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Le députés de la gauche ont de profonds désaccords sur la stratégie européenne

Les députés ont adopté, mardi 20 février, le Mécanisme de stabilité européen grâce aux élus de la majorité mais la gauche est divisée sur le sujet, les socialistes justifiant leur abstention par une formule: "oui à la solidarité et non à l'austérité"
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié Mis à jour
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Vue de l'hémicycle de l'Assemblée nationale (Paris), en 2006. (AFP - Jacques Demarthon J)

Les députés ont adopté, mardi 20 février, le Mécanisme de stabilité européen grâce aux élus de la majorité mais la gauche est divisée sur le sujet, les socialistes justifiant leur abstention par une formule: "oui à la solidarité et non à l'austérité"

Par 256 voix pour, 44 contre, et 113 abstentions, le Mécanisme européen de stabilité (MES) doté de 500 milliards d'euros a été adopté, mardi soir, par les députés Français.

Si la majorité a approuvé la validation de ce dispositif, qui doit remplacer l'actuel Fonds européen de stabilité en 2013, les socialistes, les verts et les élus du Front de gauche se sont eux déchirés sur la question.

En dépit des nombreux appels à voter contre, du candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, la plupart des députés PS se sont abstenus. Une stratégie que Pierre Moscovivi, directeur de campagne du candidat socialiste, François Hollande, a justifié, mercredi matin, dans les colonnes de Libération.

Le MES "indispensable" mais comportant "de sérieuses insuffisances"

"Par ce vote, nous disons oui à la solidarité et non à l'austérité", commence Pierre Moscovici, dans son entretien au quotidien. "Tout d'abord, le MES est indispensable pour stabiliser la zone euro et garantir une aide financière à tout état membre en difficulté. Il représente un progrès par rapport au Fonds de solidarité financière, qui avait été bricolé dans l'urgence et l'improvisation".

Mais il comporte "de sérieuses insuffisances", poursuit l'élu du Doubs. Il n'a pas le statut d'une banque, ce qui "limite considérablement sa capacité d'action", "n'a pas encore la taille, la souplesse et la vitesse d'action nécessaires" et en outre, il est lié au "traité d'union budgétaire, ou plutôt d'austérité, dont François Hollande a dit qu'il voulait la renégociation" continue-t-il.

En votant pour, "nous entrerions dans un engrenage qui pourrait laisser croire que nous consentons, d'une façon ou d'une autre, au traité d'union budgétaire, qui n'est pas un bon traité", fait encore valoir M. Moscovici.

Colère de la gauche du PS

Peu avant le vote, le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a lancé, en vain, un dernier appel, lors d'une conférence de presse au Palais Bourbon.

"Comment un parlementaire de gauche peut s'abstenir" sur le MES qui donne "le médicament qui va tuer la Grèce" et impose à tous "le modèle 'austéritaire' ?", a demandé l'ex-sénateur PS. "J'adjure mes camarades de s'y opposer", a-t-il dit, citant entre autres les députés PS Laurent Fabius, Henri Emmanuelli, Arnaud Montebourg, partisans du "non" au traité constitutionnel de 2005.

"On ne peut pas dire renégocier le traité européen et laisser passer un texte qui permet une mise en œuvre de ce traité!", a renchéri de son coté le secrétaire national du Parti communiste. "Ce vote non est aussi un acte de solidarité avec le peuple grec", a lancé Pierre Laurent, car "pas un seul euro débloqué" dans le plan de sauvetage pour ce pays "n'ira aux Grecs" mais "aux banquiers", a-t-il assuré.

"C'est un vote de division de la gauche"

Dans la soirée, et prenant acte du vote en faveur du MES, le Front de gauche est allé plus loin dans ses critiques vis-à-vis du PS.

"Ce choix déplorable ouvre la voie à une ratification parlementaire, alors que les socialistes, majoritaires au Sénat, pourraient contraindre le pouvoir à un référendum", a commenté dans un communiqué le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon.

"C'est un vote d'abdication face à l'offensive austéritaire de Sarkozy et Merkel. C'est un vote de division de la gauche", a poursuivi François Delapierre qui salue au passage "les 23 députés socialistes qui ont rompu la discipline de groupe pour voter 'non'".

"Le référendum de 2005 a montré que notre peuple donnait souvent raison à ceux qui ont le courage de rompre les rangs pour s'opposer à l'Europe libérale", a conclu M. Delapierre.

Il a aussi montré qu'une division ancienne, au sein de la gauche, pouvait laisser des traces profondes.

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