"Des choix courageux maintenant, pour s’éviter des choix douloureux plus tard" : comment le gouvernement justifie le budget 2025

Moins de fonctionnaires, plus d'impôts pour les grandes entreprises et les plus riches : le gouvernement a présenté son projet de budget pour 2025, avec l'idée d'"être responsable plutôt que populaire" pour assainir les finances publiques.
Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
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Michel Barnier, le 5 septembre 2024. (STEPHANE DE SAKUTIN / POOL / AFP)

"Ni une cure d’austérité, ni un matraquage fiscal" : voilà comment le gouvernement présente son projet de budget pour 2025. Avec moins de fonctionnaires, plus d'impôts pour les grandes entreprises et les plus riches, l'exécutif a drastiquement freiné les dépenses tout en renouant avec les hausses d'impôts dans son projet de budget pour 2025 qui vise à assainir les finances publiques, dans un climat politique très instable.

L'exécutif a ainsi détaillé comment il comptait trouver "60 milliards d'euros" dans les projets de loi de finances et de financement de la sécurité sociale qui seront âprement débattus à l'Assemblée nationale où il est minoritaire. Comme annoncé depuis plusieurs semaines désormais, il est prévu quelque 40 milliards de baisses de la dépense publique et 20 milliards de hausses d’impôts ciblés sur les grandes entreprises et les ménages les plus fortunés.

"Être responsable plutôt que populaire"

En coulisses, le gouvernement l'assure : il assume ses choix courageux. D'ailleurs, l'exécutif en a conscience : l'addition est très salée, avec, entre autres, les 4 000 postes en moins dans l’Education nationale, le gel de l’indexation des retraites sur l’inflation, des consultations médicales moins remboursées pour que les mutuelles et les complémentaires fassent un effort. Mais le ministre des comptes publics Laurent Saint-Martin jure qu’il ne le fait pas par plaisir : "Il n'y a pas de coupable à aller chercher. Il y a une responsabilité collective à avoir pour un redressement des Finances publiques. Mais on ne peut plus attendre : on doit faire des choix courageux maintenant pour s’éviter des choix douloureux plus tard", a-t-il plaidé.

Ni une cure d’austérité, ni un matraquage fiscal, une formule choisie d'un gouvernement qui défend des efforts ciblés et temporaires. "Juste un mauvais moment à passer" à entendre Michel Barnier, cité par Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement, jeudi, à la sortie du Conseil des ministres.

"Il a réaffirmé sa volonté de dire la vérité et a rappelé sa volonté d'être responsable plutôt que populaire"

Maud Bregeon,

lors du Conseil des ministres

Comme une manière peut-être de préparer les esprits au 49-3 quasi inéluctable. Et une ministre d'en convenir : "En politique, on apprend à ne jamais dire jamais."

Le silence d'Emmanuel Macron

Reste que si le Premier Ministre assume l’impopularité, pour autant, il n’a pas spécialement envie de se faire renverser tout de suite. Et c'est pour cela que la copie est présentée comme perfectible : 60 milliards à trouver, deux tiers de baisses des dépenses, un tiers de hausse d’impôts… La potion amère doit être avalée, mais les ingrédients peuvent changer. "Chaque proposition qui permet de substituer un euro de fiscalité à un euro de dépense publique sera instruite avec le plus grand soin et retenue à chaque fois que c'est possible", précise ainsi le ministre de l’Economie, Antoine Armand.

"Toute autre attitude serait incomprise", embraye un membre du gouvernement, qui assure ne pas vouloir "brutaliser l’Assemblée", avec un début de l’examen de ce budget 2025 en commission, mercredi 16 octobre, avant un passage - attendu - dans l’hémicycle, à la fin du mois.

Pendant ce temps-là, fidèle à sa "quiet period" défendue par l'Elysée, Emmanuel Macron, qui présidait le Conseil des ministres, s'est montré discret. Le Président n’a pas sourcillé : "Il a laissé les ministres s’exprimer", raconte un participant, qui l’a trouvé presque en retrait. "On a changé d’époque", rappelle l’Elysée. Quand un proche d'Emmanuel Macron précise : "Il n'est pas dans le jugement, il a dit qu’il y avait une rupture".

À ceci près que certains, y compris dans son camp, lui reprochent le dérapage des finances du pays. Emmanuel Macron se réveille peut-être ce matin avec la sensation que ce premier budget de la coexistence exigeante bouscule ses convictions, ses marqueurs et même ses totems politiques.

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