Frais bancaires : 60 Millions de consommateurs accuse les banques de ne pas avoir respecté leurs promesses
L'association de consommateurs épingle les banques, près d'un an après les promesses faites à l'Élysée de plafonner les agios pour les personnes en difficulté financière.
78 % des personnes surendettées ne bénéficient d'aucun plafonnement des frais, selon une étude de 60 Millions de consommateurs, publiée jeudi 24 octobre. Or, en décembre dernier, au plus fort de la crise des "gilets jaunes", les grandes banques avaient été convoquées à l'Élysée. Elles s'étaient engagées à plafonner les frais d'incidents bancaires, autrement dit les agios, pour les personnes en difficulté financière.
Un échantillon limité d'une centaine de clients étudiés
Près d'un an après, 60 millions de consommateurs assure que les banques sont loin d'avoir respecté leurs promesses de plafonner les agios à 25 euros par mois pour faciliter les fins de mois des ménages les plus modestes. L'étude de 60 millions de consommateurs est fondée sur l'expérience de 104 clients de huit grands réseaux bancaires. Un échantillon certes limité mais composé de personnes en fragilité financière, interdites de chéquier, ayant un dossier de surendettement ou avec de petits revenus. Les banques testées ont plutôt tendance à proposer un relèvement du découvert autorisé ou un remboursement des frais.
"On a l'impression que les conseillers bancaires n'étaient pas au courant de l'existence de cette faculté de plafonner à 25 euros ou n'avaient pas la main là-dessus", estime Lionel Maugain, journaliste à 60 Millions de consommateurs et co-auteur de l’étude, alors que "plus de huit millions de Français sont obligés de dépasser leur découvert, donc cela concerne beaucoup de gens".
La "fragilité" du client laissée à l'appréciation des banques
Face à ce constat sévère, la Fédération bancaire française assure au contraire tenir ses engagements, avec, en moyenne, 17 euros d'agios pour les clients "financièrement fragiles". Sauf que c'est cette notion de "financièrement fragile" qui pose problème. Légalement, elle inclut les surendettés et les interdits bancaires dont les frais devraient donc être automatiquement plafonnés. Mais au-delà de ces situations, la notion de fragilité financière peut aussi être appréciée au cas par cas par le banquier. C'est un trop grand pouvoir laissé aux banques, déplore l'association de consommateurs. "Il faut que ce soit véritablement mesuré et vérifié par la Banque de France et que le résultat soit rendu public", juge Lionel Maugain.
Il y a deux ans, nous avions calculé que ces frais de rejets de chèques, de prélèvements, rapportaient 6,5 milliards chaque année à l'industrie bancaire. On comprend mieux pourquoi elle tarde à appliquer ce type de mesure, d'autant plus qu'elles ne sont pas obligées de le faire.
Lionel Maugainà franceinfo
Selon 60 millions de consommateurs, le ministère de l'Économie doit reconnaître que c'est un constat d'échec. "Bercy relaye le discours de la Fédération bancaire qui affirme que ce plafonnement a été mis en place. Sauf que là on apporte la preuve que ce n'est pas le cas", conclut Lionel Maugain.
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