Corriger le tir, sans se renier : face au déficit public, Emmanuel Macron doit désormais arbitrer
Quelles économies face à un budget qui dérape ? Emmanuel Macron a enchaîné les réunions mercredi 20 mars jusque tard à l'Elysée sur le dérapage du déficit public qui menace la crédibilité de la France sur les marchés et nourrit un procès en "incompétence" budgétaire instruit par les oppositions.
Si l'Insee ne rend son verdict que le 26 mars, les chiffres ne sont pas bons et le gouvernement le sait : le déficit public 2023 sera "significativement" supérieur aux 4,9% du PIB prévus, a averti le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire. L'objectif d'un déficit ramené à 4,4% cette année apparaît hors de portée. Des chiffres qui inquiètent d'autant plus que l'exécutif a déjà coupé pour 10 milliards d’euros de dépenses pour cette année.
"Faire en 4 ans ce qu’on devait faire en 5"
Alors, Emmanuel Macron espère corriger le tir, sans se renier : face aux ministres et aux cadres de la majorité, le chef de l'Etat a écouté, sans se révéler. "L'idée de la réunion, comme depuis quelques semaines, c’est tenir compte du nouveau contexte", défend ainsi Thomas Cazenave, ministre délégué chargé des Comptes publics sur franceinfo, jeudi 21 mars, évoquant la guerre en Ukraine, mais aussi les ralentissements économiques européen et chinois : "Ce choc externe est une nouvelle donne pour nos finances publiques".
Mais le message est clair, pas question de changer de paradigme, même s'il faudra prendre des décisions difficiles. Il refuse ainsi toujours des hausses d’impôts, pourtant timidement évoquées par certains autour de la table. Mais ne cache pas sa volonté de créer de la richesse à travers l’emploi, allusion à la future nouvelle réforme due l’assurance chômage.
Mais pour le reste, il faudra des économies : "Faire en 4 ans ce qu’on devait faire en 5", prévient ainsi Bruno Le Maire. Mais "peu de pistes sont évoquées", raconte un participant, quand François Bayrou faisait part de son opposition à des économies sur les collectivités locales. Reste que des coupes, il faudra en trouver, et c’est Emmanuel Macron qui arbitrera.
En attendant, le chef de l’Etat a joué les directeurs de campagne, appelant ses troupes à moins de commentaires et à plus de mobilisation en vue des européennes. Car, il le sait : du score de la majorité le 9 juin prochain dépendra - aussi - la capacité politique de l’exécutif à faire accepter ses décisions budgétaires.
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