Bitcoin : comment expliquer l'envolée récente du prix de la cryptomonnaie, qui a atteint un nouveau record à plus de 70 000 dollars ?

La valeur de cet actif numérique avait dégringolé en 2022 après plusieurs scandales financiers. Elle a depuis remonté la pente, notamment grâce à de nouveaux moyens de parier sur son cours.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le cours du bitcoin a atteint un nouveau record sur les marchés le 5 mars 2024, à plus de 69 000 dollars (image d'illustration). (CFOTO / NURPHOTO / AFP)

Le doyen des cryptomonnaies est revenu d'entre les morts. Le prix d'échange du bitcoin a atteint, vendredi 8 mars, un nouveau record sur les marchés financiers, en dépassant brièvement les 70 000 dollars (plus de 63 900 euros), selon le média Coindesk. La valeur exacte varie cependant selon la plateforme d'échange utilisée, mais c'est un niveau historique, la précédente marque datant de novembre 2021.

Il s'agit là d'une étape symbolique après une année positive. Le prix du crypto-actif a compensé la dégringolade enregistrée fin 2021 et 2022, dans un contexte économique difficile, marqué par les multiples faillites et scandales financiers qui ont ébranlé le secteur. Comment expliquer ce retour en grâce auprès des acheteurs ? Franceinfo liste plusieurs élements de réponse.

De nouveaux fonds pour parier sur le cours du bitcoin

Le lancement de nouveaux produits financiers, qui permettent de parier sur le cours de la cryptomonnaie sans en détenir directement, constitue l'une des raisons principales de cette envolée du bitcoin. En janvier, le régulateur des marchés financiers américains, la SEC, a autorisé la création d'un nouveau fonds de placement baptisé "ETF" (pur "Exchange Traded Fund") et pensé comme un tracker pour suivre l'évolution du prix d'un actif numérique. Si le prix du bitcoin monte, la valeur d'une part d'ETF doit monter aussi, et inversement en cas de baisse.

Et pour suivre le prix de cet actif numérique, les fonds doivent en acheter ou en vendre, ce qui participe donc à la demande de bitcoins. Depuis leur lancement, les ETF bitcoin comme celui du plus gros gestionnaire d'actifs au monde, BlackRock, ont accumulé "des avoirs qui représentent plus de 3% de tous les bitcoins existants", relève Simon Peters, analyste chez eToro, auprès de l'AFP.

Un investisseur peut donc parier sur le cours du bitcoin sans en détenir directement, et ainsi s'épargner toute la complexité (réelle ou ressentie) de la gestion d'un portefeuille numérique, du trading sur les plateformes dédiées, des frais de transaction... Le bitcoin devient ainsi un produit financier classique, ce qui le rend plus attractif pour des investisseurs qui voudraient prendre moins de risques, notamment les "investisseurs institutionnels" (fonds de pension ou compagnies d'assurance, par exemple). Pour les soutiens de la cryptomonnaie, cette approbation est un signe que le bitcoin sera plus largement utilisé dans le futur, ce qui dope encore davantage l'enthousiasme sur les marchés.

Le "halving", un événement technique qui va raréfier la création de bitcoins

Les spéculateurs parient aussi sur une hausse du cours du bitcoin parce qu'il en sera émis de moins en moins. En avril doit avoir lieu un "halving" ("réduction de moitié" en anglais), un changement technique dû à la programmation de la technologie sur laquelle repose le bitcoin : la fameuse "blockchain".

L'infrastructure du bitcoin repose sur les "mineurs", des acteurs qui servent à maintenir le registre des transactions entre des propriétaires de ce crypto-actif. Pour assurer la validité des échanges et ajouter un "bloc" à la chaîne des transactions, leurs ordinateurs doivent résoudre des calculs très complexes – et le mineur qui y parvient reçoit des bitcoins en récompense.

Cette récompense est divisée par deux tous les 210 000 blocs, ce qui arrive environ tous les quatre ans. Chaque "halving" a jusqu'ici été suivi d'une hausse des cours (en partie auto-alimentée par des spéculateurs redoutant de rater une opportunité). Le total de bitcoins disponibles ne diminue donc pas, mais l'événement rappelle que la source se "tarit" petit à petit.

Un retour global de la confiance sur les marchés

Cette hausse de la valorisation de la fameuse cryptomonnaie est également due à un contexte global positif. Les principaux indices boursiers mondiaux ont eux aussi enregistré des gains ces derniers mois et, historiquement, l'évolution du prix du bitcoin va souvent de pair avec ces indices.

Les scandales et fraudes massives, qui avaient terrassé des acteurs majeurs des cryptomonnaies (comme la plateforme FTX) et attiré une forte attention médiatique en 2022, sont désormais des souvenirs plus lointains. Aux yeux de certains, le secteur, débarrassé de ces mauvais exemples, est aujourd'hui plus sain, même si les fraudes, problèmes techniques et piratages sont toujours légion, comme en témoigne le site de recension Web3 is Going Just Great.

Mais, comme pour tout actif financier, rien ne garantit que cette hausse des prix va se poursuivre. En 2017, un précédent cycle d'enthousiasme frénétique avait déjà été suivi d'un écroulement du cours. "Acheter dans le sillage d'une flambée des prix est rarement une bonne idée", estime auprès de l'AFP un analyste de la plateforme d'investissement AJ Bell, qui rappelle que "les épisodes précédents ont montré que ceux qui entrent au moment où la frénésie atteint son paroxysme subissent des pertes extrêmes".

Après avoir dépassé son précédent record mardi 5 mars, le prix du bitcoin a d'ailleurs plongé de plusieurs milliers de dollars mardi (repassant un temps sous le seuil symbolique des 60 000 dollars), avant de remonter, toujours selon Coindesk. Une simple correction qui peut être liée à plusieurs facteurs (prise de bénéfice, manque de liquidités, problème technique...) mais qui rappelle une nouvelle fois la très forte volatilité de la plus célèbre des cryptomonnaies.

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