La Cour des comptes alerte sur la hausse des dépenses des CRS et des gendarmes mobiles

Les frais des forces mobiles sont passées de 68 millions d'euros à plus de 90 millions d'euros entre 2017 et 2022.
Article rédigé par Aurélien Thirard
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Les CRS dépensent de plus en plus dans leurs missions pointe un rapport de la Cour des comptes. (photo d'illustration) (ALEXIS SCIARD / MAXPPP)

Un budget carburant trop élevé et des frais d'hébergement qui explosent, la Cour des comptes épingle les dépenses des CRS et des gendarmes mobiles dans un rapport publié mercredi 3 avril. Les missions de maintien et de rétablissement assurés par des policiers ou des gendarmes n'ont cessé de se multiplier et de se diversifier ces dernières années. Et la Cour des comptes a fait le calcul : les frais d'hébergement des CRS ont quasiment été multipliés par deux en cinq ans.

Ces dépenses sont passées de 68 millions d'euros à plus de 90 millions d'euros entre 2017 et 2022. Pendant cette période, ce sont particulièrement les frais hôteliers qui ont presque doublé. Car, contrairement aux gendarmes mobiles qui sont des militaires, les CRS ne logent pas dans des casernes lorsqu'ils sont en déplacement, mais dans des hôtels la plupart du temps. Il existe bien des cantonnements pour les accueillir, mais leur nombre est largement insuffisant.

La Cour des comptes explique cette explosion des coûts hôteliers de deux façons. D'une part, les missions des CRS se sont multipliées, avec la crise des gilets jaunes, la menace terroriste, les émeutes en juin dernier, la sécurisation des événements sportifs, comme la Coupe du monde de rugby et, bien sûr, les Jeux olympiques de Paris l'été prochain. Et d'autre part, depuis la crise du Covid, les CRS logent à l'hôtel dans des chambres individuelles. Il n'est pas question de revenir sur cet acquis, selon la Cour des comptes. Mais l'institution demande un recours accru aux cantonnements de passage situés à proximité des lieux de missions.

"Les cantonnements sont tous pleins."

Régis Debord, délégué national CRS Unsa-Police

à franceinfo

Un vœu pieux pour Régis Debord, délégué national CRS Unsa-Police : "Travailler pendant 30 jours d'affilée à deux dans une petite chambre, ça reste compliqué. Certes, c'est du confort, mais c'est aussi de la récupération. On a aussi des augmentations du coût de la vie, donc forcément, les hôteliers prennent de plus en plus cher. Les cantonnements de CRS, ils existent mais ils sont souvent vieillissants, donc parfois, ils ne sont même plus aux normes d'une chambre lambda," souligne le policier.

Les frais de transport des forces mobiles également en forte hausse

Entre la période 2012-2014 et celle 2020-2022, les CRS ont utilisé 50% de carburant en plus, 40% de plus pour les gendarmes mobiles. La localisation de leurs bases permet de comprendre pourquoi les forces de maintien de l'ordre consomment de plus en plus de carburant. Ces bases sont essentiellement situées en milieu rural ou à côté d'anciens bassins miniers et industriels. Il s'agit d'un héritage de l'après Seconde Guerre mondiale qui n'est plus adapté aux missions actuelles des CRS et des gendarmes mobiles, qui ont lieu essentiellement dans les grandes villes. Résultat : pour rejoindre les lieux de leur missions, ils parcourent des milliers de kilomètres tous les ans.

Cette situation n'est pas satisfaisante aux yeux de la Cour des comptes, qui rappelle que ce temps de transport est compté dans le temps de travail des fonctionnaires. L'institution demande donc une réflexion globale pour rapprocher les forces mobiles de leurs lieux d'intervention.

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