Finances publiques : "Nous sommes au pied du mur, nous ne pouvons plus différer l'effort", estime le président de la Cour des comptes
"Nous sommes au pied du mur, nous ne pouvons plus différer l'effort, nous l'avons trop fait", regrette, mardi 12 mars, sur France Culture Pierre Moscovici, président de la Cour des comptes, qui publie son rapport annuel sur la gestion des finances publiques. Pierre Moscovici juge la situation "préoccupante et sérieuse". "Nous avons le plus haut taux de dépenses publiques de la zone euro, le plus haut taux de prélèvement obligatoire de la zone euro, un des plus hauts taux de dette publique, et un déficit parmi les plus élevés", déplore-t-il.
Le président de la Cour des comptes porte un regard assez critique sur la situation d'ensemble des finances publiques françaises, "parmi les plus dégradées de la zone euro", selon lui. Pierre Moscovici évoque "des déficits élevés", "une dette publique qui a augmenté de 800 milliards d'euros depuis 2018" et une situation générale "sous tension". Il estime que la France fait partie du "podium, pas des plus enviables, des trois pays les plus endettés de la zone euro, derrière la Grèce et l'Italie".
"Le cinquantième déficit budgétaire de suite"
Les magistrats financiers en attribuent la responsabilité aux différents gouvernements successifs. "En 2024, nous allons fêter le cinquantième déficit budgétaire de suite, ce qui veut dire que jamais un gouvernement, de droite, de gauche, du centre, n'a eu la culture de réduction du déficit", soutient Pierre Moscovici. "Il faut vraiment faire un effort de réduction, de maîtrise de la quantité de la dépense publique et d'amélioration considérable de sa qualité", plaide-t-il. Car pour le président de la Cour des comptes si le niveau de dépenses publiques est "très haut", "le service public n'est pas forcément dans sa meilleure forme".
Pour redresser les finances publiques, le gouvernement avait annoncé d'ores et déjà un plan de réduction de dépenses publiques, avec 10 milliards d'euros annoncés en 2024. Le président de la Cour des comptes précise que "ce ne sont pas des milliards d'euros d'économies, mais des annulations de crédits", soit "de l'argent qu'on ne dépense pas". Mais pour Pierre Moscovici, un serrage de vis supplémentaire est surtout nécessaire, à hauteur de "50 milliards d'euros pendant trois ans".
Il craint, en effet, que les 10 milliards d'euros annoncés par le ministre de l'Économie ne "suffiront pas pour tenir l'objectif de 4,4% de déficit en 2024". Le président de la Cour des comptes explique que le déficit risque d'être plus important et que "la croissance pourrait être moins bonne" que prévue. "Jusqu'en 2027, il faut vraiment gérer sérieusement nos dépenses publiques", soutient-il. Il refuse cela dit de parler "d'austérité", considérant que l'on "peut et doit le faire intelligemment sans couper la croissance et sans abîmer la cohésion sociale".
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