoroutes ne sont pas logées à la même enseigne en matière de tarifs. Ainsi, les hausses sont plus importantes sur les concessions les plus récentes, ouvertes dans les années 2000. Les prix augmentent de 4,31% sur l'A65, entre la Gironde et les Pyrénées-Atlantiques. Aux portes de Paris, le tunnel duplex de l'A86, déjà réputé pour être la portion d'autoroute la plus chère de France, voit encore ses tarifs bondir de 4,8%. Enfin, la barre des 5% est dépassée sur quatre réseaux : Arcour (+5,3%), Albea (+5,4%), le viaduc de Millau (+5,6% pendant l'été) et Adelac (+5,8%).
Hausses des tarifs en 2024 sur le réseau récent
Source : Sociétés d'autoroutes
Crédits : Franceinfo / Héloïse Krob
Comment expliquer ces différences ? Par les contrats, rappelle Pierre Chasseray, le délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. Les hausses appliquées par les concessionnaires sont encadrées. "Pour les sociétés historiques, c'est 70% de l'inflation plus les montants des travaux qui ont pu être engagés", précise-t-il à franceinfo. "Mais les clauses ne sont pas les mêmes dans les contrats les plus récents. Là, ça peut aller jusqu'à 85% de l'inflation. Certaines sociétés d'autoroutes peuvent aussi prendre en compte la rentabilité liée à la fréquentation", ajoute le responsable associatif.
Le résultat de ces différences de traitement apparaît sur le graphique ci-dessous, qui compare les hausses de tarifs appliquées au 1er février. Toutes les augmentations les plus fortes concernent les concessions récentes.
"Du point de vue des contrats, rien ne permet de crier au scandale dès lors que les clauses sont respectées sans exagération", tempère Pierre Chasseray, tout en regrettant que l'on "creuse chaque année le delta entre les routes gratuites et payantes". L'analyse comparée des évolutions de tarifs montre un écart qui se creuse aussi entre les sociétés récentes et le réseau historique. Ainsi, en dix ans, les tarifs ont augmenté de plus de 36% en moyenne sur les nouvelles autoroutes contre 17% sur les plus anciennes.
Les trajectoires des courbes montrent une accélération des hausses de tarifs à partir de 2022. Un mouvement qui pourrait bien se poursuivre l'année prochaine. Les sociétés d'autoroutes ont en effet menacé de répercuter la nouvelle taxation sur les surprofits des concessions autoroutières et des grands aéroports, adoptée en fin d'année dernière dans le projet de loi de finances pour 2024, comme l'a rapporté le magazine Capital. En novembre, le journal Le Parisien avait estimé que la mesure pourrait occasionner un supplément de hausse de 5% en moyenne, en se basant sur des calculs réalisés par les concessionnaires.
Face à cette situation, Pierre Chasseray renvoie pour sa part le gouvernement à ses responsabilités. "40% du prix du ticket de péage, ce sont des taxes", s'indigne le représentant de l'association 40 millions d'automobilistes. "Si on veut que les concessionnaires se bougent, il faut aussi que l'Etat montre l'exemple", conclut-il.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.