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Record du CAC 40 : "Ce n'est pas sain, ça va trop loin par rapport à la réalité économique", alerte l'économiste Marc Touati

Marc Touati craint des "krachs financiers" à venir alors que les banques centrales continuent d'injecter des liquidités sur les marchés par "peur d'enlever la perfusion de morphine".

Article rédigé par franceinfo
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L'économiste Marc Touati, 26 novembre 2019. (DELPHINE GOLDSZTEJN / MAXPPP)

Alors que le principal indice boursier français, le CAC 40, a battu ses records historiques datant de l'an 2000 et de la bulle Internet, à 6 955 points durant la séance de mercredi, l'économiste Marc Touati alerte jeudi 4 novembre sur franceinfo sur cette nouvelle bulle financière, alimentée notamment par les banques centrales, qui continuent d'injecter des liquidités sur les marchés pour soutenir la reprise de l'économie mondiale.

"Ce qui est dangereux aujourd'hui, c'est que ce n'est pas sain. Ça va trop loin par rapport à la réalité économique" et cela pourrait "créer des krachs financiers", prévient l'économiste. Les marchés sont selon lui "shootés", et les banques centrales "ont peur d'enlever la perfusion de morphine". Cela joue sur l'inflation et, à terme, pèse sur la croissance.

franceinfo : Faut-il se réjouir quand le CAC 40 atteint des sommets pareils ?

Marc Touati : Oui car cela veut dire que les 40 premières entreprises françaises vont mieux. Mais il y a un écueil, une mauvaise nouvelle. Cette flambée est alimentée par une bulle financière, liée au fait que les banques centrales injectent des liquidités tous les jours sur les marchés, notamment la Banque centrale européenne. Pendant la crise sanitaire, on pouvait le comprendre. Il y avait une récession, et il fallait relancer la machine. Le problème, c'est que maintenant, on a peur d'enlever la perfusion, on continue d'injecter ces liquidités.

"Cet argent "gratuit" [prêté à taux d'intérêt très bas voire nul], j'appelle ça de l'opium. Les marchés sont un peu shootés."

Marc Touati, économiste

à franceinfo

Et donc, on bat des records. Cela bénéficie à beaucoup de Français, qui ont épargné en Bourse. Quelqu'un qui aurait acheté des actions du CAC 40 en mars 2020 a vu ces actions augmenter de 86 % ! Il y a maintenant un retour de bâton, on va avoir une baisse dans les prochains mois, je pense en 2022, et donc ceux qui ont investi en bourse vont voir une petite baisse de leurs actions, mais ce n'est pas grave. À long terme, ça remontera. Ce qui est important, c'est de reconnecter la réalité boursière, financière à l'économie réelle.

Quand les Banques centrales arrêteront de soutenir les marchés, que va-t-il se passer ?

Mercredi aux États-Unis, la Réserve fédérale a déclaré qu'elle allait limiter, petit à petit, cette injection de liquidités à partir du mois de novembre, et jusqu'à la mi-2022. Le problème, c'est que la Banque centrale européenne continue pour l'instant. Et le danger, c'est que cette planche à billets a aussi généré une augmentation des prix. L'inflation est importante, et ça, c'est dangereux. Si l'inflation est importante, cela veut dire que demain, la croissance va ralentir. Et si la croissance ralentit, les marchés boursiers vont l'anticiper et baisser légèrement. Pas de panique, mais le problème, c'est que plus la bulle met du temps à se dégonfler, plus son dégonflement va être douloureux. Ce n'est pas bon pour les entreprises, pour les épargnants.

Alors, que faire pour éviter un krach ?

Il faut que ça s'arrête. Que l'on enlève toute cette morphine. Parce qu'elle calme la douleur, mais elle ne soigne pas le malade. La maladie est toujours là, on a toujours des risques un peu partout. Je pense qu'on va retrouver en 2022 des marchés boursiers un peu moins bien portants, mais mieux connectés à la réalité économique. Et puis, après, cela redémarrera sur des bases plus saines. Aujourd'hui, ce qui est dangereux, c'est que ce n'est pas sain. Ça va trop loin par rapport à la réalité économique, et c'est dangereux parce que ça peut justement créer des krachs.

"Toute cette planche à billets, ces dépenses, le danger, c'est qu'il faut les payer. Et donc dans quelques mois, on va commencer à augmenter les impôts un peu partout, ce qui va évidemment casser la croissance."

Marc Touati

à franceinfo

Un des moyens d'en faire, c'est de développer des nouvelles technologies dans l'énergie, dans l'agroalimentaire. Générer une croissance plus saine, plus propre.

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